Culture

Le Journal Mobiles récompense la relève journalistique

De gauche à droite : Mélody Cassivi, gagnante du prix de la relève journalistique, Julie Marcotte, professeure Cégep de St-Hyacinthe, Carl Vaillancourt, ex-journaliste du Mobiles aux affaires municipales, Alice Desjardins, gagnante du concours de la relève journalistique

Dans le cadre d’un concours lancé aux élèves du cours Initiation au journalisme, au Cégep de Saint-Hyacinthe, le Journal Mobiles est fier de reconnaître le talent journalistique de la relève de la région. En étroite collaboration avec la professeure Julie Marcotte, notre ancien journaliste aux affaires municipales, Carl Vaillancourt, a évalué l’ensemble des textes apparaissant dans les trois éditions produites par les élèves de ce cours pour la session d’hiver. Finalement, notre juge a sélectionné deux articles qui sortaient du lot et qui s’inscrivaient parfaitement dans le style de nouvelles publiées par le Journal Mobiles. Ils se retrouvent d’ailleurs dans notre édition papier de juin/juillet 2021.

Nous tenons à féliciter les journalistes Alice Desjardins et Mélody Cassivi pour leur texte ainsi que tous les élèves qui ont participé à ce concours. En plus d’une publication dans l’édition papier du Journal Mobiles, chacune des récipiendaires recevra un chèque de 100 $ pour son article.

 

À notre tour de voter

Par Mélody Cassivi

Mélody Cassivi Âge : 18 ans Résidence : St-Jean-Baptiste (Montérégie) Programme d'étude collégial : Sciences humaines générales Nombre de sessions : 2 Future profession : En réflexion   Qu'est-ce qui a motivé son choix de sujet?   Étant la fille de la mairesse de St-Jean-Baptiste, Mélody Cassivi baigne dans la politique municipale et militante depuis quelques années déjà. Avec la présence de sa mère comme première mairesse d'une petite municipalité du Québec, elle voit l'importance du rôle des femmes dans la politique municipale au quotidien. Saviez-vous que des élections auront lieu cette année ? En effet, elles se feront en novembre 2021. Pour certains, cela sera la première fois qu’ils iront voter ! Mais des questions s’imposent. Pour qui voter ? Qui me représentera le mieux ? Qui a des valeurs semblables aux miennes ? Y a-t-il une différence entre le leadership masculin et féminin ? Devrais-je voter pour un candidat du même sexe que moi ?

Lors des élections municipales de 2017, le Secrétariat à la condition féminine (SCF) du Québec a constaté qu’il y a seulement 18,8 % de femmes élues mairesses, malgré que la population féminine soit de 50,9 % en Montérégie. Où est la représentativité ? Est-ce que c’est parce que les femmes ne savent pas ce qu’est la politique ? Deux mairesses nous éclairent sur le sujet.

Pour Alexandra Labbé, mairesse de Chambly, la politique est un endroit où naît le futur des sociétés en créant un espace possible à la rencontre d’idées de tout genre. Elle explique aussi que « c’est l’endroit où se prennent les décisions d’opportunités qui vont influencer le quotidien des citoyens et nous permettre d’avancer ensemble en tant que communauté. Puisque chaque opportunité vient avec des avantages et des inconvénients, c’est aussi dans cet espace que les décideurs doivent rendre des comptes et en toute transparence […] ».

Pour Marilyn Nadeau, mairesse de Saint-Jean-Baptiste, ce pouvoir démocratique permet aux citoyens d’élire des personnes inspirantes et de confiance qui vont bien les représenter. Elle explique que transmettre de l’information qui répond au bien commun, à la population, de la manière la plus impartiale est un principe très important. « La politique […], c’est de voir au bien-être collectif », affirme-t-elle.

Depuis 1969, année où le droit de vote aux femmes autochtones a été accordé, tous et toutes peuvent s’impliquer en politique. Mais pourquoi y a-t-il aussi peu de femmes élues ? Est-ce que le peu de candidates féminines s’explique par un manque d’intérêt ? Qu’est-ce qui convainc les femmes de se présenter aux élections ?

Nos deux mairesses nous expliquent pourquoi elles se sont présentées. Mme Labbé souhaitait faire mieux que ses prédécesseurs, offrir une meilleure transparence et plus de respect. Mme Nadeau, quant à elle, a répondu à la demande de son prédécesseur. En effet, Jacques Durand, l’ancien maire de Saint-Jean-Baptiste, au poste depuis 16 ans, est venu la chercher à sa maison pour qu’elle se présente comme conseillère (et elle était la seule femme au sein de ce conseil municipal avant d’être la première mairesse). M. Durand voulait une femme au conseil afin d’avoir un autre point de vue en lien avec la famille, et Mme Nadeau l’avait marqué par son implication citoyenne.

Selon le Réseau des femmes élues de l’Outaouais, il y a peu de femmes en politique du fait d’une mauvaise idée de ce qu’est la politique ainsi qu’en raison d’un manque de confiance ou d’appui ou de connaissances (réseautage). Ces deux parcours sont intéressants, car ils entrent dans des catégories établies par le RÉFEO.

Chaque personne, marquée par l’expérience, l’âge, le sexe et autres, a des forces et des faiblesses différentes. Celles-ci font surface lors de prises de décisions.

Selon Mme Labbé, cela apporte « une gestion plus décentralisée et participative », mais elle ne peut pas dire si cela vient du fait qu’elle est une femme. De son côté, Mme Nadeau estime que « c’est prouvé que les femmes voient plus l’aspect familial que l’aspect infrastructure. On pense famille et solutions simples ».

De plus en plus, la politique devient inclusive, mais ce sont encore principalement des hommes qui y sont élus. Pourtant, les femmes ont leur place. Ce qu’elles ont comme faiblesses se rattrape par leurs forces, tout comme pour les hommes. Ce n’est plus un département réservé à ces derniers. Si nous voulons voir des changements, plus de gens différents doivent s’impliquer pour amener leur vision. Finalement, la politique est accessible à tous.

 

Alcool et drogues : une issue dont la tendance est à la hausse pour vaincre l’isolement chez les étudiants

Alice Desjardins

 

Alice Desjardins :   Âge : 19 ans Résidence : Sainte-Julie programme : Sciences humaines administration  Nombre de sessions : 4 Future profession : Notaire  Pourquoi a-t-elle choisi ce sujet?   Durant la pandémie, j'avais remarqué que moi-même je consommais plus d'alcool qu'à l'habitude. Après avoir questionné son entourage, elle a remarqué que bon nombre de ses amis et amies consommaient plus depuis le début de la pandémie. C'est à partir de ce moment-là qu'elle s'est intéressée à la question. Confinement, anxiété, ennui ; des mots qui définissent bien la crise sanitaire actuelle. Face à ces incertitudes, les jeunes adultes âgés de 18 à 34 ans succombent à l’isolement par une consommation de drogues et d’alcool à la hausse.

Une étude actuellement en cours, dirigée par Simon Larose, professeur et chercheur à l’Université Laval, révèle des statistiques préoccupantes. « 20 à 30 % des élèves collégiaux consomment davantage d’alcool et de drogues depuis le début de la crise sanitaire », peut-on lire dans son rapport. Cette augmentation significative découle des difficultés éprouvées par cette tranche d’âge depuis le début de la pandémie.

Un professeur de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Jorge Flores-Aranda, affirme que « la pandémie a accentué le niveau de stress et d’anxiété, en particulier chez les jeunes ». En effet, l’enseignement virtuel mène à son lot d’impacts négatifs sur la santé psychologique des étudiants. La fermeture des établissements scolaires a conduit plusieurs d’entre eux à se retrouver démunis, sans ressources. Puis, un élément essentiel à leur bien-être, soit la socialisation, s’est vu restreint drastiquement. Ces éléments ont eu pour effet d’intensifier l’anxiété chez les étudiants, cela pouvant justifier l’augmentation de leur consommation d’alcool et de drogues.

Plusieurs adolescents témoignent de leurs expériences, comme cet étudiant en journalisme à l’UQAM, Tristan Mac. Il révèle que le confinement vécu durant la première vague de la COVID-19 l’a incité à adopter une consommation d’alcool supérieure, s’étalant à deux bouteilles de vin par soir.

Également, Alexandra, une étudiante de l’UQAM, affirme « qu’avant la pandémie, elle buvait principalement les fins de semaine, puis au début de mars, elle buvait tous les soirs. […] C’était rendu normal pour elle de boire toute seule à la maison un mardi soir. »

Ces témoignages sont troublants, montrant bien les effets négatifs qu’a eus la pandémie chez les jeunes adultes. De plus, selon un sondage Ipsos commandé par Radio-Canada, il y a eu « une augmentation de la consommation de cannabis chez 54 % des jeunes âgés de 18 à 34 ans. » Selon M. Dallaire, premier vice-président Ipsos Canada, le cannabis est probablement vu comme une manière de se calmer en période de stress, pour améliorer les choses.

Submergés par l’anxiété, les étudiants se tournent vers ces substances afin de passer à travers cette crise sanitaire. Marie-Ève Morin, une femme qui exerce la profession de médecin de famille, se dit préoccupée par le fait qu’elle a « vu des jeunes qui consommaient [avant la pandémie] quelques soirs par semaine du cannabis entre amis et qui se sont mis à fumer du matin au soir durant la période où on a arrêté l’école ».

À la lueur de ces faits, le contexte social incertain a eu pour conséquence des changements radicaux par rapport aux habitudes de consommation d’alcool et de drogues chez les jeunes. La situation actuelle des étudiants est préoccupante. Leur consommation à la hausse est la plus marquante, toutes tranches d’âge confondues. Ces jeunes adultes tentent de réduire leur angoisse par la drogue et l’alcool. Cependant, les substances qu’ils consomment peuvent avoir des répercussions nuisibles sur leur cerveau qui est encore en développement. C’est alarmant.

Or, il y a quelques semaines, les dirigeants politiques annonçaient la possibilité aux étudiants de retourner au cégep une fois par semaine. Il s’agissait, une fois de plus, de faux espoirs. Les statistiques le démontrent : la génération de demain est démunie et les dirigeants politiques s’efforcent de les laisser dans l’oubli. Il serait temps que le gouvernement cesse les promesses en les transformant en prouesses, en s’assurant réellement du bien-être de cette génération.

 

De gauche à droite : Mélody Cassivi, gagnante du prix de la relève journalistique, Julie Marcotte, professeure Cégep de St-Hyacinthe, Carl Vaillancourt, ex-journaliste du Mobiles aux affaires municipales, Alice Desjardins, gagnante du concours de la relève journalistique