Ils sont nombreux à quitter leur pays pour venir s’installer parmi nous. Pour certains, leur pays d’origine n’est plus sécuritaire et doivent se réfugier aux limites des frontières, tandis que d’autres demandent l’asile politique. Ces étrangers arrivent avec une culture et un mode de vie différents, ils doivent apprendre une langue afin de mieux s’intégrer et créer des amitiés. Mieux les connaître permet de mieux les apprécier. Voici trois albums et deux romans jeunesse permettant d’aborder ce sujet d’actualité avec les jeunes.
Où vais-je vivre?
Rosemary Mc Carney, ambassadrice et représentante permanente du Canada auprès des Nations Unies et de la Conférence du désarmement, a réuni une série de photographies saisissantes qui ne laissent personne indifférent. Des réfugiés, des parents et leurs enfants sont en route vers un monde meilleur. Issus de différents pays (Hongrie, Jordanie, Rwanda, Cameroun, Kenya, Iraq, Grèce, Slovénie, Myanmar, Niger…), ils laissent tout derrière eux et prennent la route en voiture, à pied, en bateau … vers une destination incertaine. Courageux, ils affrontent l’inquiétude et l’angoisse et dorment entassés dans des abris de fortune dans l’espoir de sauver leur vie et de trouver la paix.
À la manière d’un documentaire, cet album de photographies touchantes, au texte très sommaire, permet la discussion, l’échange et l’ouverture aux autres.
Les mots d’Eunice
Eunice, fillette de 7 ans, vit à Montréal avec son papa et sa grand-mère. Elle vient de quitter la Côte d’Ivoire où est restée sa maman : « Eunice s’est envolée dans un avion immense, et a voyagé au travers des nuages. Mais sa maman est restée là-bas. Son petit cœur s’est brisé en minuscules morceaux, tombés au fond de l’eau. » Traumatisée, Eunice ne parle plus, ne sourit plus, son cœur est vide et la tempête l’habite.
Dans ce texte touchant et poétique, Gabrielle Gendreau transmet bien la douleur et le déracinement de la fillette en état de choc à son arrivée à Montréal. Nahid Kazemi dépeint les couleurs chaudes de la Côte d’Ivoire, ce milieu qu’Eunice a quitté et qu’elle tente de transposer dans ses dessins. Album magnifique sur les difficultés de l’exil.
Le costume de Malaika
À l’inverse, dans cet album, c’est la maman de Malaika qui est au Canada en quête d’un emploi pendant que sa fille est restée avec sa grand-maman quelque part en Afrique : « Elle est au Canada, dit l’oncle Ewart. Le Canada est un pays où elle peut avoir un bon travail. Ainsi, elle vous aidera et vous vivrez mieux, grand-maman et toi. » La date du carnaval approche, la fillette attend les sous de sa maman pour fabriquer un costume. Une lettre arrive, grand-maman pleure, Malaika est triste et déçue. Au bout de sa peine, elle trouve une idée géniale pour participer au carnaval : « Je marche à l’avant du défilé, fière comme un paon! Je tourne et je danse, danse, danse! » La créativité et le talent artistique soulagent de bien des maux.
Un album où les illustrations et les collages nous transportent ailleurs où la chaleur humaine, la musique et la fête se font réconfortantes.
Artémise Bonsaïka
Diane Lavoie se passionne pour l’art et les bonsaïs et a transposé ses passions dans un roman-jeunesse mettant en scène deux amies : Zoé et Artémise. Arrivant de France, Stéphane, avec son accent et ses dents croches, se retrouve dans leur classe de 5e année. Ce garçon prétentieux qui trouve toujours à critiquer tombe sur les nerfs d’Artémise. Ils ont tous deux des efforts à faire pour créer l’harmonie dans la classe. Heureusement, Artémise se découvre une nouvelle passion lorsqu’avec sa mère elle fait la connaissance d’un nouveau voisin japonais dont la maman, spécialiste des bonsaïs, vient d’arriver au pays.
Grâce à leurs passions communes, Stéphane et Artémise arrivent à bien travailler ensemble, comme quoi l’art est une belle façon de rassembler les peuples étrangers.
Un petit dossier en annexe permet aux jeunes de créer un bonsaï.
D’où viens-tu Aya?
Comme dans le roman précédent, l’arrivée d’une famille étrangère dans le quartier aiguise la curiosité de Rosaline.
« J’ai entendu dire que ceux qui ont loué cette maison viennent de très loin. D’un autre pays, sur un autre continent. Ils commencent une nouvelle vie ici et ce n’est sûrement pas facile. »
Les vacances de Noël achèvent et Rosaline tente de communiquer avec Aya, cette nouvelle voisine de son âge qui ne parle pas français. Ensemble elles vont patiner, jouer dans la neige et une panne d’électricité réunit les deux familles. Théo, le meilleur ami de Rosaline, un peu jaloux de perdre sa place, se sent délaissé et devient méchant. Il se moque d’Aya qui ne parle pas bien le français et ne sait pas jouer au hockey. C’est la disparition de Roxy, la chienne de Théo, qui permettra aux amis de se rapprocher de façon bien agréable. Danielle Charland idéalise un peu l’accueil des nouveaux arrivants dans une volonté d’éducation et d’ouverture chez les enfants du primaire.
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Charland, Danielle. Doù viens-tu, Aya? Illustrations de Caroline Merola. Montréal, Éditions Pierre Tisseyre, 2017, 80 p. (collection Sésame, 150)
Gendreau, Gabriella. Les mots d’Eunice. Ill. Nahid Kazemi. Montréal, Éditions de l’Isatis, 2017, 32 p.
Hohn, Nadia L. Le costume de Malaika. Texte français d’Isabelle Allard. Illustrations d’Irene Luxbacher. Toronto, Éditions Scholastic, 2017, 32 p.
Lavoie, Diane. Artmise Bonsaïka. Ill. Jessie Chrétien. Saint-Lambert, Éditions Soulières, 2017, 94 p. (collection chat de gouttière, 60)
Mc Carney, Rosemary. Où vais-je vivre? Texte français de Valérie Bourdeau. Toronto, Éditions Scholastic, 2017, 25 p.
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