
Anne-Marie Aubin
Nous devons tous un jour ou l’autre faire face à la mort d’un être cher, d’un animal, d’une relation et rien ne sera plus jamais comme avant. Le deuil qui s’ensuit, incontournable et pénible, se vit différemment chez chacun. Comme par hasard, de nombreux livres, parus récemment, abordent cette thématique. En voici quelques-uns.
Dire adieu à son enfant
Nous devinons combien il a dû être difficile de réaliser ce projet de fin de vie. L’amour infini d’une mère est là au fil des pages, l’impuissance également devant la maladie, devant cette réalité trop injuste!
Le récit passe par les yeux de l’enfant. Elle raconte son quotidien auprès de sa maman qui vit dans une bulle pour se protéger du monde extérieur. Parfois, elle partage cet espace avec sa mère pour prendre le petit déjeuner, dessiner et raconter ses excursions avec son papa.
Ce livre constitue un cadeau immense d’une maman à sa fille, comme un témoignage d’amour pour ceux qui restent après la mort. Remarquable et émouvant!
Les souvenirs d’un être cher
La fillette fait le tour de la maison puis assise dans la chaise berçante, elle dit : « Je ne te vois plus lire des histoires. Toi dans ton fauteuil préféré, moi sur tes genoux. » Puis, elle passe dans la cuisine : « Je ne te vois plus dans ta cuisine. Tu me laissais goûter tout ce que tu préparais.» On devine l’absence d’un être cher pour cette fillette qui se trouve très désemparée, bouleversée. Mais en revoyant tous ces objets familiers des souvenirs heureux surgissent: «Je ne sais pas où tu es. Mais quand je vois tout ça, je souris. Car je ne vois plus que toi.»
Collages, photographies et dessins au crayon illustrent avec justesse l’absence, le vide et les objets sans vie dans les pièces de la maison. Voilà un magnifique album pour apprivoiser le deuil.
La perte d’un animal de compagnie
Une fillette et ses parents trouvent un chat aux Îles Mingan, d’où son nom. Ils décident de l’adopter. La fillette s’en fait un ami, un confident, mais un jour survient la maladie : « Quand j’entre dans la clinique avec Mingan, papa et maman, mes yeux brûlent. Dans sa cage, Mingan pousse d’étranges miaulements. Il a peur, je le sens, très, très peur. Moi aussi. »
On comprend qu’il faut euthanasier Mingan parce qu’il est trop malade. Désemparée, la petite souffle à l’oreille de son chat : « Je ne t’oublierai pas. »
Un jour d’automne, ensemble, ils vont enterrer son collier, rituel qui fait partie du deuil. Puis vient l’hiver blanc et froid, suivi du printemps où la nature renait. La vétérinaire propose l’adoption d’un chaton, lequel trouve vite sa place au sein de la famille. On n’oublie pas Mingan, mais on apprend à l’aimer malgré l’absence car la vie continue
Le texte de Marie-Andrée Arsenault aborde la maladie, la mort, le deuil tout en douceur grâce au ton poétique : « Les jours passent. Dehors, les arbres se colorent. Les feuilles tombent comme la pluie. Maman m’apprend à planter des bulbes de tulipes. Elle me promet que le printemps reviendra. »
Amélie Dubois illustre avec beaucoup de tendresse les atmosphères entourant les différentes étapes du deuil de la fillette. Des détails témoignent de l’absence de Mingan : la cage vide, un dessin sur la buée de la fenêtre… puis on craque devant le bébé chaton. Un magnifique album pour aborder le deuil, la perte, le vide.
Le soutien suite au deuil
Alors Madame Lili se met à composer des chansons pour réparer le cœur blessé d’une fillette qui a perdu son chat, d’un garçon qui s’ennuie de sa grand-maman… faisant ainsi la joie de tout le quartier. Un jour, elle se présente au parc sans sa valise, les yeux rougis, son canari ne chantera plus jamais… Chacun vaquant à ses occupations, Madame Lili se retrouve seule sur son banc avec sa peine… Jusqu’à ce que les enfants reviennent avec une surprise.
Cette histoire n’est pas sans rappeler Le jouet brisé de Louis Émond, album qui aborde le recyclage, les relations intergénérationnelles l’entraide de la vie de quartier.
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Marie-Andrée Arsenault. Mingan les nuages. Illustrations d’Amélie Dubois. Montréal, Éditions de l’Isatis. 32p. (collection Tourne-Pierres)
Geneviève Castrée. Une bulle. Montréal, Éditions La Pastèque, 2018, 18 p.
Paul Martin. Je ne te vois plus. Éditions 400 coups, 2017, 28p.
Gilles Tibo. Le grand cœur de madame Lili. Illustrations d’Irene Luxbacher. Toronto, Éditions Scholastic, 2017, 32p.
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