Société

L’ITINÉRANCE, JE CONNAIS

- Jeannot Caron
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Jeannot Caron a connu l’itinérance. Aujourd’hui il l’avoue franchement, sans honte, et il participe activement à la campagne de financement Projet Lit’inérance qui a cours présentement à Saint-Hyacinthe.

Capture d'écran / TVcogeco.

Tout a commencé suite à un événement traumatisant survenu en 2000. Jeannot Caron avait travaillé toute la nuit sur un contrat de menuiserie qu’il devait livrer le jour même.

Il travaillait dehors devant son atelier quand un homme d’une quarantaine d’année l’a abordé vers 7 heures le matin. Visiblement, c’était un itinérant.

L’homme avait faim. Jeannot lui a conseillé de se rendre à une ressource, non loin de là, où il pourrait déjeuner. L’homme revient un peu plus tard, davantage confus qu’il ne l’était. Les portes de la ressource n’ouvraient qu’à 10 heures…

L’itinérant a alors saisi une scie circulaire laissée sur le sol. Il s’est tailladé profondément une jambe. L’ambulance l’a conduit à l’hôpital Honoré-Mercier. Jeannot Caron ne l’a jamais revu…

Mais cet événement l’a fortement marqué. Quelques années plus tard, en 2005, il a lui-même vécu volontairement l’itinérance à Montréal durant un mois. Il voulait voir ce que c’était que de vivre dans la rue, sans domicile fixe.

Après une longue réflexion, il a résolu qu’il fallait faire quelque chose, à Saint-Hyacinthe, pour ces personnes en détresse. Et il s’y emploierait. C’était son nouveau projet de vie, en quelque sorte.

Il a même proposé un projet à la Ville : un projet ambitieux – trop ambitieux même, de son propre aveu. Il voulait créer une ressource pour les personnes démunies où les arts et la culture seraient privilégiés.

Mais certaines ressources existaient déjà. Elles ne comblaient pas tous les besoins des personnes vulnérables et sans toit. Mais tout de même, il valait mieux s’y associer que de partir à zéro.

77 personnes en situation d’itinérance

Les gens croient que l’itinérance est un phénomène qui appartient seulement aux grandes villes. Ceux qui travaillent sur le terrain, ceux et celles des organismes communautaires, le savent pourtant depuis longtemps : l’itinérance existe bel et bien à Saint-Hyacinthe.

Selon une étude de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie, produite en 2011, il y avait 77 personnes déclarées en situation d’itinérance et 515 autres qui étaient perçues comme étant « à risque » de s’y retrouver. Or, ce chiffre est probablement une estimation très conservatrice, selon l’étude, puisque les données proviennent d’un seul organisme communautaire en lien avec ces personnes.

Ces dernières années, des organismes communautaires ont tenté de répondre aux situations d’urgence. Il y a eu Contact Richelieu-Yamaska qui intervient en situation de crise. Jeannot Caron tient aussi à mentionner le nom de Josiane Daigle, du Centre d’intervention jeunesse, qui aurait fait des « miracles » avec les moyens du bord.

Pour une ressource stable et permanente

Mais de l’avis de plusieurs intervenants, il est grand temps que Saint-Hyacinthe se dote d’une ressource stable et permanente en matière d’itinérance. Au moins une chambre où la personne pourrait demeurer quelques jours et une intervention professionnelle pour un encadrement psychosocial.

C’est le constat qu’a fait le comité Solidarité itinérance maskoutaine (SIM) qui se penche sur la question depuis plus de trois ans. La chambre est offerte par la Ville de Saint-Hyacinthe via l’Office municipal d’habitation et c’est Contact Richelieu-Yamaska qui fournit la ressource professionnelle.

Ne reste qu’à trouver l’argent : un maigre 35 000$ par année, d’où la campagne de financement en cours. « Les gens sont généreux. Je pense que nous avons amassé 9 000$ à date » précise Jeannot Caron, rencontré mercredi et qui passera une bonne partie de la semaine, bénévolement, au kiosque de la campagne de financement situé aux galeries Saint-Hyacinthe.

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Il est possible de faire un don par téléphone, par internet au www.centraidery.org/dons ou grâce aux nombreuses tirelires qui ont été disposées à cet effet dans les commerces de la région. Pour de plus amples informations ou pour faire un don, on peut aussi communiquer avec Louis Lemay, de Contact Richelieu Yamaska, au 450 771-7152.