Environnement

Le mensonge vert est loin d’être blanc

L’écoblanchiment est un ensemble de pratiques trompeuses qui visent à donner un lustre environnemental ou écologique à quelque chose qui ne l’est pas. Au-delà de l’aspect moral, ces mensonges posent plusieurs problèmes. Ils ont notamment pour effet de décourager et de démobiliser les gens de la cause environnementale. Il est donc utile de savoir reconnaître rapidement si on a affaire à de l’écoblanchiment lorsqu’on y est confronté. Voyons comment nous y prendre à l’aide d’exemples.

Que ce soit comme incitatif à faire l’achat d’un produit ou encore pour camoufler des pratiques dommageables pour l’environnement, on nous sert souvent des demi-vérités ou des informations ambiguës. Un marketing basé sur l’absence d’un ingrédient dangereux, par exemple, pourrait très bien cacher le fait qu’un autre ingrédient dangereux s’y trouve. C’est difficilement applicable (on ne peut pas toujours tout connaître), mais on devrait vérifier l’ensemble des ingrédients à l’intérieur d’un produit. On pourrait très bien demander une législation et des normes plus strictes et cela aurait le même effet : nous débarrasser des ingrédients dangereux.

Autre casse-tête pour les consommateurs : la mention « 100 % naturel ». Cette mention parait rassurante mais ne devrait pas procurer à quiconque un sentiment de sécurité. La liste des substances 100 % naturelles dangereuses pour la santé humaine et environnementale est longue. Nous ne la dresserons pas au complet, mais nous pouvons quand même rappeler l’existence (très naturelle, bien entendu) du radon, de l’amiante, du venin d’araignée, du mercure, du cyanure, du tigre de Sibérie et même de la foudre. Ce sont là des exemples qui permettent facilement de comprendre que naturel est bien loin de rimer avec sécuritaire. Méfions-nous donc.

Tomber du quinzième étage d’un édifice vous causera probablement moins de dommages que si vous tombiez du quarantième. Accepteriez-vous pour autant qu’on vous pousse en bas du quinzième? Bien évidemment, la comparer à pire ne rend pas pour autant cette proposition intéressante. Attention : une marque qui prétend être moins dangereuse que les marques concurrentes n’est donc pas nécessairement sécuritaire.

Une des tactiques les plus dommageables pour la cause environnementale est l’utilisation de fausses certifications. On voit se multiplier les logos « verts » sur les produits et on y perd notre latin. Plusieurs compagnies inventent des certifications qu’elles sont les seules alors à apposer à leurs produits. Cela a comme effet de discréditer les vrais logos et provoque une perte de confiance chez les consommateurs lorsqu’ils l’apprennent. À quoi bon se fier aux certifications ensuite? Exigeons que nos gouvernements fassent le ménage là-dedans et punissent sévèrement les fausses allégations.

Sans tomber dans l’angélisme, nous pouvons quand même voir dans l’existence de l’écoblanchiment une certaine bonne nouvelle. Car si des gens pensent pouvoir tirer un avantage à nous mentir à propos de la valeur écologique de ce qu’ils proposent, c’est signe que nous sommes nombreux à avoir une préoccupation pour l’environnement et à vouloir faire des choix environnementalement responsables. Nous ne sommes donc pas seuls à vouloir combattre l’écoblanchiment. Voilà qui est encourageant.