Roger Lafrance
Le décès du frère Marie-Victorin
Nous sommes le samedi 15 juillet 1944. Sans doute s’agit-il d’une belle soirée d’été comme il y en a tant en juillet. Et pourtant, le Québec s’apprête à perdre l’une de ses plus grandes figures scientifiques. Saint-Hyacinthe sera le théâtre de cette tragédie.
Ce jour-là, le frère Marie-Victorin, à qui l’on doit la Flore laurentienne, vaste recension des plantes du Québec, et le Jardin botanique de Montréal, revient d’une excursion à Black Lake avec quatre compagnons à la recherche d’une plante rare, une variété de fougère qui n’avait pas encore été repérée au Québec.
Marie-Victorin a 59 ans. Malgré une santé fragile, il multiplie les tâches entre le jardin botanique, ses travaux de recherches, la chaire de botanique de l’Université de Montréal et ses nombreuses rédactions. Face au surplus de travail, il n’avait pas participé aux recherches. Il était resté dans l’auto pour rédiger une série de chroniques pour la radio de Radio-Canada.
Sur le chemin du retour, vers 22 h30, à la limite entre Saint-Hyacinthe et Sainte-Rosalie, leur voiture est impliquée dans une collision frontale. La tête du scientifique heurte violemment le pare-brise. Il est coincé entre son siège et le tableau de bord, le visage en sang, mais on réussit à le dégager.
Un automobiliste s’arrête et offre de le conduire à l’hôpital Saint-Charles de Saint-Hyacinthe, mais il refuse, ne voulant pas laisser ses compagnons. La collision a aussi fait 9 autres blessés.
On appelle un taxi mais celui-ci n’arrivera qu’une demi-heure plus tard. Toujours conscient, Marie-Victorin sent soudainement son état se détériorer. Il confie à ses compagnons que son cœur ne supportera pas le choc et il demande à recevoir les derniers sacrements. Un prêtre de la paroisse accouru sur les lieux les lui administre, rapporte l’exposition virtuelle Marie-Victorin: L’itinéraire d’un botaniste, sur le site de l’Université de Montréal.
Enfin, le taxi arrive et on l’installe avec précautions à l’intérieur. Le frère Marie-Victorin meurt d’une syncope durant son transport à l’hôpital.
Le Québec venait de perdre un de ses plus brillants scientifiques. Vulgarisateur hors pair, il a grandement contribué à intéresser les Québécois à la science.
0 commentaires