Denis Farley nous amène aux confins du visible

Aux confins du visible, de Denis Farley, tient l’affiche au centre d’exposition Expression de Saint-Hyacinthe jusqu’au 22 avril 2018. Dans cette exposition, les photos de l’artiste nous amènent à réfléchir et à voir au-delà du visible, ce qu’il appelle l’infravisible.

Dans une nouvelle série d’œuvres, des lieux familiers qui parsèment le paysage nous sont montrés sous un autre jour. Des clochers d’églises et d’autres structures en hauteur, autrefois lieux de rassemblement et repères dans le paysage, ont aujourd’hui acquis de nouvelles fonctions invisibles à l’œil nu. Même si nous l’ignorons, ils contribuent toujours à nous lier aux autres parce qu’ils abritent des émetteurs-récepteurs pour les réseaux de télécommunications.

Toujours en lien

À travers l’usage de notre cellulaire, nous sommes toujours en lien avec ces lieux, mais sans le savoir. Les photos des structures ont été solarisées, ce qui suggère un détachement par rapport au réel, une interférence. Chaque photo a reçu un traitement différent qui la rend unique et fascinante. Le visible et l’invisible qui y sont présentés amènent un questionnement sur la prolifération d’ondes qui nous entourent.

Regard d’enquête

Le commissaire de l’exposition, Vincent Lavoie, décrit Denis Farley comme un artiste cohérent dans ses préoccupations. Tout au long de sa carrière, il s’est questionné sur notre rapport à la surveillance, et sur les dispositifs de vision et de distribution de l’information. Il représente, par l’image, les formes mouvantes, intangibles et évanescentes des ondes, flux, algorithmes et autres éléments qui échappent à notre compréhension et qui, pourtant, font partie de notre quotidien connecté.

L’une des photos de 1984 montre une caméra de surveillance tellement intrusive qu’on ne peut pas la manquer. Aujourd’hui, nous nous savons surveillés, mais sans savoir où sont les caméras. À travers l’œuvre de l’artiste se tisse un discours sur notre rapport à la surveillance, sur les informations sur lesquelles nous n’avons aucune prise et sur des enjeux sociétaux tels la divulgation d’informations et les dérapages possibles.

Nuages et infonuagique

Une série de photos récentes représentent des nuages, certains réels, d’autres reflétés. Au départ, Denis Farley cherchait à se détacher du physique en photographiant des nuages. Il voulait aller vers quelque chose de zen. La trame de fond de son œuvre l’a toutefois rattrapé puisque, depuis l’avènement de l’infonuagique, nous ne regardons plus les nuages de la même façon. Eux aussi peuvent abriter, de façon métaphorique, l’invisible.

Aux confins du visible montre un autre volet de l’œuvre de Denis Farley à Plein sud, centre d’exposition en art actuel à Longueuil jusqu’au 7 avril 2018. Les photos de ce volet représentent les méandres des systèmes d’acheminement des informations numériques. Des kilomètres de fils de toutes les couleurs sont interconnectés pour permettre la transmission de la voix, d’informations et d’images dont dépend notre quotidien. Si les fils sont visibles, leur fonctionnement, lui, échappe largement à notre compréhension.

Monographie

Lors du vernissage de l’exposition à Expression avait lieu le lancement d’une monographie de Denis Farley coécrite par l’artiste et par le commissaire de l’exposition, Vincent Lavoie. Cette monographie présente l’ensemble de la carrière de l’artiste avec des corpus ciblés. Les œuvres récentes y tiennent le haut du pavé et font écho à des œuvres de 1985. Le lien entre elles est la présence de la technicité dans la plupart de celles-ci.

Concours ouvert à tous à Expression

Le concours Place à la création 2018 a comme sujet l’exposition de Denis Farley. Ce concours est ouvert au grand public, de même qu’aux élèves du collégial et du secondaire. La participation peut prendre la forme d’un texte critique, d’un texte créatif ou d’une création visuelle.

Exposition : https://www.expression.qc.ca/expositions-2017-2018.php?expo=157

Règlements du concours : https://www.expression.qc.ca/concours-place-a-la-creation.php