Société

Une autonomie alimentaire qui augmente

André Mousseau, président des Producteurs en serre du Québec et copropriétaire avec Pierrette Martel de Cactus fleuri à Sainte-Marie-Madeleine. Photo : UPA Montérégie

C’est une statistique qui, étrangement, n’a pas fait beaucoup parler lorsqu’elle est sortie cet automne. L’autonomie alimentaire en fruits et légumes au Québec atteint aujourd’hui 50 %.

André Mousseau, président des Producteurs en serre du Québec et copropriétaire avec Pierrette Martel de Cactus fleuri à Sainte-Marie-Madeleine. Photo : UPA Montérégie

C’est André Mousseau de Sainte-Marie-Madeleine, président des Producteurs en serre du Québec, qui a sorti la donnée lors de l’assemblée générale annuelle de l’organisation. Il y a deux ans à peine, on parlait d’environ 30 %. Tout revirement qui s’explique, entre autres, par l’essor de la production en serre. Ce fut l’un des effets collatéraux de la pandémie. Rappelez-vous l’appel de François Legault pour l’achat local en 2020, plus particulièrement en agriculture. La mise sur pied d’un programme financier pour le développement de la serriculture a suivi, venant épauler les producteurs. Pour une rare fois, les bottines ont suivi les babines.

            Il faut rappeler que même si le Québec est un grand producteur hydroélectrique, la serriculture a longtemps été un enfant pauvre du développement agroalimentaire. Pour les serriculteurs, il était plus économique de chauffer les serres au gaz naturel ou au bois qu’à l’électricité. Et puis, la serriculture souffrait d’un manque de structures et de soutien financier. En Ontario, c’était tout le contraire et ce n’était pas dû seulement au climat un peu plus favorable. Il manquait une volonté gouvernementale.

            Aujourd’hui, on constate le changement dès qu’on entre dans son supermarché. En tout temps de l’année, on peut acheter laitues, tomates ou concombres du Québec. Pour les autres fruits et légumes, les produits québécois sont nombreux et mis en évidence. On peut aussi dresser le même constat localement. Dans mon supermarché, je peux me procurer de la laitue de Saint-Dominique, des tomates de Saint-Damase ou de l’ail de Saint-Bernard-de-Michaudville et de Saint-Jude. En prenant ma voiture, je pourrais aussi aller acheter des fraises à La Présentation, même par moins 20 à l’extérieur. Bref, pour qui privilégie l’achat local, le choix n’a jamais été si abondant. Il faut saluer nos épiciers pour leur ouverture et nos producteurs pour leur dynamisme.

            Je pourrais vous parler longuement des bienfaits de l’achat local sur le plan environnemental ou économique. De plus, Saint-Hyacinthe n’est pas qu’une mer de maïs et de soya à perte de vue. Même si elles paraissent minuscules, les autres productions font aussi la richesse de notre région. Le Journal Mobiles en a souvent fait état par le passé.

            Évidemment, alors que notre panier d’épicerie n’a jamais coûté si cher, vous me direz qu’il faut avoir les moyens de se payer ces produits locaux. C’est vrai que certains produits sont de niche et moins abordables. Mais on retrouve aussi des produits courants dont les prix sont comparables.

            Acheter c’est voter, a toujours soutenu Laure Waridel. Le prix n’est pas le seul facteur d’achat en alimentation. Les qualités nutritionnelles et les produits locaux sont aussi des éléments importants. Au fond, notre panier d’épicerie reflète toujours nos valeurs. Ce qui est rassurant, c’est que le choix est maintenant à notre disposition, ce qui n’était pas toujours le cas auparavant.

La production en serre n’a pas fini de nous étonner. Fines herbes, poivrons et petits fruits vont sans doute devenir monnaie courante dans l’avenir. Et on ne peut que s’en réjouir.