Politique

Enfin La loi sur la laïcité

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Je n’ai pas voté pour la CAQ. Cependant je ne peux que louer la diligence du Premier Ministre François Legault à légiférer sur la laïcité. Ce n’est pas de l’empressement à tout crin, ça fait plus de 13 ans qu’on en discute. Il y a eu la commission Bouchard-Taylord, la charte des valeurs québécoises du gouvernement Marois, etc. Et on n’a pas fini d’en débattre.

Qu’il veuille invoquer la clause dérogatoire est une très bonne chose. Elle a été créée par le fédéral, par la Loi constitutionnelle de 1982, sans le Québec, et enchâssée à l’article 33 de la Charte canadienne des droits et libertés. Elle donne préséance au parlement sur le législatif, ce qui ne pourra être contesté, et ce, pour 5 ans.

Le projet de loi tel que présenté ne va pas assez loin. Il devrait s’étendre également aux écoles privées, subventionnées ou non, aux CPE, garderies subventionnées ou non. Partout où les signes religieux ostentatoires chez des personnes en position d’autorité contreviennent à la laïcité choisie par une majorité de québécois. Et la clause grand-père, pour les personnes portant déjà des signes religieux à leur travail, elle ne devrait pas être permise.

Ma conjointe et moi avons été impliquées dans l’accueil et l’intégration de 2 familles syriennes dans les dernières années. Nous les avons côtoyées, appris à les apprécier. Dès qu’elles rentraient chez elles ces femmes s’empressaient d’enlever leurs foulards en présence de leur famille. Mais nous avons pu constater les relations inégalitaires entre les sexes. Ce n’est pas ce que le Québec veut donner comme exemple à ses enfants.

Le droit de pratiquer sa religion est précisé autant dans la Charte  canadienne que québécoise. Chacun peut le faire avec ses signes distinctifs, dans son lieu d’habitation comme dans les lieux de culte, église, mosquée, synagogue, temple, etc. De juge à enseignant, dans leurs fonctions d’autorité, aucun n’a droit de faire du prosélytisme i.e. tenter de convertir ou d’influencer la personne devant lui.

Nous avons regretté de nous être impliquées dans la création du parti Québec solidaire dès ses débuts autant au niveau local que national. Nous avons pris nos distances il y a quelques années lors de leur prise de position sur les signes religieux ostentatoires alors que la charte des valeurs québécoises enflammait les esprits. Les Françoise David, Manon Massé, Gabriel Nadeau-Dubois nous ont beaucoup déçues. Sans parler des têtes brûlées qui font maintenant la manchette des journaux et jamais pour les bonnes raisons. D’angélisme face aux dérives intégristes voilà que ce parti se radicalise en mettant même de côté les recommandations Bouchard-Taylor qui font consensus depuis longtemps auprès de la population.

Je ne crois pas que ce parti résistera à l’usure du temps et du bon sens commun. Et pour le bien commun dont il se targue de privilégier, on ne peut que constater la zizanie qu’il provoque.

Le parti québécois se devait d’appuyer le projet de loi 21. Et le 1er parti d’opposition, s’il déchire sa chemise sur la place publique, ne cherche qu’à se faire du capital politique et on se demande bien auprès de qui ? Eux qui n’ont fait qu’attiser les dissensions en 14 ans au pouvoir sans jamais rien pondre de positif au sujet de la laïcité.

Quant aux organismes qui montent aux barricades contre le projet de loi 21, demandant même son retrait, il y a la fédération des femmes du Québec dont on questionne la légitimité, et qui de par ses dérives passées et actuelles, ne devrait même plus être subventionnée.

Quant à Amnistie internationale francophone, je l’appuie depuis de nombreuses années à cause de leur travail formidable pour les droits humains de partout dans le monde mais je me pose des questions sur mon appui futur. Séparer l’État et le religieux, la France l’a consacré en 1905.

La laïcité est un droit reconnu et respecté dans de nombreux pays en Occident. Vivement que le Québec l’inscrive dans sa Charte des droits et libertés.

 

Elisabeth Harrison