Chronique

2012 : l’année des étudiants

Il paraît selon un « média de masse » que l'évènement marquant de l'année 2012 serait le cas Magnotta. Coudonc, y'ont tu vécu dans la même province que nous autres les médias ? C'est pas le fait que les étudiants ont lancé le plus grand mouvement de résistance et de solidarité jamais vécu au Québec, ben non. C'est un esti de débile qui a découpé un gars qui ferait notre année… Bravo les médias. Super.

Qu’est-ce qui s’est passé dites-moi dans les derniers mois que je ne comprends pas ? Comme un grand vide médiatique (pas que ce soit complètement nouveau, remarquez) autour du printemps érable, de ses conséquences sur notre être ensembles et devenir collectif…

Selon vous, y aura-t-il un avant et un après Magnotta ? Pourra-t-on dans les années à venir  voir une trace de ce boucher sur notre psyché collective ? Je ne le crois pas, vous ne le croyez pas, et mêmes les médias n’y croient pas. Du haut de leur empire, peut-être justifient-ils le fait qu’ils ont offert à Magnotta une fichue de belle couverture médiatique lorsque c’est arrivé. Pendant que l’on montrait des photos de narcisse-tueur, des étudiants avec d’autres citoyens à leurs côtés se faisaient battre par la police dans nos rues. Un dossier a même été ouvert à Amnistie internationale sur la brutalité policière au Québec… Très peu de mentions faites dans les médias de masse. Et depuis que les étudiants ont regagné leurs bancs d’école, on dirait que la presse s’est fait un grand plaisir à  balayer sous le tapis tout ce qui aurait pu être amené comme réflexion, comme constat sur nous-mêmes.. Une sorte de grand choc collectif, peut-être, suivi d’amnésie…

On voit à la télévision encore des reportages sur les évènements du 11 septembre 2001, où l’on explique à monsieur madame tout le monde ce qu’est la propagande et comment l’opinion publique a été manipulée pour justifier la guerre.  Sans qu’on entende bien fort comment elle l’a été d’une façon monstrueuse pendant le printemps été érable québécois, quand on opposait les étudiants à nos policiers… Quand on parlait de casse, de casseurs pendant que c’était nos enfants qu’on cassait.  La converture a été faite d’une façon biaisée, faisant apparaitre les étudiants et leur juste lutte comme des ennemis de la paix publique… Peut-être est-ce au final une bonne idée de parler de Magnotta en fin d’année pour faire oublier le manque d’éthique et d’objectivité journalistique qui a été constatés pendant le printemps érable…

Anyway.  L’évènement de l’année, il appartient aux étudiants, au peuple ensuite, à tout ce qui a été fait pour montrer que c’était possible de se lever debout pour nos valeurs de justice sociale dans un monde néolibéral…

Merci à vous, étudiants. Qui avez sacrifié votre session, votre temps, vos énergies pour nous donner la leçon que nous méritions tous, vous avez de fait été nos maîtres en cette année 2012.  Vous nous avez enseigné qu’il était encore possible de rêver et d’agir de grands projets collectifs pour le Québec.  Nous sommes une maudite gang qui allons nous en rappeler longtemps. L’histoire du Québec va s’en rappeler encore longtemps aussi, n’est-ce pas ? N’en déplaise aux médias de masse, l’histoire sera écrite par vous, un jour.  Et je ne pense pas qu’il y aura un chapitre intitulé Magnotta.