Environnement

De nombreux pesticides détectés dans la Yamaska

Vue de la rivière Chibouet du pont de la route du Moulin, près du 3e rang à Saint-Hugues. Photo : Dany Beaulac

La Yamaska avait déjà la triste réputation d’être la rivière la plus mal en point du Québec. Or, sa situation ne va pas en s’améliorant. Dans ses eaux, on détecte un nombre impressionnant de pesticides.

Un récent rapport produit par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (Présence de pesticides dans l’eau au Québec, Portrait et tendances dans les zones de maïs et de soya, 2015-2017) jette en effet un regard cru et inquiétant sur la qualité de l’eau de la rivière. Le responsable : la culture intensive du maïs et du soya sur les terres de la région.

L’enquête porte sur plusieurs cours d’eau affectés par ces deux cultures, dont les rivières Yamaska et Richelieu. Deux de leurs affluents ont fait l’objet d’une surveillance spécifique : la Chibouet, qui draine les eaux de Saint-Hugues et de Sainte-Hélène, et la rivière des Hurons, qui prend sa source à Sainte-Madeleine.

Sur l’ensemble de ces cours d’eau, le ministère dénote une présence accrue de glyphosate, l’agent actif du Roundup, l’herbicide grandement utilisé dans ces deux cultures. Le glyphosate est aujourd’hui considéré comme une substance cancérigène probable par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Vue de la rivière Chibouet du pont de la route du Moulin, près du 3e rang à Saint-Hugues. Photo : Dany Beaulac

Il faut rappeler que 42 % de la superficie totale du bassin versant de la rivière Yamaska est en culture. En y intégrant le bassin versant du Richelieu, les cultures du maïs accaparent 29 % des superficies cultivées et le soya, 32 %.

Quand on s’attarde au bassin versant de la rivière Chibouet, c’est 68 % de sa superficie qui est cultivée. Le maïs représente 53 % des cultures et le soya, 28 %.

22 pesticides détectés dans la Yamaska

Entre 2015 et 2017, pas moins de 22 pesticides différents ont été détectés dans les eaux de la Yamaska de la mi-mai à la mi-août. Pour la rivière Chibouet, leur présence va de 21 à 27 selon les périodes des prélèvements. Le glyphosate, de son côté, était présent dans 80 à 100 % des échantillons.

Sur ce tableau, on constate la progression du glyphosate dans l’eau des différentes rivières analysées. En vert, la rivière Chibouet.

« Des dépassements des critères de qualité de l’eau (CVAC) pour plusieurs pesticides sont constatés dans tous les échantillons prélevés dans la rivière Yamaska en 2016, et dans 77,8 % de ceux prélevés en 2017 », décrit le rapport. Ces dépassements proviennent surtout des insecticides néonicotinoïdes. Ces produits qui enrobent les semences de maïs et de soya sont responsables du déclin des abeilles observé au cours des dernières années, à tel point qu’ils sont maintenant interdits en France. Au Québec, les producteurs peuvent toujours les utiliser sous la supervision d’un agronome.

La Chibouet en triste état

Selon le rapport, l’état de la rivière Chibouet semble pire que celui de la Yamaska. En 2015 et 2016, tous les échantillons prélevés au cours de ces deux années révélaient un dépassement des critères de qualité pour au moins un pesticide. Dans un échantillon prélevé en juin 2015, la concentration de glyphosate dépassait même de deux fois les normes maximales.

Enfin, le rapport a analysé l’eau de 52 puits situés près de champs de maïs et de soya. La présence de pesticides a été détectée dans 13,5 % d’entre eux (7 puits), mais en faible concentration et bien en deçà des normes de qualité de l’eau.