Société
300 PERSONNES MANIFESTENT

REGAIN des casseroles maskoutaines

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Malgré la chaleur caniculaire, malgré le milieu de semaine, malgré la longueur du conflit qui aurait pu provoquer l’essoufflement, pas moins de 300 personnes ont défilé dans les rues de Saint-Hyacinthe, le 20 juin dernier, pour s’opposer à la hausse des droits de scolarité et à la loi 78.

Comme depuis plusieurs semaines, le rassemblement des « casseroles maskoutaines » s’est fait devant le marché public à 20 heures.

Beaucoup d’étudiants, bien sûr, mais un nombre impressionnant de personnes plus âgées constituaient la foule. Quelques enfants, aussi, accompagnaient leurs parents.

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Une grande toile de Victor Varacalli, représentant une foule, ouvrait la marche.
Photo : Paul-Henri Frenière.

Le cortège s’est ébranlé sur la rue des Cascades, puis a gravi la côte Bourdages. L’escorte policière était bien présente, encore une fois, pour assurer la sécurité des marcheurs.

Une auto-patrouille bloquait la rue Girouard, ce qui a semblé irriter un automobiliste qui a rebroussé chemin en faisant crisser ses pneus. On peut redouter ce qui serait arrivé si la police n’avait pas été là.

« Deux ou trois personnes nous ont fait un doigt d’honneur, mais en général, les gens rencontrés sur la rue nous encourageaient. » a déclaré une manifestante.

Certains résidents affichaient même des banderoles sur leur balcon, en appui aux revendications des étudiants.

Facebook et groupes sociaux

Après plusieurs semaines de manifestations quasi quotidiennes, comment expliquer un rassemblement d’une telle ampleur ? Quelque 300 personnes qui manifestent à Saint-Hyacinthe, ce n’est quand même pas rien.

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Le candidat de Québec Solidaire, Richard Gingras.
Photo : PHF.

L’appel avait été lancé par la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). On invitait à de telles manifestations dans différentes villes du Québec, du 16 au 21 juin, en prévision des grands rassemblements du 22 juin à Québec et à Montréal. Le Regroupement des étudiants et étudiantes du cégep de Saint-Hyacinthe (REECSH), membre de la FECQ, a évidemment répondu à l’invitation.

Quelques affiches annonçant l’événement ont été distribuées dans la ville, mais la publicité s’est faite essentiellement sur Facebook. Des groupes sociaux ont pris le relais en invitant leurs membres via internet. On parle ici de la Corporation de développement communautaire des Maskoutains et de Solidarité populaire Richelieu-Yamaska.

Les partis politiques ont également emboîté le pas. Le Parti québécois et Québec solidaire avaient fait appel à leurs militants. On retrouvait d’ailleurs, parmi les marcheurs, le député péquiste Émilien Pelletier et le candidat de Québec Solidaire, Richard Gingras.

Le temps des discours

Ayant arpenté les rues de la ville durant environ une heure, les marcheurs se sont regroupés au parc Casimir-Dessaulles. C’est le président du REECSH, Anthony Chiasson-Leblanc, qui les a accueillis.

Le vice-président de l’association, Alexis Tremblay, a souligné, quant à lui, la présence de personnes « plus âgées » dans le groupe, précisant qu’il voyait là « un encouragement pour les étudiants à poursuivre leur lutte ».

Le député Émilien Pelletier a également pris la parole. Dans un discours plutôt enflammé, il a martelé qu’il fallait sortir les Libéraux du gouvernement « comme Jésus avait sorti les voleurs du Temple ». Un exemple qui a laissé perplexes plusieurs jeunes, ceux-ci ne devant pas connaître ce récit biblique. Mais ses attaques envers le Premier ministre Jean Charest ont recueilli des cris d’approbation et des tintements de casseroles.

Un léger impair s’est tout de même produit puisque le candidat de Québec Solidaire, Richard Gingras, devait lui aussi s’adresser à la foule. Il attendait un signal qui n’est jamais venu. Magnanime, il a déclaré à MOBILES que ce n’était pas grave et qu’il aurait bien l’occasion de se reprendre.

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Léo Bureau-Blouin.
Photo : PHF.

Mais celui qui a reçu la plus grande ovation fut sans contredit le dernier orateur, Léo Bureau-Blouin. L’ex-dirigeant de la FECQ et ancien étudiant du cégep de Saint-Hyacinthe a été accueilli comme une vedette.

Ce dernier a souligné que le Québec vivait actuellement « un moment historique de prise de conscience » généré par le mouvement étudiant. Il a fait remarquer que Saint-Hyacinthe n’avait peut-être pas connu des manifestations aussi importantes depuis 1972.

C’était l’année de la grève du Front commun des trois grandes centrales syndicales qui avait pratiquement paralysé le Québec. À Saint-Hyacinthe, une imposante marche s’était déroulée dans les rues du centre-ville. On réclamait, entre autres, un salaire minimum de 100$ par semaine pour les employés de la fonction publique et parapublique…