Anne-Marie Aubin
Lire en vacances avec… Marc Cassivi
Journaliste, critique de cinéma, Marc Cassivi est chroniqueur à La Presse depuis 1993. Ces dernières années, certains de ses textes au ton plus intimiste racontaient divers aspects du quotidien de ses fils qu’il nomme « Fistons » question de préserver leur anonymat.
L’auteur vient de publier Nos fistons, un choix de textes parus entre 2007 et 2022 ainsi qu’un texte inédit. Nous suivons le quotidien de ses enfants de la petite enfance à l’adolescence à travers les yeux d’un papa aimant, dévoué, généreux de son temps et conscient du temps qui passe trop vite.
Patrick Masbourian, père de cinq enfants, signe la préface dans laquelle il relate quelques souvenirs du fiston qu’il était au sein de sa famille, puis de sa relation avec ses enfants. Il appartient, comme Marc Cassivi, à cette nouvelle génération de pères très impliqués et soucieux du bonheur de leur progéniture et du partage des tâches au sein de la famille.
Pas besoin d’être un papa ni d’avoir des fistons pour apprécier ce livre plein de tendresse qui fait réfléchir sur notre rôle à tous en matière d’éducation et de transmission.
Créer des souvenirs
Impuissant à retenir le temps qui passe parfois trop vite, ce père sensible, amoureux fou de ses fils, se soucie constamment de leur bien-être. Attentif à leurs besoins, il les observe, s’interroge et parfois compare son enfance à la leur.
Comme son père l’a fait avec lui, Marc Cassivi transmet sa passion pour le cinéma, le sport, la musique sans trop s’imposer. Il ressent une réelle émotion lorsque l’intimité, la fusion s’installe tout naturellement. Par exemple, lorsque l’un de ses enfants demande à aller au cinéma : « Ce n’est pas une simple demande faite par un fils à son père de le conduire au cinéma. C’est une invitation à partager une expérience avec lui. À soulever l’accoudoir qui nous sépare – dans les salles qui le permettent – pour nous coller et piger dans le même sac de pop-corn.[…] Cette question et le rituel qu’elle promet sont pour moi très précieux. Parce que je sais que le temps file, que les choses évoluent vite et que viendra un jour – dans deux, trois ans? – où ce ne sera plus avec moi qu’il aura envie d’aller au cinéma. »
De père en fils
Cette famille montréalaise semble peu friande des transports en commun. Marc Cassivi – comme beaucoup de parents sans doute – passe beaucoup de temps sur la route pour conduire fiston à une fête d’ami, un cours, une partie de soccer, à l’école : « Les garçons ne sont pas « jaseux » le matin. Moi non plus, du reste. Je ne me formalise pas des écouteurs que portent en permanence Fiston. Je refuse de devenir ce « père-là ». Il est bien dans sa bulle. Il a besoin de sa musique pour vivre. Et moi de la mienne. C’est une question d’équilibre, comme le chantait Francis Cabrel à l’époque où mon père faisait jouer ses cassettes dans la voiture en route vers l’école secondaire. »
Les expériences partagées par Marc Cassivi, ce père poule aux doutes constants, nous réconfortent dans nos propres questionnements et nous donnent espoir dans l’avenir. Cette lecture nous rappelle l’enfance, les premières fois, les moments magiques, les épreuves également, tous ces moments précieux qui forgent cette merveilleuse jeunesse, les adultes en devenir.
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Marc Cassivi. Nos fistons. Préface de Patrick Masbourian. Éditions Somme Toute, 2023, 173 p. (Collection Parcours)
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