Il existe des livres de quelques centaines de pages qu’on nomme des «briques», parfois les briques se dévorent avec délice et c’est le cas du titre choisi aujourd’hui. J’ai découvert il y a quelques semaines un auteur Gaspésien prolifique de grand talent. Né à Amqui, il a grandi à Matane et Rivière-du-Loup, si vous aimez le Bas du fleuve et la Gaspésie autant que moi vous serez ravis de découvrir cet écrivain.
Découverte de la Gaspésie
Éric Dupont a signé trois autres romans avant de publier La fiancée américaine. Ses trois premiers romans : Voleurs de sucre (2004), La logeuse (2006) et Bestiaire (2008) avaient été remarqués par la critique. Son quatrième roman de près de 600 pages (imprimé en petits caractères!) est superbe. Qu'on le déguste lentement ou qu'on le dévore avec avidité, il ne laisse personne indifférent.
Le merveilleux du Bas-du-Fleuve
Tout débute dans les années 50, dans un salon funéraire de Rivière-du-Loup, un papa « homme-cheval» croquemort, homme fort et conteur qui carbure au gros gin, profite de l’absence de sa femme pour raconter des histoires à ses enfants. La petite Madeleine et ses deux frères écoutent les récits fabuleux du père qui raconte merveilleusement bien les aventures épiques et loufoques du passé familial. Ces contes dans le récit, belle astuce de l’auteur qui présente ainsi une partie de la saga colorée des Lamontagne.
Un conteur extraordinaire
Ce soir-là, Cheval Lamontagne propose à ses enfants le récit de sa naissance : «C’était décembre 1918 dans la vieille Rivière–du-Loup qu’on appelait Fraserville. Louis-Benjamin La montagne et sa femme Madeleine l’Américaine attendaient leur premier enfant dans l’hiver glacial et silencieux du Bas-Saint-Laurent. »
Comme les trois enfants, le lecteur suit le récit loufoque et tragique de Madeleine, sa mère, qui accouche dans l’église de Rivière-du-Loup au cœur de la crèche vivante, en pleine messe de minuit ! Voilà pour les premières pages, ensuite les épisodes s’enfilent présentant le Québec à différentes époques avec ses drames, ses tragédies. Le ton réaliste parfois fantastique est nuancé par un brin d’humour qui fait sourire, voilà une des grandes forces de l’auteur.
Une fois conquis, le lecteur bascule dans l’imaginaire et suit le récit d’une génération à l’autre. Éric Dupont aime ses personnages, il rend bien l’esprit de chacune des époques et sait mettre en place les décors de si belle façon qu’on meurt d’envie d’aller dans le bas du fleuve en hiver.
Un auteur impressionnant
L’écriture de Dupont, son style, son souffle, son imagination et ses trouvailles constituent un réel plaisir de lecture ajouté au plaisir proposé par la nourriture, l’art et les voyages très présents dans le roman. La narration rythmée parce que variée fait en sorte que les pages défilent rapidement sous nos yeux laissant en filigrane des indices, des liens pour nous lecteurs curieux.
Éric Dupont, auteur impressionnant, maîtrise l’art de raconter car nous filons à travers la brique avec un grand bonheur. Ce roman à l’allure d’un grand conte à tiroirs, inspiré de la tradition populaire et des récits vécus, Dupont a su en faire une œuvre littéraire exemplaire!!!
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Éric Dupont. La fiancée américaine. Marchand de Feuilles. 557 pages.
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Re: Pour les grands lecteurs, mon dernier coup de cœur
Céline Bherer –Re: Pour les grands lecteurs, mon dernier coup de cœur
Louise Beauregard –Ajouter un commentaire