Alexandre D'Astous
La puissance du lobby des ingénieurs est dénoncée…par un ingénieur
Auteur du livre « Dessein d’ingénieurs – La déroute des professions » paru en 2017, l’ingénieur Guy-Michel Lanthier revient à la charge pour dénoncer à nouveau la puissance du lobby des ingénieurs qui vient de convaincre la ministre de la Justice, Sonia Lebel, de lever la tutelle qui frappait l’Ordre des ingénieurs depuis la Commission Charbonneau pourtant présidée par cette même Sonia Lebel.
« J’avais confiance en Mme Lebel au moment de la Commission Charbonneau, mais visiblement elle et son gouvernement ont cédé face au puissant lobby des ingénieurs qui martèle que la situation est réglée et que la corruption a disparu. Permettez-moi d’en douter avec l’histoire de SNC Lavallin qui éclabousse présentement le gouvernement fédéral », commente-t-il.
M. Lanthier signale que depuis toujours l’Ordre des ingénieurs est contrôlé par un petit groupe de personnes et qu’il est impossible de s’y infiltrer. « C’est encore la même chose. Le lobby a mis de la pression sur le gouvernement qui a finalement levé la tutelle et qui, en plus, a permis à la présidente Karen Duhamel de se représenter pour un autre mandat en jouant sur des formalités de dates », déplore-t-il.
« Lors de la Commission Charbonneau, c’était rassurant de voir ce désir de Me Sonia Lebel de faire plus blanc que blanc avec ces témoins qui se souvenaient à peine de leur nom. Malheureusement, les deux dernières semaines ont démontré que la Commission Charbonneau n’aura été rien de plus qu’un spectacle télévisuel à gros budget. En fait, les deux dernières semaines ont démontré que le lobby des ingénieurs demeure pleinement opérationnel. Deux événements majeurs le démontrent. Ne nous trompons pas, la décision du gouvernement Legault de lever cette tutelle est avant tout une question de lobbying et non pas de statistiques opérationnelles qui laissent croire à la protection du public », précise M. Lanthier.
Déçu par la ministre Lebel
Guy-Michel Lanthier se demande comment Sonia Lebel a pu fléchir les genoux et lever la tutelle de l’Ordre des ingénieurs maintenant qu’elle est ministre de la Justice. « La décision de la ministre et de son gouvernement est d’autant plus surprenante qu’ils ont été informés que la réélection de la présidente de l’OIQ repose sur une interprétation erronée du Code des professions. En résumé, la présidente a été reportée à son poste quelques jours avant la fin de son premier mandat pour donner l’impression qu’elle pouvait en assumer un second. Dans les faits, elle n’était pas éligible pour un second mandat puisque pour réduire le nombre d’administrateurs, les élections ont été annulées en 2018. Ainsi, seuls les administrateurs élus pour un mandat au-delà de 2018 pouvaient se présenter à la présidence. La présidente ne faisait pas partie des administrateurs élus au-delà de 2018 », dit-il.
La seule réponse plausible aux yeux de M. Lanthier est la force du lobbyisme des ingénieurs. « C’est un fait. Le monde de l’ingénierie est un acteur majeur de l’économie tant du Québec que du Canada. Pour autant, est-ce que cela justifie la force du lobby des hautes instances de certaines firmes de génie auprès des gouvernements? La force de ce lobby serait-elle liée au financement des partis politiques? Comme c’est souvent le cas, souhaitons que ce ne soit pas la population et le simple ingénieur qui en fasse les frais », conclut-il.
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