Carl Vaillancourt
La pénurie d’enseignants : un contre-la-montre pour la rentrée
Un mois après la rentrée des classes dans les établissements primaires et secondaires de la région maskoutaine, le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe, qui s’étend jusqu’à Acton Vale, peut enfin respirer après une rentrée pour le moins exigeante. C’est que le temps dont la direction disposait pour régler le problème de la pénurie d’enseignants au secondaire était un défi comme il avait été rarement vu dans le passé.
« Au 22 août, on devait composer avec un manque de 65 enseignants, dont la très grande majorité dans nos écoles secondaires. On a convenu avec certains professeurs d’augmenter leurs tâches pour s’assurer d’offrir les services aux élèves dans toutes nos classes », a expliqué la directrice des ressources humaines du Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe, Chantal Langelier.
En quelques semaines, le travail de recrutement, combiné aux différentes ententes avec des enseignants pour accroître leurs tâches en échange d’une rémunération plus généreuse, a permis de pourvoir rapidement les postes vacants dans les différents établissements scolaires. De son côté, le Syndicat de l’enseignement Val-Maska précise que la pénurie touchait principalement les écoles secondaires.
« La pénurie se faisait beaucoup plus ressentir au secondaire qu’au primaire. Il manquait 57 professeurs au secondaire pour la rentrée, mais les différentes propositions au personnel déjà en place ont permis de trouver des solutions pour que tous les élèves puissent jouir d’un enseignant », d’indiquer le président du Syndicat de l’enseignement Val-Maska, Patrick Théroux.
Une pénurie à l’échelle de la province
La situation vécue ici dans la région maskoutaine n’est pas unique. L’ensemble des centres de services scolaires de la Belle Province sont aux prises avec la même situation. Le départ à la retraite des baby-boomers, les démissions en bloc, les épuisements professionnels; ne voilà que la pointe de l’iceberg expliquant la pénurie actuelle.
Le gouvernement du Québec a introduit un incitatif pour augmenter le nombre de futurs enseignants sur les bancs des universités québécoises. Depuis cette année, les étudiants qui choisissent d’adhérer à certains programmes de formation universitaire qui mènent au brevet en enseignement peuvent compter sur une bourse d’excellence aux futurs enseignants. Annuellement, l’étudiant qui réussit les cours du programme pourra toucher une bourse d’une valeur de 7 500 $. Sur un baccalauréat d’une durée de quatre ans en enseignement, le montant total est de 30 000 $. Certes, certaines conditions doivent être respectées, mais la plupart des élèves pourront obtenir cette aide.
« C’est un pas dans la bonne direction pour valoriser la profession enseignante. C’est certain que cela aura un impact sur le nombre de jeunes adultes qui décideront de s’orienter vers une carrière en enseignement, mais c’est avant tout une question de vocation, l’enseignement », a renchéri Patrick Théroux, accueillant favorablement la décision du gouvernement du Québec.
Une tâche beaucoup plus difficile que d’antan
En raison de la pandémie liée à la COVID-19, le travail des enseignants est devenu de plus en plus difficile. L’enseignement à distance ne convenait pas à tous les enfants. Certains élèves ont accumulé un retard considérable dans les apprentissages prévus par le ministère de l’Éducation, alors les enseignants doivent passer beaucoup plus de temps avec ceux-ci. Il ne reste donc que peu ou pas de temps aux autres enfants.
« Vous avez 24 enfants dans votre classe et vous avez des périodes d’une heure. Ça vous laisse environ 2 minutes avec chaque enfant. Certains enfants sont plus autonomes, mais une part de ces enfants doivent obtenir un meilleur suivi. Il faut aussi ajouter la gestion de la classe avec des cas de crise, ce qui réduit encore le temps passé à enseigner aux élèves », conclut-il.
Pour lutter contre la pénurie d’enseignants, les centres de services scolaires ont recours à des personnes sans brevet d’enseignement qui désirent enseigner. Localement, ce sont une soixantaine d’enseignants qui n’ont pas suivi la formation universitaire prescrite par les règles émises par Québec, et ce, sur environ 1 100 postes répertoriés. Dans les faits, cette donnée représente environ 6 % du nombre. Pour certaines régions, cette proportion représente plus de 25 % du corps enseignant.
Bien que la situation soit une solution à court terme pour le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe, le Syndicat de l’enseignement Val-Maska tient à préciser qu’elle n’amène pas uniquement du positif.
« La plupart de ces enseignants doivent s’appuyer sur leurs collègues enseignants, puisqu’ils n’ont pas eu la chance de vivre les stages et d’obtenir le cursus complet, ce qui permet de s’adapter à la gestion de classe. Ça engendre encore plus de travail pour les autres enseignants, ce qui n’est pas nécessairement souhaitable », a ajouté le président du Syndicat de l’enseignement Val-Maska.
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