Politique
Budget provincial 2018-2019

Un budget généreux, mais pas pour tout le monde

Presse Canadienne/Jacques Boissinot

Dans le contexte préélectoral, le budget 2018-2019 annonce plusieurs investissements dans le but de satisfaire un nombre important d’électeurs potentiels. Dans son dernier budget, le gouvernement libéral n’entreprend pas une offensive claire de lutte à la pauvreté, mais tente tant bien que mal de faire plaisir à tout le monde.

Mais qu’en est-il pour les organismes communautaires ?

Les mesures d’austérité ou de rigueur budgétaires ont eu des impacts importants sur la capacité des organismes communautaires de répondre aux besoins de leur communauté. La diminution du pacte fiscal, l’abolition des Conférences régionales des élus, les nombreux retards dans les appels de projets et la fusion du système de santé ont eu pour effet d’accroître l’inadéquation entre la capacité de répondre aux besoins et les ressources disponibles dans les groupes communautaires. Au cours de cette période, il était difficile, voire impossible, pour les organismes de combler le manque de financement.

Presse Canadienne/Jacques Boissinot

Les 3000 organismes communautaires en Santé et services sociaux, qui réclamaient 355 millions de dollars pour répondre aux besoins, devront se contenter d’une augmentation de 17 millions, mais attention, vous ne trouverez pas cette information dans le cahier du budget. Il y aurait, semble-t-il, eu un imbroglio dans la mise en page du cahier santé du budget. Donc, c’est le lendemain du dépôt du budget, en chambre, que le ministre Barrette a affirmé que 7 millions supplémentaires seront accordés aux organismes pour l’amélioration des salaires, et 10 millions pour financer un certain nombre d’organismes admis au programme, mais non financés jusqu’à présent.

Quant aux organismes en défense collective des droits, ils devront se partager la somme de 2,2 millions qui avait déjà été annoncée au dépôt du plan de lutte à la pauvreté. Il n’y a pas de nouvelle annonce pour eux ni pour les Corporations de développement communautaire (CDC) qui se partageront 800 000 $ pour l’ensemble des organismes à travers le Québec.

Une petite lueur d’espoir pour les organismes culturels, un montant de 8,4 millions est réservé pour les autres mesures de la politique culturelle dans le but de rapprocher la culture des jeunes et de la collectivité. Cela laisse à penser que la prochaine politique culturelle pourrait peut-être reconnaître le travail des organismes communautaires culturels.

Les grands laissés pour compte de ce budget sont les organismes ayant des missions en éducation, en alphabétisation, en environnement et en loisir pour ne nommer que ceux-là. Ils n’ont aucun financement supplémentaire annoncé.

Notons toutefois qu’aux 5 millions par année déjà accordés à la Fondation du Dr Julien, 2 millions supplémentaires seront ajoutés dès l’an prochain, portant l’aide financière à 7 millions par année et à 23 millions sur cinq ans.

Quelques annonces intéressantes

  • Pour les PME : diminution au Fonds des services de santé, ce qui représentera 154,9 millions en moins dans les coffres de l’État cette année et plus de 1 milliard au terme des cinq ans de plus dans les poches des propriétaires de PME. De plus, une réduction graduelle de 8 % à 4 % du taux d’imposition des PME des secteurs des services et de la construction, soit un montant de 74 millions de moins à percevoir par l’État pour 2018-2019, mais qui, au terme des cinq ans, représentera un montant de 967,1 millions.
  • Le gouvernement investira plus de 47 millions additionnels pour moderniser le système de justice au cours de l’année.
  • Éducation : 15 millions par année dédiés à la mise en place d’une mesure de compensation financière pour les stages de dernière année des enseignants. Le budget promet aussi l’ajout de 2600 personnes additionnelles en services directs aux élèves, 500 professionnels, tels que des orthophonistes et des orthopédagogues au primaire et au secondaire, et 1000 ressources supplémentaires dans les cégeps et universités, et ce, dès septembre.

Pour le citoyen :

  • Les grands-parents qui hébergent leurs petits-enfants pourront bénéficier d’un crédit d’impôt de 258 $ s’ils gagnent plus de 20 000 $ par an.
  • Bonification du régime des rentes.
  • Création d’un crédit d’impôt pour les frais entourant l’achat d’une première résidence.
  • Bonification des logements sociaux.
  • 100 $ par enfant pour l’achat de fournitures scolaires.
  • Réforme de la taxe scolaire.
  • Hausse du plafond du crédit d’impôt pour les frais de garde d’enfants.
  • Contrairement à ce qui avait fait la manchette, ce ne sera qu’en 2019 que les enfants des prestataires de l’aide sociale pourront fréquenter les services de garde subventionnée gratuitement cinq jours par semaine.

Il faut se rappeler que ces investissements supplémentaires arrivent après presque trois ans de rigueur économique et que certains ministères en ont fait grandement les frais ; une cure d’amincissement qui ne devait pas avoir d’impact sur les services à la population ni se faire au détriment des plus démunis. Reste à voir si l’électorat est d’accord avec le travail effectué par le gouvernement libéral.

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter les documents sur le budget à l’adresse suivante : http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2018-2019/fr/index.asp.

 

Sylvie Norris