Mandoline Blier
Le religieux s’invite à expression cet automne
L’avenir du patrimoine religieux maskoutain en préoccupe plusieurs. Avec la transformation prochaine de l’église Notre-Dame-du-Rosaire en Musée d’art et société (MAS), cette réflexion s’actualise. Et ce chemin « ducultuel au culturel », est au cœur même des deux expositions présentées par EXPRESSION cet automne.
Les bancs
« L’idée à la base, dès le début, est qu’il fallait décoller les bancs du sol », explique avec engouement l’artiste François Mathieu. Le but étant de bouger la structure rigide imposée par la disposition des bancs d’église. Une disposition qui instaure des fonctions connues, bien établies dans nos mœurs et coutumes. En déplaçant les bancs dans le lieu, il devient possible d’imaginer l’endroit autrement, de « rêver le bâtiment, d’aller vers l’avenir », comme le propose François Mathieu par son impressionnante œuvre architecturale exposée dans l’église-Notre-Dame-du-Rosaire. Son travail scénographique inspire une forme de liberté, liée à la façon pour le moins grandiose avec laquelle il a exploré l’espace, le dégageant de sa forme habituelle.
À EXPRESSION, le même projet Architectures éphémères – Les bancs se décline autrement. Nous nous retrouvons devant un travail proprement sculptural. Les bancs d’église ont été déplacés vers la salle d’exposition. Ils ont donc été considérablement transformés pour créer de nouveaux objets et de nouvelles formes dont la sphère, qu’affectionne particulièrement l’artiste. Ici encore, l’idée est de donner un sens nouveau à l’objet en le manipulant de façon empirique. Pour le dépouiller de sa symbolique, d’une figuration connue qui peut bloquer la création de nouvelles perspectives.
La démarche artistique de François Mathieu est ainsi ancrée dans le présent, dans le vrai, dans la matière. Une fois celle-ci transformée, des sens nouveaux et personnels peuvent émerger chez celui qui l’observe.
La croix
Avec Chemin de croix, les commissaires Suzanne Saint-Amour et Anick Chandonnet révèlent la beauté de plusieurs objets de culte issus de l’inventaire religieux du diocèse de Saint-Hyacinthe. En répertoriant ce patrimoine, les chercheuses ont fait le constat que « la croix s’impose, elle est présente partout » comme l’indique Suzanne Saint-Amour. Cette exposition se veut une proposition d’un chemin où la croix et le crucifixsont présentés à travers des objets choisis de ce patrimoine religieux. Il est d’ailleurs possible d’y admirer un véritable chemin de croix miniature. Quatorze petits cadres en bois illustrant, selon la forme traditionnelle, les scènes de la Passion du Christ.
À la vue tous ces objets qui habitaient autrefois les églises et les chapelles catholiques, une question émerge : que faire de ceux-ci? Annick Chandonnet indique qu’il est important d’offrir un accompagnement pour effectuer cette transition et que « l’un des premiers pas est de les exposer et de transmettre leur histoire. »
Le sens du culte
Ultimement, à travers ces deux expositions, EXPRESSION invite le spectateur à réfléchir sur la mutation des pratiques spirituelles dans notre société. Qu’est devenue cette quête de sens au fil du temps? Comment marquons-nous les passages importants de nos existences? Que pouvons-nous retenir et conserver de cet héritage religieux? Que devons-nous transcender?
Les expositions Architectures éphémères – Les bancs et Chemin de croix sont présentées en deux lieux :
À Expression : Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe, du 28 septembre au 22 décembre 2024.
À l’église Notre-Dame-du-Rosaire du vendredi au dimanche, de 12h à 17h, les fins de semaine du 4 au 6 octobre, du 18 au 20 octobre et du 1er au 3 novembre 2024 pour Architectures éphémères – Les bancs. Et des visites commentées des 14 stations du chemin de croix animées par l’historienne Suzanne Saint-Amour, les dimanches 20 octobre et 3 novembre.
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