Société

Le logement abordable à la croisée des chemins

David-Alexandre Grisé, président du Comité Logemen’mêle : « Mon souhait le plus cher serait de nous doter d’une réelle politique du logement à Saint-Hyacinthe. » photo : Nelson Dion

La situation du logement à Saint-Hyacinthe fait face à de nombreuses problématiques : destruction, manque d’appartements abordables, taux d’inoccupation extrêmement faible, locataires peu soutenus. Or, la situation pourrait bien changer au cours des prochaines semaines.

D’abord, la bonne nouvelle. Pour la première fois en cinq ans d’existence, le Comité Logemen’mêle recevra du financement public pour sa mission. Jusqu’ici, l’organisme ne vivait que grâce à des projets ponctuels. « On pourra maintenant offrir une aide individuelle fondamentale aux locataires, plus particulièrement aux locataires les plus vulnérables », indique son président, David-Alexandre Grisé.

David-Alexandre Grisé, président du Comité Logemen’mêle : « Mon souhait le plus cher serait de nous doter d’une réelle politique du logement à Saint-Hyacinthe. » photo : Nelson Dion

Bien des locataires vivent des problématiques qu’on n’imagine pas : mauvaise condition de leur logement, insalubrité, présence de vermine, propriétaires qui abusent de leur pouvoir. Le financement annoncé par Québec permettra de mieux soutenir ces locataires dans la défense de leurs droits.

Depuis quelques mois, l’organisme pilote la mise en place d’une table de concertation sur le logement qui réunira la plupart des acteurs du milieu. « Il n’y a jamais eu de concertation sur le logement à Saint-Hyacinthe, ce qui créait un grand vide, affirme M. Grisé. Nous ne sommes pas contre le développement économique, mais les projets de grandeur qu’on a connus depuis quelques années laissent sur le carreau les citoyens qui ne peuvent se payer de tels logements. »

Peu de logements abordables disponibles

« En effet, le manque de logements abordables est criant », renchérit Alexandra Gibeault, chargée de projets, qui vient de réaliser une étude sur le logement dans la MRC. Actuellement, le taux d’inoccupation des logements à Saint-Hyacinthe est de 1,4 % et de 0,6 % pour les logements de deux chambres et plus. Or, on calcule le point d’équilibre à un taux de 3 %.

« C’est difficile de trouver un logement abordable à Saint-Hyacinthe, soutient-elle. Ça se reflète aussi sur le prix du logement. Les locataires paient 100 $ de plus pour se loger si on compare avec le loyer médian à Granby ou à Drummondville. »

La rareté de logements abordables est un enjeu important à Saint-Hyacinthe. Une problématique à laquelle la Ville a elle-même contribué en détruisant plusieurs de ceux-ci au centre-ville. Et il en reste encore à venir avec le projet du Groupe Sélection et la démolition d’autres immeubles sur l’avenue de la Concorde. À cela, il faut ajouter l’incendie de la Place Frontenac, l’hiver dernier, qui a fait disparaître, à lui seul, une quarantaine de logements.

« On fait face à une double problématique, affirme Mme Gibeault. Le manque de main-d’œuvre nous force à attirer de nouveaux travailleurs, mais on a peu de logements abordables à leur offrir. »

David-Alexandre Grisé souhaite que la future concertation sur le logement amène les acteurs à échanger sur ces enjeux et à imaginer des pistes de solution. « Il y a plusieurs façons d’entrevoir ce qui peut se passer au sein de cette table, mais mon souhait le plus cher serait qu’elle nous amène à nous doter d’une réelle politique du logement à Saint-Hyacinthe. »