Société

À L’ÉCOLE : IMMIGRATION = INTIMIDATION ?

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Pas moins de 84 jeunes immigrants se trouvent actuellement dans les écoles de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe. Sont-ils victimes d’intimidation de la part des autres élèves « de souche » maskoutaine? C’est l’une des questions abordées par Alvaro Sierra, agent de liaison scolaire pour la Maison de la famille des Maskoutains.

Alvaro Sierra. (Photo: Paul-Henri Frenière)

Il était l’un des intervenants invités par Solidarité populaire Richelieu-Yamaska (SPRY) qui a organisé, le 11 décembre dernier, une journée d’information sur l’intimidation et la violence, particulièrement chez les jeunes.

Alvaro Sierra constate que les choses se passent assez bien : « Cependant, il faut admettre que dans certaines cultures, la violence est davantage présente que dans la nôtre. Par exemple, un jeune Népalais pourra refouler la colère plus naturellement qu’un Latino, c’est dans sa culture. »

« Les jeunes qui proviennent d’un milieu plus violent pensent que les rapports entre les individus fonctionnent de cette façon, que c’est naturel. Il faut donc être vigilant et régler un problème à la fois. Habituellement, l’adaptation à leur nouvel environnement se passe assez bien tout de même » résume-t-il.

Selon Alvaro Sierra, l’une des clés pour comprendre l’état d’esprit d’un jeune immigrant est le sentiment de vulnérabilité qu’il peut ressentir à son arrivée. Il y a la langue ou la couleur de la peau qui peuvent le marginaliser, « mais il se peut qu’il y ait aussi la pauvreté, des difficultés d’apprentissage ou d’autres problèmes personnels qui viennent compliquer les choses » précise-t-il.

Provenant de 18 pays différents

Entre février 2010 et décembre 2012, les écoles primaires de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe ont accueilli 52 jeunes immigrants, pendant que la Polyvalente Hyacinthe-Delorme a reçu 32 étudiants du niveau secondaire pour un total de 84.

Au niveau primaire, c’est l’école Sacré-Cœur – Bois-joli qui vient en tête de liste avec 26 enfants immigrants, suivie de l’école Saint-Sacrement qui en dénombre 10. Les autres se retrouvent aux écoles Lafontaine  (7), Larocque (5), Maurice-Jodoin (3) et Douville (1).

Chose étonnante, ces jeunes proviennent de 18 pays différents. C’est la Colombie qui présente le plus fort contingent avec 24 enfants. La Côte d’ivoire (10), le Népal (9) et la République démocratique du Congo (8) suivent. Les autres pays d’origine sont : l’Irak (6), le Pakistan (5), l’Algérie (3), le Rwanda (3); le Burundi, l’Équateur, la France, le Maroc et le Venezuela (2); l’Afghanistan, El Salvador, Haïti, le Mexique et le Libéria (1).

Habitué à un repas par jour

Le travail d’Alvaro Sierra, pour faciliter l’intégration des jeunes immigrants, commence dès leur arrivée. Il rencontre la famille avant l’inscription du jeune à l’école et l’accompagne dans cette démarche.

Par la suite, il exerce un suivi avec le jeune, les parents et l’école, de manière à ce que l’intégration se passe de la meilleure façon possible. Mais parfois, des situations autres que scolaires entrent en ligne de compte.

« Certains jeunes qui arrivent des camps de réfugiés n’ont pas connu autre chose dans leur vie. Ils étaient habitués à manger un repas par jour. Il faut leur faire comprendre, ainsi qu’à leurs parents, qu’ici ils doivent manger trois repas par jour s’ils veulent faire de bonnes études » précise-t-il.

Il faut préciser que la MRC des Maskoutains accueille différentes catégories d’immigrants. Parmi celles-ci, il y a les réfugiés qui quittent leur pays pour des raisons politiques, mais il y a aussi des immigrants dits « économiques » qui viennent vivre ici par choix. C’est d’ailleurs le cas d’Alvaro Sierra, Colombien d’origine, qui a éprouvé une attirance particulière pour notre région lors d’un voyage.

Signalons enfin que la population immigrante est relativement jeune : 70% ont moins de 35 ans.

Plusieurs intervenants

Cette présentation d’Alvaro Sierra a été faite dans le cadre d’une journée d’information, portant sur l’intimidation et la violence, organisée par Solidarité populaire Richelieu-Yamaska.

Alvaro Sierra, Jean-Paul St-Amand, responsable des communications et Yvan Pion.

Avant cette intervention, on a pu entendre le témoignage émouvant d’une jeune mère de famille qui a dû subir l’intimidation durant tout son cours primaire dans une école de village de la région. Son jeune frère a subi le même sort, son seul « tort » étant d’avoir un visage qui avait les traits d’un étranger.

D’autres intervenants ont pris la parole au cours de la journée : Richard Gingras, éducateur auprès des jeunes aux écoles Fadette et Casavant; Yvan Pion, de l’organisme Satellite, qui a traité de la toxicomanie; Kim Barré, policière à la Sûreté du Québec et François Cloutier de Justice alternative Richelieu-Yamaska.

La conclusion qui s’est dégagée de cette journée est que l’éducation et le dialogue sont les meilleures solutions pour contrer l’intimidation et la violence. De plus, des activités de rapprochement, comme celles organisées par l’organisme maskoutain FORUM 2020, contribuent à une meilleure compréhension des différentes cultures et favorisent leur intégration.