Opinion

Mettre fin à la faim

Chaque année, les Banques alimentaires du Québec publient le Bilan-Faim, un ouvrage aux statistiques de plus en plus troublantes. Photo : FREEPIX

Pendant que plusieurs ménages planifient leurs vacances familiales qui arrivent à grands pas, d’autres doivent avoir recours à l’aide alimentaire tous les mois afin d’être en mesure de se nourrir convenablement. En voyant approcher la Journée mondiale contre la faim, soulignée le 15 juin, nous constatons qu’un nombre grandissant de personnes doivent composer avec la brutale réalité de vivre dans l’incertitude d’avoir accès à trois repas par jour.

Chaque année, les Banques alimentaires du Québec publient le Bilan-Faim, un ouvrage de plus en plus troublant par ses statistiques qui sont, à mon avis, très alarmantes. L’objectif de ce bilan : dresser un portrait de l’insécurité alimentaire au Québec, sensibiliser la population sur cet enjeu déterminant et mettre en lumière le travail des organismes communautaires en aide alimentaire. Nous parlons ici de plus de 1300 organismes qui sont littéralement la base de notre tissu social. Tissu social qui se fragilise de plus en plus, laissant ainsi un nombre de personnes, toujours plus imposant chaque année, avoir faim.

Dans les faits saillants du bilan produit pour l’année 2024, on dénote près d’un million de demandes mensuelles de plus qu’en 2021, un bond d’environ 55 %! Il s’agit du plus haut taux jamais enregistré, un bien triste record. Et rien n’annonce un ralentissement. Précisons également que ces données tiennent compte seulement des personnes qui ont osé demander de l’aide, car la honte et les préjugés peuvent avoir un effet dissuasif, et ainsi laisser une personne ou une famille vivre avec le poids constant de cette insécurité.

Selon les plus récentes données de Statistiques Canada, on parle de 15,7 % de la population québécoise qui vivrait dans un ménage en insécurité alimentaire. Et nous observons une diversité des ménages faisant appel à l’aide alimentaire. Nous parlons de personnes seules, de travailleur-euses, de personnes aîné-es, de personnes immigrantes ou issues de l’immigration, de familles monoparentales ou biparentales avec un ou plusieurs enfants…

Les organismes communautaires en aide alimentaire travaillent non seulement à nourrir les gens, mais aussi à les soutenir pour trouver des solutions durables, en les référant à d’autres organismes au besoin, tout en luttant contre le gaspillage alimentaire, situation aussi fort préoccupante. Beaucoup d’initiatives innovatrices ont d’ailleurs été créées par ces organismes, que ce soit des groupes de cuisines collectives, des partenariats pour une redistribution équitable ou des jardins communautaires. Mais l’essoufflement les guette par le sous-financement chronique et le défi constant de trouver de la main-d’œuvre et des bénévoles. C’est d’ailleurs plus de 70 % de ces organismes qui ont soulevé le fait qu’ils ont manqué de denrées face à une trop grande demande.

Le coût de la vie qui ne cesse de monter en flèche continue d’avoir des effets trop néfastes sur les personnes les plus vulnérables de notre société et la misère gagne du terrain en atteignant aussi des ménages qui doivent composer avec des nouvelles réalités. Les organismes doivent être soutenus convenablement par un financement adéquat, c’est bien évident. Mais, il faut aussi réagir aux résultats de ce bilan par des mesures concrètes et structurantes qui doivent être mises de l’avant pour lutter réellement, efficacement et de façon pérenne contre la pauvreté.

Si nous commencions par assurer un revenu décent aux ménages, notamment en ce qui concerne l’aide sociale et les programmes de solidarité sociale, augmenter le salaire minimum, augmenter le financement pour la construction de logements sociaux et abordables, contrôler aussi les prix des logements sur le marché privé, ce serait déjà un bon début. Soutenons convenablement les organismes et mettons les choses en place pour permettre à tous-tes de vivre dans la dignité et surtout, que personne ne souffre de la faim!