Culture

Au Centre Expression : Des images, des sons et un piano démembré

L'artiste Jocelyn Robert. Photo : Paul-Henri Frenière

Des portraits numérisés, des photographies de lieux, un piano démembré : toutes des œuvres aux multiples couches de sens qui composent l’exposition Conjonctures présentée jusqu’au 27 octobre au Centre Expression par l’artiste Jocelyn Robert.

Le piano de mon père

L’élément central de cette nouvelle exposition est composé d’un piano dont les parties sont dissociées et étalées sur le plancher. « C’était le piano de mon père, raconte Jocelyn Robert. C’est sur ce piano que j’ai appris à jouer lorsque j’étais petit ».

L’installation serait une métaphore de la relation qu’il a maintenant avec son père, âgé de 96 ans, qui subit les effets du vieillissement. « Ce sont des fragments, mais des fragments cohérents » dit-il.

L’instrument de musique est dépourvu de son panneau, découvrant ainsi les cordes qui sont actionnées par de petits moteurs électriques – comme ceux que l’on retrouve dans les téléphones cellulaires – contrôlés par un ordinateur.

L'artiste Jocelyn Robert. Photo : Paul-Henri Frenière

Les sons sont enregistrés par des micros incrustés dans l’instrument puis diffusés, de manière décalée, par des haut-parleurs dispersés dans la salle. « L’artiste met ainsi en évidence la transformation graduelle des sons émis, le signal se modifiant tout au long de son parcours de diffusion, processus s’appliquant par analogie à toute autre forme de communication » explique-t-on.

Couplé à des criminels

Devant le piano démembré, on retrouve une série de portraits de l’artiste qui diffèrent quelque peu les uns des autres. Jocelyn Robert a eu l’idée de prendre sa photo de passeport et de la soumettre à un moteur de recherche Google qui retrace des images similaires.

À sa grande surprise, ce sont majoritairement des photos de criminels recherchés qui sont ressorties. Il les a superposées numériquement à sa propre photo, créant ainsi des images composites toutes différentes, mais ayant un certain air de famille…

L’ensemble de l’exposition, tant par ses œuvres visuelles que sonores, s’attarde aux variations du signal, depuis l’émission jusqu’à sa réception. Par son exposition, Jocelyn Robert va au-delà de la simple présentation d’œuvres techniques. il nous propose une métaphore de la « société numérique » dans laquelle nous vivons.

Un parcours impressionnant

Jocelyn Robert détient un baccalauréat en architecture de l’Université Laval et une maîtrise en arts visuels de l’Université de Stanford en Californie. Le jeune sexagénaire est un artiste multidisciplinaire et c’est vraiment le cas de le dire : Il travaille dans la musique, l’art audio, l’art informatique, la performance, l’installation, la vidéo et l’écriture.

En plus d’avoir participé à de nombreuses expositions individuelles ou collectives à travers le monde, il a  réalisé plusieurs concerts et performances, tant au Canada qu’à l’étranger. Ses œuvres font partie de collections privées et publiques, notamment celles du Musée des beaux-arts de Nantes et du Musée national des beaux-arts du Québec. Il a été directeur de l’École d’art de l’Université Laval de Québec, ville où il demeure.

Une visite à ne pas manquer

Une visite commentée par l’artiste aura lieu le samedi 14 septembre à 14 heures et MOBILES recommande fortement d’y assister si vous êtes intéressés par cette exposition. Car Jocelyn Robert a un talent indéniable de raconteur. Il explique avec aisance sa démarche artistique et partage volontiers les anecdotes qui l’ont ponctuée, qu’elles soient positives ou plutôt hasardeuses.

On profitera également du vernissage pour présenter un texte de l’auteure et critique d’art Cynthia Fecteau concernant l’exposition. Les visiteurs pourront aussi se procurer un guide, soit un petit document écrit qui se veut une ressource complémentaire à la visite. L’exposition se termine le 27 octobre.