Culture
Prix de la relève, 2e édition

Des vies claquemurées

Le journaliste aux affaires municipales du Journal Mobiles, Carl Vaillancourt, en compagnie de la récipiendaire de la bourse de la relève journalistique maskoutaine (150$) Élyanne Leclerc et de la professeure du cours Initiation au journalisme lors de la session hivernale, Daphné Lajoie, devant l'entrée principale du Cégep de Saint-Hyacinthe. Photo : Nelson Dion

Prix de la relève, 2e édition

Le Journal Mobiles encourage la relève journalistique

Pour la deuxième année consécutive, le Journal Mobiles est fier de souligner le journalisme étudiant en remettant une bourse d’une valeur de 150 $ à une élève inscrite au cours Initiation au journalisme au Cégep de Saint-Hyacinthe. Dans le cadre de leur formation, les élèves devaient rédiger un article de forme journalistique pour la fin de leur session collégiale. 

Notre journaliste aux affaires municipales, Carl Vaillancourt, a offert une conférence aux élèves le 28 avril dernier. Il leur a fait part de sa vision sur l’état du journalisme ainsi que de ses expériences passées lorsqu’il agissait comme journaliste pigiste aux faits divers pour Le Journal de Montréal et comme journaliste télévisuel à CIMT Nouvelles.

Dans le but d’identifier le meilleur travail journalistique de la classe, notre journaliste a tenu compte d’une série de critères comme l’originalité du sujet, l’angle abordé par les journalistes, la pertinence des intervenants, la démarche journalistique, la pertinence du contenu pour le Journal Mobiles ainsi que la qualité du français. Avec son reportage intitulé Des vies claquemurées, Elyanne Leclerc reçoit ainsi la bourse de la relève journalistique du Journal Mobiles. De plus, la boursière a vu son texte être publié dans notre édition du mois de juin. 

 

Le journaliste aux affaires municipales du Journal Mobiles, Carl Vaillancourt, en compagnie de la récipiendaire de la bourse de la relève journalistique maskoutaine (150$) Élyanne Leclerc et de la professeure du cours Initiation au journalisme lors de la session hivernale, Daphné Lajoie, devant l'entrée principale du Cégep de Saint-Hyacinthe. Photo : Nelson Dion

 

Des vies claquemurées un texte Elyanne Leclerc

En mars 2020, la pandémie du coronavirus a paralysé le Québec avant de faire ses premières victimes. Les habitants du Québec sont confinés dans leur sphère privée et suivent les mesures sanitaires annoncées par le premier ministre du Québec. Deux ans plus tard, la population québécoise s’est adaptée à ce virus afin de vivre leur quotidien. En revanche, ce n’est pas tout le monde qui a eu la chance de cheminer aussi aisément dans leur trajectoire de vie. Au centre L’Inter-Mission de Saint-Hyacinthe, certains individus ont été confrontés à l’isolement durant leur séjour en réinsertion sociale durant la pandémie.

Quel est l’objectif de ce centre ?

L’Inter-Mission de Saint-Hyacinthe, organisme à but non lucratif, est situé en plein cœur du centre-ville. L’organisme s’adresse à une clientèle âgée entre 18 et 65 ans, hommes et femmes. Ce centre a pour mission d’offrir de nombreux services aux personnes ayant complété une thérapie pour mettre un terme à des problèmes reliés à la consommation d’alcool, de drogues ou de médicaments, depuis moins de 24 mois. Ainsi, cet endroit leur permet de suivre une démarche structurée qui leur permet d’acquérir des moyens pour se réintégrer à la société et mettre en place leur plans de vie.

La perception des intervenantes face à leur clientèle.

Selon les deux intervenantes de ce centre de réinsertion sociale, elles sont sans équivoque : l’isolement social a eu un impact considérable dans la vie et le parcours des résidents. En effet, depuis le début de cette crise sanitaire, les individus ont été privés de visites de leur famille et de leurs amis durant la pandémie. C’est ce qu’a affirmé l’une des intervenantes qui a préféré préserver son anonymat.

« Le fait d’être coupé du monde extérieur, de ne plus pouvoir sortir comme bon leur semble et d’être limités à un nombre de sorties dites essentielles chaque semaine, a provoqué énormément de frustration et de colère auprès des résidents. Ils ont hâte de voir le bout du tunnel », a-t-elle mentionné.

Cette ambiance guidée par des émotions négatives a amené les individus à vivre des rechutes. Ce fut plus difficile pour eux de se débarrasser de leurs anciennes habitudes de consommation en plus de ressentir une perte de motivation quant à continuer leurs bonnes habitudes pour réinsérer graduellement la société. De toute évidence, selon les deux intervenantes, cet isolement et les restrictions ont eu un impact non négligeable sur le moral des individus, eux qui étaient plus anxieux et angoissés par cette situation inconnue. Cet état d’esprit a également affecté les responsabilités des résidents concernant leurs tâches hebdomadaires. En effet, leur motivation et leur efficacité pour bien nettoyer le salon, la salle de bain ou les escaliers ont été affectées. Lorsque leurs tâches hebdomadaires n’étaient pas conformes aux exigences, des sanctions leur étaient attribuées telles que des réflexions ou du ménage supplémentaire.

L’impact de la pandémie auprès des résidents

Selon deux des résidents de ce lieu d’habitation, la pandémie a été une période difficile dans leur parcours de réinsertion sociale. En effet, ils ressentaient moins de soutien et de motivation face à leur parcours, puisqu’ils étaient coupés de leur famille et de leurs amis. Francis, l’un des résidents de ce centre, a vu sa famille seulement quelques fois depuis deux ans, ce qui l’a rendu très malheureux.

« Je n’avais pas vu ma mère depuis un an et demi, puis quand le centre m’a permis de la voir, elle a fait trois heures et demie de route pour venir me voir au travers une vitre en plastique. Je n’ai même pas pu lui faire une caresse ou un calin », a-t-il fait savoir.

En effet, avant d’arriver à l’Inter-Mission en octobre 2021, il a passé sept mois en centre de thérapie et pendant quatre mois, il a été privé de sortie à cause des restrictions sanitaires de ce centre. Pour lui, cheminer dans un parcours de désintoxication et de réinsertion sociale est un accomplissement inimaginable, mais il aurait aimé partager ces moments avec sa famille. Son parcours aurait été drôlement plus facile ainsi.

De plus, ce qui revient dans les propos de ces personnes, c’est le fait qu’ils se sentent épuisés, puisqu’ils sont affectés psychologiquement par cette crise sanitaire. En effet, tel que mentionné par un autre résident anonyme.

 « Le fait d’être isolé plusieurs jours et plusieurs semaines, ça affecte les pensées. On était habitué d’être libre, de voir du monde, puis là, je me sens antisociale, plus éloigné des gens, je ne me sens plus comme avant », a-t-il réitéré.

Pour Francis, la levée des mesures sanitaires lui remonte le moral. Ce dont il a le plus hâte, c’est de voir à nouveau le sourire des gens de la population. En effet, selon lui, un sourire, c’est contagieux.