Cinq jeunes maskoutains présentent une exposition collective des plus éclectiques. QUINTESSENS, une exposition marginale, jazzée, poétique, parfois incadrable, parfois rafraichissante, se retrouve chez Osmose - Café des arts, jusqu’au 25 juin.
Nourris par différentes tendances, Hansé Galipeau-Théberge, Mathieu Lavoie, M. Parapluie (Julien Labelle), Olivier Gingras et Philippe Chagnon ont décidé d’occuper quelques murs des espaces d’Osmose — Café des arts. Crédit photo : Olivier Gingras.
Hansé Galipeau-Théberge
Dès l’adolescence, Hansé Galipeau-Théberge dessine pour s’évader des périodes scolaires trop lourdes ; puis, au cégep, il découvre la peinture. Inspiré par le grotesque, il aime frapper l’imaginaire, déranger, mais sans tomber dans la facilité : son art exprime une émotion, mais laisse une place au travail interprétatif, réflexif, introspectif.
Critique, Galipeau-Théberge prend du temps avant de toucher à ses pinceaux. Par contre, quelques heures sont nécessaires à la matérialisation de l’émotion. Et ne pas avoir en tête les détails picturaux du produit fini ne l’arrête pas. Pour l’artiste, ressentir la richesse d’une émotion et être en mesure d’en exprimer la complexité suffisent pour commencer à peindre.
Ses peintures illustrent des lieux crus, marginaux et provocateurs. Elles abordent les thèmes de l’icône religieux, de l’agression sexuelle, du carnassier, de la nudité, de l’arsenal militaire et du cirque (les clowns, proies faciles au déséquilibre, habitent l’œuvre de l’artiste), mais dans des perspectives oniriques parfois très violentes.
Artiste de l’onirisme, mais doublé d’un sens provocateur lucide, Hansé propose des œuvres (parfois très colorées) qui expriment avec force une émotion, mais qui engendrent aussi un processus de réflexion chez l’observateur à propos de thèmes trop souvent banalisés par la société.
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- Hansé Galipeau-Théberge. Un art qui exprime une émotion, mais qui laisse une place au travail interprétatif, réflexif, introspectif.
Mathieu Lavoie
Mathieu Lavoie : une très belle découverte. Vraiment. L’artiste explore l’univers des arts picturaux en peintures et en calques d’images puisées dans des revues issues de ventes de garage. Son art, rafraichissant à souhait, révèle avec générosité un imaginaire soucieux du détail et de sa plus belle expression : le vivant.
À voir ses œuvres sur panneaux de bois, on saisit le plaisir d’un être pour qui les formes ont du sens lorsqu’on les intègre dans une perspective évolutive, adaptée au contexte des êtres vivants. Immensément pragmatique, le travail de l’artiste rend hommage à la simplicité et à la richesse des couleurs, des lignes, des textures et des formes souvent délavées, mais très présentes. Autodidacte et profondément explorateur, Mathieu Lavoie s’intéresse de plus en plus à la photographie. Espérons que l’artiste continura à « montrer sans démontrer » que l’art, à l’instar du vivant, articule sa propre direction, sa propre dynamique, toujours en lien avec son environnement.
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- Mathieu Lavoie. Le plaisir d’un être pour qui les formes ont du sens lorsqu’on les intègre dans une perspective évolutive, adaptée au contexte des êtres vivants.
Monsieur Parapluie
Monsieur Parapluie crée dans le respect de ses goûts, plus axés sur les formes carrées que les rondes. Sensible à l’harmonie, il crée des œuvres où chaque couleur prend sa place sans étouffer les autres. Le résultat, à la fois abstrait et figuratif, demande à être apprécié à différentes distances. En effet, ses grandes surfaces peintes (qui aiment occuper de vastes pièces) exposent des fragments de textes de petite taille, qui demandent de s’approcher de la toile pour être lus. Ces fragments, issus d’un livre de records Guiness, relatent des exploits de guerre. Alors que celle-ci fait partie de l’humanité, ces textes teintent avec forces le côté morbide et chaotique des œuvres exposées.
L’équilibre général est élégant et spontané. Les pièces exposées consacrent avec sensibilité l’affection de l’artiste pour les couleurs, les textures et les contrastes, le médité et le hasard. Leur organisation interne laisse une place au chaos, mais sans tout lui donner : les touches d’automatisme de l’artiste s’entretiennent bien avec les formes méditées, mais les mettent aussi en valeur.
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- Monsieur Parapluie. Des œuvres où chaque couleur prend sa place sans étouffer les autres.
Olivier Gingras
Olivier Gingras crée pour voyager, s’évader du quotidien. Mais si ses toiles peuvent rappeler des horizons, l’artiste se défend d’en avoir reproduit. Il ne sort pas de chez lui, crayon à la main, pour reproduire des espaces réels : au contraire, il crée de nouveaux espaces pour mieux sortir de chez lui.
Ses toiles peuvent être qualifiées d’incadrables : des bandes de tissus de plusieurs centimètres en débordent. À tout prendre, l’ensemble de l’œuvre que l’artiste expose occupe les marges, l’extérieur, le dehors (que ce dehors soit sur le côté des toiles ou sur sa surface). Les tons de beiges s’harmonisent avec délicatesse aux tissus. Le pastel sec, que l’artiste vaporise d’eau pour mieux le fixer, ne jure jamais. Une belle invitation au voyage...
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- Olivier Gingras. Créer l’ailleurs ; inventer de nouveaux horizons.
Philippe Chagnon
L’ensemble des œuvres que l’artiste expose rappelle que les rythmes musicaux peuvent se lier avec justesse aux couleurs. Et aux textures. Les couleurs et les motifs, présentés sous forme de trames mises en perspectives, sont agréables à l’oeil, absorbent bien la lumière. Avec vie...
L’adepte de la déambulation littéraire (Philippe met en poésie ses déplacements urbains) offre ici de beaux égarements picturaux. Son œuvre, jeune, possède beaucoup de profondeur, de soi, d’intime. Fortement influencé par le musical (l’artiste aurait beau cacher qu’il est musicien, son œuvre le trahirait), ses toiles devraient trouver preneur chez les amants de jazz.
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- Des œuvres de Philippe Chagnon. Rythmées, pleines et poétiques.
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Re: Exposition éclectique
Hansé –Ajouter un commentaire