
Roger Lafrance
Vous rappelez-vous des « films de fesses »? Si cette appellation est quasi disparue aujourd’hui, elle correspond à une époque charnière du cinéma québécois, au tournant des années 1960 et 1970.
Certains de ces films ont grandement marqué le Québec. Ce fut le cas de Valérie de Denis Héroux, sorti en 1969, qui a récolté des recettes plus d’un million $ et une distribution dans plus de 40 pays. Denis Héroux ne s’en cache pas : il voulait décoincer le Québec en « déshabillant la petite Québécoise ».
L’année suivante, ce fut autour de Deux femmes en or, de Claude Fournier, de faire un tabac avec un demi-million de billets vendus. C’est véritablement le début du cinéma commercial québécois.
Suivront une pléthore de films érotiques mêlant la comédie grivoise, et souvent mal ficelés : L’initiation, L’amour humain, Sept fois par jour, La pomme, la queue et les pépins ou Après-ski, entre autres. Selon le documentaire Cinéma québécois : le désir de l’ONF, 12 films érotiques ont été produits au Québec entre les années 1969 et 1971!
Leur popularité a aussi eu un effet sur la programmation des salles de cinéma. Par exemple, s’il vous avait pris l’envie d’aller voir un film dans la semaine du 21 octobre 1971, le choix aurait été vraiment restreint. Saint-Hyacinthe comptait alors deux cinémas, chacun avec une seule salle qui proposait des programmes doubles.
Au cinéma Le Paris, Sept fois par jour était réservé aux 18 ans et plus, avec un 2e film dont le titre n’était pas mentionné. Le Maska présentait lui aussi deux films pour adultes : Y’a plus de trou à Percé avec Céline Lomez et Michèle Mercure, et Les amours de Ladie Hamilton!
Dans son édition du 20 octobre, Le nouveau Clairon publiait un article qui donnait une idée du scénario de Sept fois par jour :
« Si Dieu créa le monde en six jours et se reposa le septième, il n’en est sûrement pas de même pour Adam (Jean Coutu) qui, lui, ne connaît aucun répit. En effet, il est atteint d’une curieuse maladie : un sentiment de culpabilité engendré par une sexualité excessive. Il croque donc la pomme sept fois par jour, sept jours par semaine. »
On ne tournerait plus ce genre de films aujourd’hui! Par contre, il faut reconnaître que ces films ont été des éléments qui ont permis la libération des mœurs chez bien des Québécois.
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