Société

Tollé de protestations contre la démolition de six édifices au centre-ville de Saint-Hyacinthe

La décision du conseil municipal de Saint-Hyacinthe d’autoriser la démolition de six édifices sur l’avenue Saint-François, au centre-ville, a soulevé un tollé de protestations de la part de citoyennes, de citoyens et d’organismes de protection des locataires. Photo : Nelson Dion

La décision du conseil municipal de Saint-Hyacinthe d’autoriser la démolition de six édifices sur l’avenue Saint-François, au centre-ville, a soulevé un tollé de protestations de la part de citoyennes, de citoyens et d’organismes de protection des locataires.

Plusieurs citoyens ont acheminé des questions au conseil municipal en vue de l’assemblée du mardi 6 avril, la première suivant la décision du 22 mars d’aller de l’avant avec la démolition. Ces citoyennes et citoyens demandent au conseil municipal de revoir ou de reporter cette décision puisqu’elle ne fait pas l’unanimité, deux conseillers ayant voté contre, dont le conseiller du quartier, M. Jeannot Caron.

La décision du conseil municipal de Saint-Hyacinthe d’autoriser la démolition de six édifices sur l’avenue Saint-François, au centre-ville, a soulevé un tollé de protestations de la part de citoyennes, de citoyens et d’organismes de protection des locataires. Photo : Nelson Dion

« Oui, la Ville a de bons projets en cours en matière de logements abordables, mais ils ne seront pas disponibles pour le 1er juillet. On s’attend à ce que plusieurs personnes se retrouvent à la rue par manque de logements disponibles alors qu’on pourrait utiliser ces édifices pendant un certain temps au lieu de les démolir », indique la coordonnatrice de Logemen’mêle, Alexandra Gibeault, qui se dit grandement inquiète avec un taux d’inoccupation de 0,3 %. « Comme il manque de logements, les prix montent en flèche et nous recevons de plus en plus de signalements de discrimination ou de reprises de logements non justifiées de la part des propriétaires », lance Mme Gibeault, qui signale qu’une action se prépare pour le 24 avril afin de rappeler les 24 familles qui s’étaient retrouvées sans logements le 1er juillet 2020.

En appeler de la décision

Les citoyennes et les citoyens disposent de 30 jours, à compter de la décision du comité de démolition du 22 mars, pour contester l’avis de démolition qui en découle. « C’est sûr qu’en tant que citoyenne, je vais exiger un appel de la décision. Je ne peux pas attacher mon conseil d’administration pour l’instant, mais c’est sûr qu’on va se pencher sur cette option », indique Mme Gibeault, qui déplore que ce genre de décision puisse être prise par le conseil municipal sans l’accord de la population. « Depuis 2017 qu’on nous parle d’acceptabilité sociale, mais la population ne s’est jamais prononcée à ce sujet. Nous n’avons pas pu nous opposer. Une trentaine de citoyens ont signé l’avis d’opposition, ce qui n’a pas empêché le comité de démolition d’aller de l’avant lors d’une rencontre qui a duré à peine trois minutes », souligne Mme Gibeault.

Des réponses de la Ville

« L’unanimité est très difficile à obtenir, mais il y a tout de même une très forte majorité de membres du conseil qui l’ont adoptée, indique le maire de la Ville de Saint-Hyacinthe, M. Claude Corbeil. C’est un dossier qui ne laisse personne indifférent. Nous savons qu’il y a des besoins importants en matière de logements abordables et on y travaille activement. Nous avons de beaux projets qui s’en viennent, mais nous devons aussi penser au développement du centre-ville. Groupe Sélection propose un projet majeur dans ce secteur pour remplacer des édifices en décrépitude », commente-t-il.

Le président du comité de démolition, le conseiller de La Providence, Bernard Barré, abonde dans le même sens. « C’est un projet de 32 M$ qui va nous amener des revenus de taxes importants dans cinq ans. Les gens veulent qu’on fasse du développement sans augmenter les taxes. C’est une belle façon de le faire. Ceux qui ont voté contre pour des choses non importantes comme le stationnement se cherchent seulement une porte de sortie. Groupe Sélection a fait ses devoirs. Au départ, on parlait de 14 étages, maintenant de 6 à 8 étages », lance celui qui est conseiller municipal depuis 33 ans.

Photo : Nelson Dion

« Des gens s’opposent depuis le début, mais il faut comprendre que nous avons une vision de mixité pour notre centre-ville. Je me rappelle qu’il y avait eu beaucoup d’opposition pour l’implantation d’une salle de spectacle au centre-ville, mais nous l’avons faite, envers et contre tous, et aujourd’hui, on ne peut pas s’imaginer ce que serait le centre-ville sans le Centre des arts Juliette-Lassonde », ajoute M. Barré.

Envoi massif de courriels dénoncé

Des citoyennes et des citoyens ayant signé l’avis d’opposition se sont plaints que la Ville ait envoyé une copie de la décision par courriel à tout le monde impliqué, y compris le promoteur Groupe Sélection, sans cacher les adresses de courriel des opposants. « Plusieurs citoyens m’ont dit comprendre que l’opposition à l’avis de démolition est un document public, mais pas pourquoi leur courriel a été diffusé », déplore Françoise Pelletier, de l’organisme Maison alternative de développement humain (MADH).

La greffière a expliqué que l’identité des signataires n’a pas été dévoilée, seulement leur courriel. Or, plusieurs personnes ont un courriel à leur nom. « La loi nous demande de transmettre la décision à toutes les parties intéressées. C’est ce que nous avons fait. En procédant de cette façon, nous nous sommes assurés que tout le monde reçoive la décision en même temps. En signant ce document, il ne fallait pas s’attendre à demeurer anonyme », explique Mme Leroux.

Françoise Pelletier a écouté attentivement la période des questions du 6 avril au conseil municipal. « Le ton de leur réponse était respectueux. C’est un dossier qui est sensible depuis tellement d’années. Nous aurions souhaité que les personnes les plus démunies puissent se faire entendre davantage. Les citoyens veulent être consultés. La situation du logement abordable est catastrophique ».