Paul-Henri Frenière
Petits conseils à la mafia
Je profite de l’arrivée du congé des Fêtes de la commission Charbonneau pour réfléchir sur les enseignements qu’elle nous a apportés jusqu’à présent. Les révélations qui y furent faites peuvent alimenter la réflexion d’à peu près tout le monde, incluant la mafia.
Je me mets dans la peau d’un mafioso et force est d’admettre que, à la lumière des faits qui ont été dévoilés, il y aurait matière à m’améliorer, à bonifier mes pratiques pour une meilleure productivité.
Résumons. Les élus décident d’autoriser un projet de construction en vue de se faire réélire à la prochaine élection. Le Parti organise une grande réception pour recueillir des dons. Il invite des entrepreneurs qui, en concertation, vont présenter des soumissions. Pendant ce temps, le collecteur du Parti remplit ses poches de veston d’enveloppes brunes au point où il ne peut plus attacher ses boutons. La mafia, pour sa part, remplit ses bas.
Arrive enfin l’élection. Avec l’argent des dons, le Parti s’achète plein de publicités dans les médias. Ce qu’il y a de commode avec la publicité, c’est qu’on n’a pas besoin de dire la vérité. Tout le monde sait qu’un mensonge éhonté, une énormité, à force d’être répété devient une vérité. Suffit juste de payer.
Pensez à un certain Parti qui avait comme slogan « Nous sommes prêts ! ». Prêts à quoi ? Fouillez-moi! Nous avons su par la suite à quoi ils s’étaient préparés. Mais le Parti a été réélu trois fois, c’est la preuve que la formule a fonctionné.
À mon avis, la mafia devrait en tirer une leçon : acheter beaucoup de publicités dans les médias. Si on peut blanchir l’argent, on doit pouvoir aussi blanchir son image. Et rien de mieux qu’une bonne pub, répétée ad nauseam, pour inscrire dans les cerveaux qu’on lave plus blanc que blanc, qu’on est sans tache.
Surtout dans un contexte où deux clans mafieux sont en compétition, semble-t-il, pour le contrôle du marché. En qui le contribuable devra-t-il mettre sa confiance?
Prenez le pizzo, par exemple, cette cotisation obligatoire que les commerçants doivent verser à la Cosa Nostra pour avoir la paix. Une espèce de protection pour ne pas recevoir un cocktail Molotov dans la fenêtre de son commerce.
La mafia devrait s’inspirer de l’assurance-emploi. Tous les travailleurs et tous les employeurs ont l’obligation d’y cotiser. En principe, c’est une protection dans le cas où tu te retrouves sans travail.
Or, le gouvernement fédéral a si bien resserré les règles, avec les années, que seulement 40% des chômeurs ont droit a des prestations. Il a ainsi empoché des milliards de dollars en pur bénéfice. C’est pas beau ça? Et en plus, c’est parfaitement légal puisque c’est lui qui édicte les lois !
Bref, si j’étais mafioso, je m’inspirerais des Partis politiques et des gouvernements. Cotiser le maximum d’argent de toutes les façons possibles et utiliser la publicité dans les médias pour me justifier.
(Pour ceux et celles qui n’auraient pas compris, incluant les mafiosi, ce texte, c'est de l’ironie…)
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