Culture

Dimension et lumière au Centre Expression

Jocelyn Philibert devant un segment de son œuvre Adam et Ève. Photo : Paul-Henri Frenière

« C’est probablement la plus grande photographie à n’être jamais affichée à Saint-Hyacinthe » a lancé le directeur du centre Expression, Marcel Blouin, lors de la présentation aux médias de la toute nouvelle exposition intitulée Dimension lumière.

L’oeuvre qui est au cœur de la présentation mesure 3,5 mètres de hauteur par 4,6 mètres de largeur. C’est l’artiste Jocelyn Philibert qui l’a réalisée spécialement pour cette exposition. Elle représente une scène inspirée du récit biblique d’Adam et d’Ève, relatant la vie de ces deux premiers êtres humains ayant vécu dans le jardin d’Éden, puis chassés de ce lieu par Dieu pour avoir mangé le fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Pas moins de 14 photographies, de différentes dimensions, sont exposées et la présentation se termine par une sculpture, datée de 1997, qui témoigne des débuts de la carrière artistique de Jocelyn Philibert. Les œuvres imprimées ont été réalisées au cours des 15 dernières années.

On y retrouve deux corpus principaux : un premier incluant des images d’arbres photographiés la nuit et un second comprenant des paysages captés le jour, incluant bien sûr son œuvre majeure intitulée Adam et Ève. Que ce soit de jour ou de nuit, on y retrouve une constante, un fil conducteur : les arbres.

Jocelyn Philibert devant un segment de son œuvre Adam et Ève. Photo : Paul-Henri Frenière

L’auteur avoue qu’il n’a pas un attachement particulier pour les arbres, mais le sculpteur en lui y voit une forme, une structure, voire une symbolique évocatrice. Certaines de ses compositions rappellent d’ailleurs les tableaux de l »époque romantique.

Une démarche originale

Pour réaliser sa série d’arbres photographiés la nuit, Jocelyn Philibert s’aventure d’abord le jour pour repérer des endroits propices aux captations nocturnes, puis y retourne en pleine noirceur pour faire ses prises de vue.

L’artiste n’emploie pas d’équipement sophistiqué; c’est le flash d’un simple petit appareil numérique qui vient éclairer la scène. En une soirée, l’artiste prend des centaines de clichés de chaque point de vue. Le cadrage de ses photographies est le moins calculé possible puisqu’il préfère laisser une place importante au hasard. 

De retour en atelier, Jocelyn Philibert découvre les images qu’il a captées la veille. L’artiste procède alors à un photomontage minutieux où il juxtapose plusieurs fragments de photos à l’aide d’un logiciel de traitement d’images pour, au final, en arriver qu’à un seul paysage composite. Pour Adam et Ève, par exemple, cette technique a nécessité plus de 200 heures de travail.

Entre la réalité et l’imaginaire

« Dans son rendu final, Philibert masque toute trace résiduelle du montage, créant ainsi une tension entre le réel et le fictif, entre la captation objective de la réalité et la construction subjective de son imaginaire »  explique-t-on dans le « guide réflexif » qui est offert gratuitement aux visiteurs pour les familiariser avec le vocabulaire et les concepts propres au monde de l’art contemporain.

Jocelyn Philibert vit et travaille à Montréal. Ses œuvres ont fait l’objet d’expositions au Canada, en France et en Allemagne. Au Québec, plusieurs lieux lui ont consacré d’importantes expositions individuelles. Sa démarche a été commentée dans une variété de périodiques culturels tels Ciel variable, Espace, Le Sabord et Vie des Arts. Il est récipiendaire de plusieurs bourses et ses œuvres font partie de collections particulières et publiques, dont celles du Conseil des arts du Canada et du Musée national des beaux-arts du Québec.

L’exposition se termine le 26 janvier 2020. À noter que Expression sera fermé durant la période des fêtes, soit du 23 décembre au 6 janvier.