Société

Un mauvais projet pour une bonne idée

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Le projet de construction d’un nouvel immeuble à logements au centre-ville déchaîne les passions depuis le moment même où l’idée a été lancée. Ce sont l’attitude de la Ville envers ses citoyens et la démesure du projet qui provoquent cette levée de boucliers. Pourtant, les raisons en faveur du développement du centre-ville sont excellentes ; c’est le projet lui-même qui me fait douter.

Au premier rang des bonnes raisons se trouve le besoin de densifier nos zones d’habitations : c’est l’objectif du développement immobilier jusque dans nos villages. Cette densification permet de limiter la pression sur les terres agricoles, de doper l’efficacité des infrastructures municipales et d’offrir aux citoyens de meilleurs services tout en améliorant l’offre commerciale.

Plus de population veut dire que la vie économique devient plus vigoureuse. Il va sans dire que le développement du secteur nord, tout positif qu’il soit pour la région, a asphyxié le cœur historique de Saint-Hyacinthe. Peu de gens partiront des villages pour venir dans le centre, alors comment revitaliser cette zone ? En misant sur son urbanité ! Cet espace au bord de la rivière est le seul à des kilomètres à la ronde capable de permettre à ce concept de s’épanouir pleinement.

Qu’est-ce donc que cette urbanité ? Elle est le mariage entre la densité et la variété des éléments composant une société. C’est la mixité sociale où toutes les strates de la société sont représentées ainsi que la mixité des fonctions où les commerces et les espaces publics et résidentiels s’entremêlent : des gens riches, pauvres, des commerces en tout genre et des services nécessaires à quelques pas seulement. Nulle part ailleurs dans la ville ce potentiel n’est aussi capable de s’exprimer qu’entre les rails et la rivière.

Malgré tout, le projet actuel du Groupe Sélection ne répond que très partiellement aux besoins de ce quartier. Il densifie, certes, mais avec une population qui quitte la vie active. Il s’impose à la communauté au lieu de s’y intégrer. Il s’impose en attendant de la population voisine qu’elle accepte sans rien dire et sans même tenter de s’intégrer au tissu social. Finalement, l’accès à la rivière Yamaska et une belle part de l’espace public sont sacrifiés à un unique projet ne s’inscrivant pas dans un plan d’ensemble profitant à tous.

Que faudrait-il alors pour pouvoir développer sereinement ce quartier ? D’abord et avant tout, de l’acceptabilité sociale : parler avec la population, l’écouter dans un véritable processus de consultation. C’est de cette seule façon qu’un projet d’ensemble pourra émerger et s’épanouir avec la bénédiction des gens de la place. Il faut aussi que ce projet fasse la part belle à la vie active des gens qui travaillent (en ville ou à l’extérieur), qui veulent fonder une famille et vivre dans ce quartier tout en profitant de cet avantage de l’urbanité maskoutaine d’être aux portes de la campagne. Enfin, un plan clair et précis, en cohérence avec l’état actuel du quartier et misant sur les forces déjà en place serait la clé de voûte d’un développement harmonieux qui ne rencontrera pas l’opposition des habitants. Les citoyens doivent être au cœur des décisions.

Martin Nichols
La Présentation