Société
Réseau Sélection

Une grande tour au centre-ville

«Pas le choix», pour le directeur général de la Ville, Louis Bilodeau, il faut mettre fin à l'étalement urbain. photo : Nelson Dion

Une tour d’habitation de 15 étages qui s’élève sur le bord de la rivière Yamaska : quatre étages de plus que l’hôpital Honoré-mercier et seulement deux de moins que le futur hôtel Sheraton dans le secteur nord. Tel est l’essentiel de la proposition que la Ville de Saint-Hyacinthe a présenté le 6 juin dernier dans une salle bondée du centre des arts.

Pas moins de 375 personnes ont assisté à cette soirée d’information et de « consultation », précisait l’invitation. En fait, il aura fallu attendre plus de deux heures avant que le citoyen ait la chance de s’exprimer. Manifestement, le projet était déjà bien ficelé.

«Pas le choix», pour le directeur général de la Ville, Louis Bilodeau, il faut mettre fin à l'étalement urbain. photo : Nelson DionLe maire Claude Corbeil a d’abord mis la table en insistant sur le fait que « la Ville n’avait pas les moyens de refuser une offre de 50 millions » du secteur privé. « Il faut avoir une vision d’affaire » a-t-il précisé.

Par la suite, le directeur général de la Ville, Louis Bilodeau, a longuement – très longuement – exposé tout ce que les autorités municipales avaient fait pour son centre-ville au cours des dernières années, remontant aussi loin que la construction du centre des arts en 2005.

Il a aussi affirmé que Saint-Hyacinthe n’avait pas le choix que de construire « en hauteur » pour densifier sa population, évitant ainsi l’étalement urbain dans les zones agricoles. « le projet de Réseau Sélection s’inscrit parfaitement dans cette vision » a-t-il dit, ouvrant ainsi la porte au directeur du développement immobilier de Réseau Sélection, Herbert Nunes.

On recherche l’effet WOW!

Dans sa culture d’entreprise, Réseau Sélection offre des logements à des retraités « autonomes et actifs » de plus de 55 ans. Pour démontrer la chose, on a même vu dans sa publicité une quinquagénaire faire du parachute. Dans les faits, la moyenne d’âge des locataires serait d’environ 75 ans.

L’entreprise est en pleine expansion et compte plus de 35 édifices en fonction ou en construction au Québec. On recherche principalement des lieux pittoresques avec, si possible, une vue imprenable sur un cours d’eau – c’est l’effet WOW!

C’est le cas à Dorval, Laval, Deux-Montagnes et à l’une de leurs résidences de Québec, entre autres. On privilégie également la proximité du centre-ville, comme le nouvel édifice construit en plein coeur de Granby.

Une petite recherche sur internet nous apprend qu’il en coûte, en moyenne, 1600$ par mois pour se loger à Sélection Granby. Le projet de Saint-Hyacinthe compterait 185 logements et on estime qu’il y aurait quelque 250 résidants.

Après avoir étudié le dossier maskoutain, les gens de Réseau Sélection ont conclu qu’il y avait ici un « marché porteur », selon l’expression de Herbert Nunes. Une population vieillissante, aisée financièrement, devaient remplir les critères pour y investir 50 millions de dollars.

Un cadeau de deux millions

La Ville de Saint-Hyacinthe a, pour sa part, consenti un congé de taxes à l’entreprise, pour une durée de cinq ans, ce qui équivaut à environ deux millions de dollars.

Vers 21 heures 30, les citoyens ont finalement pu commencer à s'exprimer. . photo : Nelson DionQuant à l’édifice comme tel, il sera composé principalement de cette imposante tour de 15 étages. L’architecte de la firme ACDF, Alexis Frappier, a expliqué qu’il s’agirait de blocs superposés ayant des revêtements différents « pour s’harmoniser avec l’architecture du quartier » a-t-il expliqué.

Vers 21 heures 30, les citoyens ont finalement pu commencer à s’exprimer. Les interventions, généralement polies, ont néanmoins soulevé des réserves à l’égard du projet.

La question du stationnement est évidemment revenue sur le tapis. La construction enlèverait 188 cases à l’emplacement choisi, mais la Ville promet de les remplacer ailleurs. On a aussi négocié avec l’entreprise que la tour aurait un stationnement souterrain.

Enfin, bien que la Ville et les firmes engagées aient peaufiné leurs présentations, beaucoup de questions sont demeurées sans réponses, ce qui a semblé en inquiéter plusieurs. (lire autres textes sur le sujet)