Roger Lafrance
Le contrôle coercitif, à la base de la violence conjugale
La violence conjugale ne se limite pas qu’à des coups et blessures. Elle prend souvent la forme d’un contrôle coercitif qui s’insinue dans la relation conjugale de façon beaucoup plus insidieuse, au point que la victime n’en prend pas toujours conscience.
« Le contrôle coercitif, c’est une autre manière de voir la violence conjugale, de façon beaucoup plus large, soutient Fiona Badard, intervenante à La Clé sur la porte. On ne va pas regarder un épisode distinct mais plutôt un ensemble d’épisodes. »
Mme Badard et sa collègue Nathalie Dumais étaient les conférencières invitées au dernier Toast populaire de Solidarité populaire Richelieu-Yamaska. La conférence visait à souligner la journée du 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes.
Mais comment définit-on le contrôle coercitif?
« C’est une série d’actes et de stratégies intentionnels et répétés de violence, qui ne sont pas forcément physiques, mis en place progressivement par un partenaire dans le but d’isoler, de contrôler et de priver la victime de sa liberté », indique Fiona Badard.
On parle ici d’un conjoint qui épie constamment sa partenaire, l’interroge sur ses moindres faits et gestes et sur les personnes à qui elle parle, afin de prendre le contrôle sur elle. Le contrôle coercitif se manifeste donc de bien des façons, par le harcèlement, les menaces, le dénigrement, la surveillance continue, les interrogatoires, l’isolement ou la violence économique.
Le phénomène reste bien souvent caché. « Dans beaucoup de cas, l’entourage ne va pas s’en rendre compte », souligne Mme Badard. Pire : les victimes sont convaincues qu’elles sont responsables de l’attitude de leur conjoint.
Une enquête australienne réalisée en 2019, révélait que dans plus de 40% des cas d’homicides, les hommes qui avaient exercé un contrôle coercitif n’avaient fait l’objet d’aucun signalement auprès des policiers.
Le contrôle coercitif peut aussi s’exercer lorsque le couple est séparé. 67% des homicides liés à la violence conjugale ont eu lieu alors que le couple était séparé ou en instance de séparation, rapporte Nathalie Dumais.
Comment aider ces femmes? En l’aidant à briser le silence, en ne faisant preuve d’aucun jugement envers elle et en lui rappelant que la violence est inacceptable, répondent les deux intervenantes.
Le maison d’hébergement La Clé sur la Porte peut accueillir jusqu’à 21 personnes, femmes et enfants, qui fuient un climat de violence conjugale.
Ses services vont bien au-delà de l’hébergement. Ils comprennent également l’écoute téléphonique, l’accompagnement, les interventions de groupe et les suivis individuels. L’organisme dispose de trois points de services, soit à Saint-Hyacinthe, Beloeil et Acton Vale.
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