Roger Lafrance
Et si on parlait d’acceptabilité sociale ?
L’achat d’une trentaine d’immeubles par un promoteur privé au centre-ville de Saint-Hyacinthe soulève bien des questions.
D’abord, parce qu’on en sait trop peu sur les projets de Beatimo – Capital. Que veut faire le promoteur au juste ? Quels immeubles seront démolis ? Qu’est-ce qui sera construit ? On n’en sait trop rien.
Bien sûr, son principal dirigeant, Philippe Foisy, veut revitaliser le centre-ville. Il parle d’abordabilité des logements, mais aussi d’une fondation pour aider les locataires moins fortunés. Il affirme que ses projets visent le bonheur des gens, un discours un peu curieux dans la bouche d’un promoteur immobilier.
Mais au-delà de ce discours, une chose est sûre : les immeubles achetés seront pour la plupart démolis pour construire des immeubles plus imposants afin d’augmenter la densité du secteur. Des logements abordables disparaîtront pour d’autres logements qui seront beaucoup moins abordables, en raison des coûts de construction qui ont beaucoup augmenté ces dernières années.
On peut féliciter cet entrepreneur d’investir massivement pour revitaliser notre centre-ville. Toutefois, il faut garder à l’esprit les autres projets qui ont été annoncés ces dernières années, comme ceux du Groupe Sélection et du site de l’ancienne Pâtisserie Parenteau, et qui sont pour l’instant dans un cul-de-sac.
On peut aussi se dire qu’une ville ne peut pas faire grand-chose pour contrecarrer un promoteur privé qui désire acheter des immeubles pour en construire du neuf. Or, rien n’est plus faux.
Les villes disposent de plans d’urbanisme pour contrôler ce qui peut être construit sur leur territoire. Le centre-ville dispose même d’un plan particulier d’urbanisme qui vient d’ailleurs tout juste d’être révisé.
Et devinez quoi ? La dernière version vise deux objectifs particulièrement intéressants face aux projets immobiliers :
– Veiller à l’intégration harmonieuse des projets immobiliers dans l’optique de respecter l’échelle humaine du centre-ville ;
– Favoriser la mixité sociale et contrôler l’abordabilité des logements.
La Ville a donc pleinement les pouvoirs pour contraindre Beatimo – Capital à respecter ces objectifs dans les projets immobiliers qu’elle entend réaliser.
Toutefois, dans ce dossier, nous pourrions ajouter une autre condition particulièrement importante : l’acceptabilité sociale. Et là-dessus, la Ville présente plutôt un mauvais dossier.
Pensons aux nombreux immeubles qu’elle a elle-même détruits pour y faire du stationnement et à ceux qu’elle a acquis dans le cadre de la réfection de la Promenade Gérard-Côté, projet qui lui-même ne fait pas l’unanimité. On pourrait aussi inclure le projet du Groupe Sélection qui a détruit plusieurs immeubles abordables du secteur et dont la hauteur ne respectait pas le plan d’urbanisme. Aujourd’hui, le chantier fait mal paraître le conseil municipal.
Bref, pour une fois, serait-ce trop demander que les projets de Beatimo – Capital fassent l’objet d’un consensus auprès de la population maskoutaine ? Bien sûr, il est difficile de contenter tout le monde, mais notre centre-ville a besoin de compter sur une population diversifiée et intéressée à y habiter.
Ces projets doivent donc s’harmoniser aux immeubles déjà existants du centre-ville. Sinon, bien peu de gens voudront y vivre.
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