Culture

L’art autochtone contemporain prend la vedette à Expression

cropimg_0046

Le samedi 5 novembre dernier s’est tenu à Expression le vernissage de l’exposition Land Back dans le cadre de la 6ème édition de la Biennale d’art contemporain autochtone. La Biennale s’est d’abord déployée en sept lieux qui mettaient chacun en valeur un thème en particulier. Expression, le huitième lieu, présente des œuvres marquantes de chacun des thèmes et nous fait découvrir la richesse et la diversité de l’expression artistique des premières nations nord-américaines.

Meagan Musseau Becomes Body of Bater Interwoven with Territories Beyond the Sky, 2019 Court métrage d’une performance in situ sur le territoire d'Elmastukwek / Short film of land-based performance on Elmastukwek territory 6 mins. 55 sec.

Land back

Le titre de la 6ème édition de la Biennale, Land back, bien qu’il fasse principalement référence à la réappropriation des droits des autochtones sur leurs territoires, n’est pas juste politique. C’est plus complexe que ça, explique le commissaire de l’exposition, Michael Patten, lui-même un artiste de la nation Zagime Anishinabek. Différents sous-thèmes sont présentés, tels le climat et le Grand Nord, les ressources, le roc, la résilience, le futurisme, les racines et le langage. Ces thèmes sont présentés à travers les œuvres de différents artistes.

Une réalité autochtone diversifiée

Les premières nations ne sont pas un bloc monolithique et la Biennale se veut rassembleuse. Les artistes y présentent leurs visions à travers différentes disciplines et se rallient à travers des thèmes communs.

Le lien à la terre est illustré dans une installation qui met en vedette une plante médicinale et dans une vidéo qui présente une performance dans laquelle l’artiste tresse de longs morceaux de tissus attachés à des racines. Le déracinement est montré de façon émouvante dans un projection vidéo d’une murale de souvenirs rapportés des pensionnats autochtones et dans une série de mains moulées en hommage aux survivants.

Lori Blondeau Asiniy Iskwew, 2016 impression numérique / digital print 152 x 112 cm / 60 x 44 pouces (in)

Une série de photos évoquent la résilience des femmes autochtones et leur appartenance à la terre tandis qu’une autre montre la puissance de la bi-spiritualité, illustrée aussi dans une œuvre vidéographique hypnotisante.  Une performance filmée dans laquelle l’artiste déambule dans des villes, habillé en « indien d’Hollywood », coiffe de plumes comprise, nous renvoie à nos préjugés.

Deux séries de photos montrent les changements climatiques. L’une représente des icebergs dont la présence inquiète. L’autre saisit des moments d’une performance dans laquelle Sedna, déesse de la mer, est désemparée devant les changements qu’elle constate. L’appartenance à la terre, à la mer et au territoire, la nourriture traditionnelle issue de la terre et de la mer, la résilience et l’interdépendance sont illustrées par des œuvres diversifiées et percutantes.

Performance

Lors du vernissage, le chanteur, danseur et gardien du savoir Mi’kmaq Don Barnaby a offert une performance de chant et de danse traditionnels très touchante. Il a aussi parlé de lui, des blessures intergénérationnelles qui l’ont affecté et de son chemin vers la guérison. Entendre son histoire, qui est aussi celle de plusieurs membres des premières nations, permet de prendre la mesure des torts subis et de l’importance de la réconciliation.

À cet effet, la Biennale aide, puisqu’elle présente des œuvres qui sont imprégnées du vécu des artistes autochtones et permet à tous les spectateurs, quelle que soit leur origine, de mieux appréhender les réalités des premières nations et, par le fait même, d’ouvrir un espace de compréhension.

Tel que l’a dit à plusieurs reprises Don Barnaby lors de sa performance, il n’y a qu’une seule race : la race humaine. De façon éloquente, l’exposition nous en fait prendre conscience.

L’exposition se poursuit à Expression jusqu’au 23 décembre 2022.