Culture

L’Orchestre Philharmonique de Saint-Hyacinthe : 140 ans de bonheur musical

Daniel Girouard dans la peau de Léon Ringuet avec le directeur musical Martin-Paul Beaulieu. Photo : Annie Beauregard Photographie

L’Orchestre Philharmonique de Saint-Hyacinthe ne porte pas trop de rides malgré son âge très avancé. Fondée en 1879, la Société Philharmonique a 140 raisons d’être fière de son statut de plus ancienne fanfare au Canada.

Un orchestre caméléon

L’orchestre tire sa vitalité du fait d’avoir toujours su créer et encourager un lien fort avec la musique en vogue dans toutes les époques qu’elle a traversées. Elle a bien sûr joué des fanfares et du classique, mais elle est aussi passée par le blues, le charleston, le swing, le Big Band, le rock, le disco et plusieurs autres genres. Même la philosophie de l’orchestre évolue avec son temps, alors que les femmes ont rejoint les hommes au milieu des lutrins dans les années 20, au même moment où elles entraient sur le marché du travail, qu’elles se mettaient à fumer et qu’elles avaient droit de vote. Les centaines de musiciens ayant contribué à la riche histoire de la Société Philharmonique de Saint-Hyacinthe ont toujours pu y trouver leur compte, assurant un renouvellement constant de ses nombreux alignements.

La personnalité et l’histoire de l’OPSH ont été fortement marquées par ses chefs, dont le plus célèbre, Léon Ringuet, qui l’a dirigé de 1880 jusqu’à son décès, en 1932. Compositeur et directeur musical renommé, il a forgé la personnalité de l’orchestre, à commencer par un détail qui échappe à plusieurs : en raison de l’absence d’une section de cordes, l’orchestre est plus près d’une harmonie que d’une philharmonique, mais personne ne leur en voudra !

Daniel Girouard dans la peau de Léon Ringuet avec le directeur musical Martin-Paul Beaulieu. Photo : Annie Beauregard Photographie

Le successeur actuel de monsieur Ringuet s’appelle Martin-Paul Beaulieu, en poste depuis février 2019. Véritable passionné de tous les genres de musique, le nouveau directeur musical veut à son tour laisser son empreinte sur son règne. « C’est important de garder un œil dans le rétroviseur pour voir notre glorieux passé, mais mon regard va définitivement vers l’avant. J’ai plein d’idées, je veux élargir le répertoire, on essaie un peu de tout ! » Pour Martin-Paul, les défis sont nombreux puisque « la musique prend beaucoup moins d’importance à l’école et le recrutement pour le renouvellement de l’orchestre devient de plus en plus difficile. Il y a clairement un manque de relève. »

Spectacle du 140e de l'Orchestre Philharmonique au Centre des arts Juliette-Lassonde, le 3 novembre dernier. Photo : Annie Beauregard Photographie

Saint-Hyacinthe doit conserver son orchestre philharmonique, un très gros morceau de la culture maskoutaine. D’ailleurs, l’administration actuelle l’a compris et a augmenté son support financier annuel qui n’avait pas bougé depuis longtemps et, avec le commanditaire important Chartwell, l’orchestre arrive à boucler ses fins de mois.

« La plupart des gens ne savent pas que notre local de pratique permanent a été littéralement construit par les musiciens, en 1979. Mais il faut l’entretenir, le rénover, payer des taxes… », indique le directeur, qui s’est fixé trois objectifs clairs dès son entrée en poste. « Préparer un concert grandiose pour notre 140e anniversaire, monter d’un cran le niveau de jeu de l’orchestre et, surtout, ramener la joie de vivre au sein de l’orchestre qui a souffert d’instabilité au niveau de la direction pendant les années récentes. » Pour avoir assisté à une répétition du spectacle du 3 novembre, nous pouvons confirmer que le troisième point est déjà accompli !

Le spectacle du 140e

Pour toutes ces raisons, les Maskoutains doivent être fiers d’avoir rempli la salle de spectacle du Centre des arts Juliette-Lassonde, le 3 novembre dernier, pour découvrir les nombreuses surprises concoctées pour l’occasion, dont un medley (pot-pourri) mixant Pink Floyd et Andrew Lloyd Webber, et un hommage bien mérité à Léon Ringuet par l’interprétation de sa célèbre composition, la Marche philharmonique. Ceux qui connaissent bien l’orchestre ont pu voir, au milieu des saxophones, un certain Yves Chaput, témoin de plus du tiers de la longue histoire de l’OPSH qu’il a joint en 1964, s’amuser comme au début. C’était un vibrant témoignage au bonheur qu’apporte l’orchestre philharmonique, autant aux musiciens qu’aux amateurs de musique.