Société
Logemen'mêle

Le centre-ville étouffe

Andrée Rochon, du comité Logemen'mêle et Chantal Lussier, résidente évincée. photo : Nelson Dion

La démolition de trois maisons et l’éviction de 11 logements pour agrandir un stationnement du centre-ville de Saint-Hyacinthe ont créé un électro-choc. On s’est rendu compte que ce secteur de la ville étouffait.

La raison ? La quantité de plus en plus grande de voitures qui s’y retrouvent quotidiennement. Les centres d’affaires, les institutions et les commerces amènent leur lot d’employés et de clients qui engorgent les aires de stationnement existantes. De plus, les soirs de spectacles amènent une autre cohorte de véhicules.

Question de réfléchir sur la problématique et les solutions possibles, le Comité Logemen’mêle a organisé une rencontre le 3 avril dernier.

Qualité de vie altérée

Andrée Rochon, du comité Logemen'mêle et Chantal Lussier, résidente évincée. photo : Nelson DionUne quinzaine de résidents du secteur et des citoyens intéressés ont formé une table ronde où chacun pouvait prendre la parole. D’abord un constat : l’urbanisme du centre-ville, historiquement enclavé, n’a pas été conçu pour accommoder autant d’automobiles dont le nombre augmente constamment. Cet état de fait altère la qualité de vie des citoyens qui y vivent.

« Je suis obligé de mettre de l’argent dans un horodateur simplement pour décharger mon épicerie », a commenté un résident. On a proposé que la Ville émette des vignettes gratuites pour régler ce genre de situation.

L’organisatrice de la rencontre, Andrée Rochon, a évoqué la possibilité d’aménager un stationnement incitatif dans le nord de la ville, près des galeries. « Il faudrait cependant qu’il soit accompagné d’un service de transport collectif gratuit et efficace », a-t-elle précisé.

On a aussi parlé d’un stationnement étagé au centre-ville même. La proposition la plus audacieuse fut celle de le construire à l’emplacement actuel du parc Casimir-Dessaulles.

Les résidents évincés

« C’est une hypothèse plausible », a lancé la directrice générale adjointe de la Ville, Chantal Frigon, qui assistait à la rencontre. Cette dernière a pris en note toutes les suggestions apportées. Mais elle était là, aussi, pour défendre les actions de l’administration municipale dans le dossier des résidents évincés. Selon elle, 10 sur 11 seraient en voie d’être relocalisés. Un seul cas ne serait pas résolu.

Une affirmation qui a fait réagir Andrée Rochon qui a rencontré tous les résidents concernés après leur avis d’éviction et qui a affirmé que personne n’avait été contacté par la Ville. « Selon les informations que j’ai reçues, maintenant c’est fait », a rétorqué Chantal Frigon.

En fait, c’est un petit comité qui s’est formé pour leur venir en aide. Jean-Claude Ladouceur, le directeur de l’Office municipal d’habitation, en faisait partie. Il assistait d’ailleurs à la rencontre citoyenne.

Il n’en demeure pas moins que cette décision de la Ville a eu des conséquences sur le plan humain. « J’en ai parlé avec mes voisins, un vieux couple qui demeurait là depuis plusieurs années. Ils pensaient finir leur jour dans ce logement, un beau logement. Ils ont eu peur et ils ont déjà déménagé. C’est dommage », raconte Chantal Lussier, une résidente, elle aussi évincée. C’est elle qui a amorcé les démarches pour s’opposer à la décision du conseil municipal.

Au lendemain de cette rencontre citoyenne, le maire Claude Corbeil et le directeur général de la Ville, Louis Bilodeau, se sont rendus dans le local du Comité Logemen’mêle, situé au Carrefour des organismes communautaires.

Selon les informations obtenues, les représentants municipaux ont fait part de leur intention de favoriser la construction de nouveaux logements sociaux au centre-ville. En revanche, ils ne reviennent pas sur la décision de démolir trois maisons pour agrandir le stationnement.