Le gouvernement Harper, majoritaire, entraîne le Canada dans une nouvelle guerre, au sein de la plus récente coalition mise en place par les États-Unis, cette fois-ci pour combattre le « groupe armé État islamique » (EI). Le Collectif Échec à la guerre rejette les prétextes sécuritaires ou humanitaires invoqués par les nouveaux coalisés et dénonce cette participation du Canada à une nouvelle agression occidentale illégale.
Soyons clairs dabord sur une chose : nous sommes tout-à-fait daccord pour considérer que les forces de lEI sont responsables de crimes ignobles : massacres de minorités, décapitations ostentatoires dotages, etc.
Malgré cela, il est faux de penser que lEI représente une menace pour la sécurité internationale et pour celle du Canada. Et la prétention de nos gouvernements de « protéger les civils vulnérables et innocents de la région » en procédant à des bombardements ne résiste pas à une analyse un tant soit peu sérieuse.
Depuis 1991, ce sera la troisième guerre des États-Unis contre lIrak, à la tête de diverses coalitions : aucun pays ni aucune force na jamais semé autant de destruction et massacré autant de « civils vulnérables et innocents » en Irak que les États-Unis. Les crimes de Saddam Hussein, terrible dictateur sans lombre dun doute, palissent au regard des leurs. Dautre part, ce sont des fidèles alliés des États-Unis dans la région qui ont, depuis longtemps, armé et appuyé lEI et dautres groupes djihadistes en Irak et en Syrie ou qui leur ont permis de transiter par leurs frontières, le tout dans le but quils renversent le régime Assad. Pendant toute cette période, on na surtout pas braqué les projecteurs des médias sur les crimes que ces forces commettaient et les marchands darmes, y compris ceux du Canada, ont continué de faire de bonnes affaires
Lintervention militaire à laquelle le Canada va participer est illégale au regard du droit international. La Charte des Nations-Unies stipule en effet que le Conseil de sécurité doit être saisi de toute « menace à la paix et à la sécurité internationale » et que cest à cette instance quil revient de prendre les mesures appropriées. Le fait que lIrak ait appelé à laide ne fournit aucune justification à ce quun groupe de pays se lance en guerre dans la région, en profitant même pour bombarder un autre pays, la Syrie. La mise en place de cette coalition et la participation canadienne ne font que contribuer à leffritement de plus en plus grand de lordre international mis en place au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. De façon tout-à-fait malhonnête, la résolution conservatrice à la Chambre des Communes tente de conférer une légitimité à sa décision en faisant référence à la résolution 2178 du Conseil de sécurité; or cette résolution traite des combattants djihadistes étrangers et na rien à voir avec la coalition mise en place par les États-Unis.
Les frappes aériennes des nouveaux coalisés et la fourniture darmes plus sophistiquées aux forces armées irakiennes et kurdes ne contribueront en rien à améliorer la situation dans cette région du monde, déjà complètement ravagée par la guerre. Bien au contraire, elles provoqueront plus de morts, de souffrances et de destruction. Elles approfondiront les divisions et intensifieront les « nettoyages » ethniques.
Le « groupe armé État islamique » contrôle un très large territoire par rapport à limportance réelle de ses effectifs. Une des raisons de cette situation est lappui, au moins tacite, dont il jouit de la part de limportante minorité sunnite en Irak. En effet, depuis 2003, cette minorité a été lobjet de politiques sectaires et de terribles agressions militaires, dabord de la part des forces doccupation étasuniennes puis du pouvoir central shiite à Bagdad, appuyé et armé par les États-Unis. Le ressentiment de cette minorité a été canalisé en appui à lEI. Des interventions qui viseraient à satisfaire certaines revendications sunnites contribueraient à atténuer ce ressentiment et affaiblirait lEI. Les bombardements des coalisés auront leffet contraire.
Le Collectif Échec à la guerre dénonce depuis quelque temps déjà la montée du militarisme au Canada. Le dénigrement des Nations Unies et la guerre saffirment de plus en plus comme éléments centraux de la politique étrangère du gouvernement Harper. Même si nous approuvons, évidemment, les votes dopposition du PLC, du NPD, du Parti Vert et du Bloc Québécois nous déplorons la faiblesse de leurs argumentaires mettant trop laccent sur la durée éventuelle de lintervention, son possible « enlisement », etc. Et nous trouvons complètement contradictoire lamendement proposé par le NPD qui aurait vu le Canada faire de lhumanitaire et livrer des armes !
Le Collectif Échec à la guerre invite les Québécois et les Québécoises à faire connaître leur opposition à la participation canadienne à cette guerre par tous les moyens à leur disposition. Un appel à une manifestation de protestation à Montréal sera bientôt lancé.
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