Société
Taxe compensatoire:

Le communautaire remet un chèque à la Ville pour le centre des congrès

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Une quinzaine de représentants d'organismes communautaires se sont retrouvés, lundi dernier, sur le site du futur centre municipal des congrès pour remettre un chèque symbolique de 55 000$ aux autorités de la ville de Saint-Hyacinthe. C'est le montant que ces organismes communautaires, propriétaires d'immeubles, versent annuellement en taxe compensatoire.

Photo: Paul-Henri Frenière.

Des organismes tels le Centre de bénévolat de Saint-Hyacinthe, Moisson Maskoutaine, la Clé sur la Porte, le Centre Louise Bibeau et d'autres ont répondu à l'appel de la coordonnatrice de la Corporation de développement communautaire des Maskoutains (CDC), Chantal Goulet, pour démontrer leur exaspération face à l'attitude des élus municipaux.

« Depuis 2013 que les organismes demandent l'abolition de la taxe compensatoire, a déclaré Chantal Goulet. Saint-Hyacinthe peut le faire comme l'ont fait bien d'autres villes du Québec, petites ou grandes ».

En effet, la CDC a recensé une vingtaine de municipalités du Québec qui n'imposent pas de taxes à leurs organismes communautaires en raison de leur contribution majeure auprès des plus vulnérables de leur communauté.

Des villes comme Longueuil, Laval, Sherbrooke ont légiféré en ce sens et, plus près de nous, Saint-Jean-sur-Richelieu, Sorel, Drummondville et Beloeil ont compris l'apport inestimable de leurs organismes communautaires à la collectivité.

Après de nombreuses représentations depuis 2013, la Ville a finalement consenti en mai dernier à une réduction de 50% de cette taxe aux organismes à partir de 2016.

« Bien sûr, nous saluons la moitié de la reconnaissance qui nous a été accordé », avait commenté dans MOBILES, Françoise Pelletier, cogestionnaire de la Maison alternative de développement humain. « Mais ça n’est pas suffisant. Nous avons besoin de tous les montants possibles afin de pouvoir travailler à faire reculer la pauvreté sous toutes ses formes ainsi que pour aider les personnes les plus démunies à se prendre en main ».

Chantal Goulet s'adresse au groupe. Photo: PHF. Selon Chantal Goulet, de la CDC, la goutte qui a fait déborder le vase, c'est l'annonce que la Ville allait investir 23 millions$ de fonds publics dans la construction d'un centre de congrès en vertu d'une entente avec Les Centres d'achats Beauward, un édifice qui sera propriété de l'entreprise privée dans 40 ans.

« Il s'agit sûrement d'une excellente entente pour l'entreprise, mais pour l'ensemble des contribuables, il s'agit d'une sombre affaire qui devrait soulever l'indignation populaire » a commenté Chantal Goulet. De là est venue l'idée de présenter ironiquement un chèque de 55 000$, provenant du communautaire, pour « aider » au financement du centre des congrès.

Ce même chèque s'est retrouvé, le soir même, à l'assemblée du conseil municipal, présenté par une jeune bénévole d'un organisme qui s'était déguisée en « Monsieur Monopoly ». Chantal Goulet a repris les arguments maintes fois avancés pour que la Ville abolisse totalement la taxe compensatoire.

Un accueil acrimonieux

Claude Corbeil. Capture d'écran TVcogeco. L’accueil fut glacial, sinon acrimonieux. « Ça me choque cette histoire-là, a lancé le maire Claude Corbeil. Si on investit dans un centre des congrès, c'est pour relancer l'économie. Si on veut aider les groupes communautaires, ça prend de l'argent pour le faire. C'est pas un jeu de Monopoly » a-t-il déclaré, visiblement courroucé.

Le conseiller du district Bois-Joli, Alain Leclerc, en a remis par la suite en fustigeant les demandes de la CDC. « S'il y a des iniquités, c'est pour les autres organisations qui ne reçoivent pas de l'aide de la Ville » faisant référence aux organismes (3 sur 13) qui reçoivent annuellement des dons de la municipalité.

Alain Leclerc. Capture d'écran TVcogeco. Il a donné comme exemples les Chevaliers de Colomb, les ambulances Dessercom et la Fondation Denis-Chartier, démontrant ainsi sa totale méconnaissance de la vocation des organismes communautaires.

Le conseiller Bernard Barré en a « remis une couche » en tenant des propos insultants envers la coordonnatrice de la CDC. Il a déclaré que la Ville avait fait son bout de chemin en réduisant la taxe de moitié et qu'il en avait assez de voir madame Goulet venir « faire la baboune » aux séances du conseil.

Étonnamment, aucun membre du conseil municipal ne s'est levé pour prendre la défense du milieu communautaire.

 

Post-Scriptum :

Organismes communautaires propriétaires représentés par la CDC :

Centre Louise Bibeau
Auberge du coeur Le Baluchon
Centre psychosocial Richelieu-Yamaska
La Clé sur la Porte
Le Phare
Maison alternative de développement humain (MADH) inc.
La coopérative Aux P’tits soins
La Moisson Maskoutaine
Le Centre de femmes l’Autonomie en soie
Le Centre de bénévolat de Saint-Hyacinthe (CBSH)
Contact Richelieu-Yamaska
Maison L’Alcôve

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