Paul-Henri Frenière
UNE MRC SANS CULTURE ?
Depuis quelques mois, des gens de la région se rencontrent pour réfléchir à l’avenir économique de la MRC des Maskoutains. C’est bien, on ne réfléchit jamais assez. Mais en parcourant le document synthèse qui rend compte de ces États généraux, il m’a semblé qu’il y avait une grande absente : la culture.
Dans les quatre grands chantiers de réflexion qui y sont proposés, le mot « culture » n’apparaît qu’une seule fois. En cherchant bien, on le retrouve dans le chantier portant sur « L’innovation, les biotechnologies, l’agroalimentaire et l’agriculture ».
Et à quel endroit la culture se retrouve-t-elle ? Quelque part au quatrième point du troisième objectif qui traite du tourisme d’affaires. Le suivi envisagé par le comité se lit comme suit :
« Compléter l’offre touristique autour de l’offre en tourisme d’affaires à l’aide de produits spécifiques du centre-ville, de l’agrotourisme, de la culture, de l’art, du patrimoine et du plein air. »
Alors, si je comprends bien, dans le développement de notre Technopole agroalimentaire, on envisage un tourisme d’affaires où la culture, l’art et le patrimoine maskoutain seraient des « produits spécifiques » au même niveau que l’agrotourisme et le plein air.
On est bien loin de la fameuse théorie de Richard Florida qui veut que les facteurs culturels soient essentiels au développement économique des villes. Il est bien connu que la vitalité culturelle d’une communauté détermine pour une bonne part la capacité d’attirer, de générer et de retenir une « classe créative » de jeunes travailleurs.
Imaginez Montréal ou Québec qui tiendraient des États généraux sur leur avenir économique. Pensez-vous que le volet culturel serait réduit à un vague statut de « produit spécifique » secondaire et marginal ? Montréal a son quartier des spectacles et Québec son nouveau quartier Saint-Roch, peuplé de jeunes créateurs : une initiative concertée du milieu culturel et institutionnel, des instances politiques et du monde des affaires. On a compris que l’offre culturelle – et les gens qui l’a crée – sont des facteurs essentiels au développement économique et commercial d’une ville et d’une région.
Bien sûr, Saint-Hyacinthe n’est pas Montréal ni Québec. Mais il ne faudrait pas minimiser ses attraits et ses atouts. D’abord c’est une belle ville (on ne l’a pas surnommée « la jolie » pour rien). Son histoire est riche et on ne la connaît pas assez, à mon avis.
Mais ce qui est peut-être le plus important, c’est qu’on perçoit une certaine effervescence culturelle depuis quelques années, particulièrement chez les jeunes. Tant au niveau des arts de la scène, des arts visuels que du multimédia, on constate qu’il y a beaucoup de talents ici.
Enfin, il est étonnant qu’un projet majeur soit passé sous le radar des États généraux. Je parle du Complexe culturel maskoutain (nom provisoire) dont l’étude de faisabilité est prévue en 2014 ou 2015 dans les plans de la ville.
On se rappelle que ce méga projet regrouperait, en un seul lieu, la Médiathèque maskoutaine, le Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe et le futur Musée régional de Saint-Hyacinthe jumelé au Centre d’exposition Expression.
Grosse affaire ! Et je comprends mal comment on a pu passer à côté dans l’élaboration d’une stratégie pour l’avenir de la région. À moins que la culture ne soit pas dans la mire de ceux et celles qui ont été regroupés pour ces États généraux.
Il faut admettre, cependant, que l’organisation d’une telle démarche doit demander beaucoup de temps, d’énergie et de planification. En cela, on doit lever notre chapeau à la Chambre de commerce et de l’industrie Les Maskoutains.
Il faut dire, aussi, que les 75 personnes qui se sont attelées à la tâche ont ratissé large en abordant plusieurs thèmes comme les biotechnologies, l’agroalimentaire, la formation, les offres résidentielles et commerciales, de même que le développement durable. Gros travail !
Si j’ai bien compris, le processus n’est pas terminé. Il serait donc encore temps d’intégrer à la réflexion un élément qui, en quelque sorte, définit et distingue vraiment une région : sa culture.
AJOUT: Je viens d'apprendre que l'UNESCO organise un congrès international, en mai prochain, dont le thème est: "La culture: une clé pour le développement durable".
Re: UNE MRC SANS CULTURE ?
C’est vrai qu’il ne faut pas oublier le développement des arts et de la promotion du patrimoine dans notre belle MRC. Je ne suis pas au courant de la démarche de la Chambre de commerce alors mon commentaire ne la vise pas particulièrement.
Les arts et le patrimoine, c’est ce qui permet de mettre du sens dans nos petites vies respectives, parfois décousues, et de trouver des points communs entre chacune d’entre elles. Ça permet d’en savoir plus sur qui nous sommes ou sur qui nous avons été, par la réflexion ou simplement par la contemplation qui, éventuellement, pourrait mener à une discussion si l’intervention est bien planifiée.
La culture en général, qu’on y voie de l’art ou non, il faut l’encourager aussi. Elle passe par les organismes communautaires qui rassemblent parfois plusieurs mouvements sociaux. Elle passe aussi par les entrepreneurs qui créent des services, des lieux et même dans les commerces.
C’était mon mini-mémoire pas scientifique du tout ! 😉
Re: UNE MRC SANS CULTURE ?
Depuis plusieurs années déjà, notre bibliothèque est dans un état lamentable. De belles promesses se sont succédées mais rien n’a bougé. Il serait plus que temps d’agir!
Re: UNE MRC SANS CULTURE ?
Il y a effectivement une culture dans la MRC, mais elle demeure en développement. Et tant que cette culture sera dans un plan secondaire, non prioritaire, elle demeurera silencieuse. Tant qu’elle ne prendra pas une même direction, elle demeurera vague.
Dans ce qui a été dit jusqu’à date, il y a un oubli: la Métairie. Je sais, on en parle et reparle sans cesse, et non dans un point de vu positif. Pourtant, quand ce projet sera finalement mis en branle, il y aura une possibilité que les agents culturels (c-à-d: les différents organismes culturels) puisses enfin discuter entre eux pour créer des projets unique et rassembleur.
Comme Monsieur Morin a écrit, il est important d’encourager la culture maskoutaine. Il faut une collaboration entre les organismes culturels et les gens de la MRC. Pourtant, dans les différentes manifestations de cette culture, peu de Maskoutains participent. J’y vais en connaissances de cause: je suis dans l’organisation de Visit’art. Nous avons créé quand même un événement important dans les arts visuels d’ici en le Symposium d’arts visuels Visit’art. Les gens de la MRC viennent à cet événement, mais n’achètent pas (ou peu). La participation des Maskoutains ne doit pas se limiter à une simple présence. Acheter une oeuvre fait partie de cette collaborations entre artistes et visiteurs. Cela encourage la culture à se développer.
J’ai parfois l’impression que la culture passe pour le moment par le Centre Juliette-Lassonde qui ne fait rien d’autre qu’importer la culture d’ailleurs (principalement de Montréal) dans notre région. Dommage.
Il y a effectivement l’exposition annuelle des membres de l’Atelier Libre de Peinture qui se fait à Juliette-Lassonde. L’impression que j’ai eu l’an passé quand j’y suis allé est que cette exposition semblait bien secondaire, ou discrète, dans l’enceinte de cet édifice. Encore une fois, dommage.
Je pourrais en ajouter, mais je préfère arrêter là pour le moment.
Re: UNE MRC SANS CULTURE ?
La culture, puisque faite par des gens, est au reflet de ce que sont ces gens. Je suis tout à fait d’accord que, toutes disciplines artistiques confondues, St-Hyacinthe est pauvre en expressions culturelles. Je crois que si elles occupaient une place plus importante, les gens d’affaire, les élus, etc. ne pourraient pas passer outre et devraient les considérer dans le développement global de la communauté.
LA BASE
On doit donc se demander pourquoi. Pourquoi la culture n’est pas plus visible? Je suis loin d’avoir la réponse exacte, j’habite cette ville depuis seulement 4 ans. Une de mes constatation se fit lorsque j’appris qu’il n’y a pas de spécialiste en enseignement des arts plastiques au primaire à St-Hyacinthe. Ayant un brevet d’enseignement dans ce domaine, je peux vous dire que j’ai été très surprise de l’apprendre. Ce n’est pas la réalité de d’autres villes. On dit toujours que les premières années de vie sont importantes. Si l’art plastique ne s’enseigne pas au primaire, on peut facilement penser qu’on façonne des adultes en devenir qui auront moins de créativité.
ON CRÉE RAREMENT QUE POUR SOI-MÊME
Le dernier point que j’aimerais apporter est l’implication collective au soutient des artistes. Car pour avoir Culture il faut des Artistes. Ces artistes doivent avoir une reconnaissance de leur travail, si-non ils seront tentés de, soit rester dans leur salon, soit s’exiler là où ils reçoivent de l’intérêt. Quelle reconnaissance offrons-nous à St-Hyacinthe? Combien de gens se déplacent, par exemple, pour assister aux vernissages?