Les couteaux volent bas lors des WordUP ! Battles. Tous les coups sont permis : des propos incestueux aux allusions à un passé douteux. Les perdants qui réussissent à revenir à leur domicile intacts y restent pendant plusieurs jours, et ce, sans se pointer le nez dehors.
(Mat Champagne est étudiant au cégep de Saint-Hyacinthe)
WordUP ! Battles est une ligue de combat de free-style hiphop francophone qui évolue depuis quelque temps dans certaines villes du Québec.
Un contre un, ou parfois en duo, les emcees s’affrontent dans une bataille divisée en trois rondes d’environ une minute. S’il y a match nul, une prolongation aura lieu. Les mots, les gestes et l’attitude sont les armes dont disposent les participants. Aucun micro, aucun beat, l’auditoire est prié de se taire.
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- On voit l’animateur Rémi « filigrann » Ste-Marie avec son co-hôte Loe Pesci en train de présenter un BATTLE.
Le hiphop étant originaire de la rue, les organisateurs préservent la proximité entre les protagonistes et la foule qui se trouve sur le même plancher. L’absence de scène et de système de son accentue le caractère urbain et underground. Par contre, la réaction de la foule est inévitable lorsqu’une série de vers débouche sur un bon punchline.
Le gagnant repart avec une somme en argent déboursée par les deux concurrents. Le montant de base de cent dollars peut être relancé selon le niveau de confiance des belligérants. Les batailles sont d’une durée d’environ dix minutes chacune et sont disponibles en ligne sur youtube. Pour ceux qui aiment ressentir l’action de près, il vous est recommandé d’assister aux événements en personne.
Version québécoise du concept
Les co-fondateurs, Rémi « Filigrann » Sainte-Marie et Jo le Zef, se sont inspirés des ligues anglophones comme Grindtime et King of the dot. Pour les organisateurs, « l’idée était surtout d’imaginer nos artistes québécois évoluer dans ce concept déjà bien vivant à Toronto et aux États-Unis » nous a confié Rémi Sainte-Marie. L’objectif de ce type de confrontation est de créer une source de divertissement intéressante pour les adeptes du genre.
Bien que le phénomène croie en popularité, la ligue s’impose tout de même certaines restrictions en ce qui concerne l’expansion. Aucun partenaire commercial de grande entreprise et les prestations doivent se limiter à un public cible d’une centaine de personnes environ.
« Nous faisons attention justement pour ne pas perdre l’essence. (…) il est important de préserver certains éléments qui feront en sorte que la discipline sera avant tout pratiquée par des connaisseurs et pour des connaisseurs » a répondu Fili lorsque la question des récents succès de la ligue a été abordée.
L’impact des WordUP ! Battles se fait sentir un peu partout au niveau de la scène hiphop québécoise. C’est un bon média pour faire découvrir les artistes underground nous a affirmé Fili : « On peut vraiment ressentir un intérêt qui se transpose du Battle à la musique des participants. »
Les organisateurs reçoivent sans cesse des commentaires positifs sur les artistes découverts par l’auditoire à la suite de leur apparition aux combats. Ce qui vient prouver, en quelque sorte, l’utilité et la place de la ligue dans la scène.
Toute attaque physique est interdite
Malgré la crudité des propos entretenus entre les combattants, aucune violence n’est tolérée. « La politique des WordUP ! est claire : toute attaque physique est absolument interdite et toute personne contrevenant à notre politique ne sera tout simplement plus la bienvenue dans nos évènements » a rétorqué l’organisateur.
Le hiphop étant une contre-culture, l’organisation de tels événements doit être superposée à la vie de tous les jours des personnes qui s’occupent de huiler cette machine. « C’est un véritable travail à temps plein ! Zef passe des heures interminables devant son ordinateur à essayer de régler les problèmes techniques » affirme Rémi.
Il soutient également que le travail d’organisation s’étire jusqu’aux petites heures du matin. L’entourage des membres de l’équipe fait parfois des surdoses de sujets reliés aux WordUP ! Battles. C’est dire à quel point Rémi « Filigrann » Sainte-Marie, Jo le Zef, Annabelle Sirois et Lyricest sont dédiés.
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