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Question de s’amuser un peu

En ce temps de confinement, question de vous distraire un peu, je vous propose un choix d’albums amusants qui feront sourire petits et grands.

Pet et Répète, la véritable histoire

Vous connaissez cette blague, du moins vous croyez la connaître. Katia Canciani nous révèle la véritable histoire de ces jumeaux qui, dès la naissance, témoignent de caractéristiques spécifiques. L’un a un problème de flatulences et l’autre est dur d’oreille, d’où leur nom : Pet et Répète. Plutôt que de s’en affliger, les deux frères s’en servent quelque temps pour amuser les gens dans un cirque avant que chacun fasse ensuite cavalier seul.

Les rimes et les répétitions donnent du rythme au texte : « Pet et Répète ont une enfance heureuse. Leur maman leur fait un gros câlin tous les matins. Leur papa leur raconte une histoire tous les soirs. Et c’est toujours avec leur chien Rapporte qu’ils vont s’acheter des bonbons au magasin. »

Les illustrations épurées mais non moins expressives de Guillaume Perreault abondent de petits détails. Chacune est encadrée à la façon d’un album de photographies. Un détail du dessin est repris pour encadrer la page et une petite miniature se trouve au-dessus du cadre. Le fond pointillé des illustrations rappelle les cahiers pour initier les enfants à la peinture à l’eau. Bref, un album très divertissant pour tous les âges.

La saga des trois petits pois

Qui d’autre que Pierrette Dubé peut signer un documentaire déguisé sur les légumes à partir de trois petits pois ? Avec l’humour et l’imagination qu’on lui connait, elle raconte la vie de trois petits pois cultivés dans les champs jusqu’au congélateur de l’épicerie.

Membres d’une famille de 9, les trois petits pois vivent calmement dans le sous-sol d’une gousse dans le 18e plant du 6e rang sur la droite en entrant dans le champ : « Le facteur s’y retrouvait sans aucune difficulté. » Les trois petits pois sont : Jean-Jacques, l’aventurier qui rêve de voyage ; Réal, le rêveur qui écrit de la poésie et Donald, le comique qui raconte des blagues de pois chiches. Un matin, en plein petit-déjeuner (il faut les voir prendre leur café espresso), ils apprennent que la récolteuse est en marche. Débute alors une aventure pour nos trois compères : de la récolteuse au camion puis à l’usine de transformation, ils cherchent à se retrouver. Lavage, triage, blanchiment et surgélation les attendent avant d’être empochés avec le maïs en grains et les carottes en dés.

La saga de ces trois compères attachants fait sourire à chaque page. Yves Dumont traite ces légumes verts tels des humains, tout en illustrant de façon réaliste les différentes étapes de transformation des légumes de l’usine Lajoie. Voilà un texte attrayant et en bonus des blagues de pois chiches se trouvent en annexe. Un coup de cœur!

À qui la frite?

À la manière du rat des villes et du rat des champs, Chloé Varin relate la vie de Gontrand le goéland et Mariette la mouette. L’un se gave de frites et de hamburgers du casse-croûte, tandis que l’autre vit au bord du fleuve et se nourrit de poisson. Gontrand le goéland, s’il n’était pas si lourd, irait rejoindre sa cousine Mariette la mouette qu’il envie beaucoup : « Elle survole chaque jour un fleuve

argenté pour s’enfiler dans le gosier du poisson bien frais. » Tout comme Mariette qui pense souvent à son cousin « le nez plongé dans ses bouquins ». Un matin, chacun décide de « prendre le large ». Mariette se rend très rapidement : « Bruits de voitures et coups de klaxon, odeur de friture et hot-dog en néon… Je suis bel et bien arrivée à destination! »

Gontrand trouve le voyage épuisant. À l’arrivée, tous deux se trouvent bien déçus de ne pas trouver l’autre. Ce rendez-vous manqué leur permet de constater que le « tout nouveau tout beau n’est pas sans défaut. »

Les illustrations de France Cormier ajoutent beaucoup d’humour au texte rythmé de l’auteure. Il faut voir les petits accessoires, bijoux et tatouages des oiseaux et le contenu de leur page « Facebec ». Sur fond gris les pages de la ville tranchent avec les pages turquoise du bord du fleuve. Cet album donne un avant-goût des vacances dans le Bas Saint-Laurent et en Gaspésie!

Collé

« À la récré, je me suis collé la langue au poteau. Vous trouvez ça drôle? Moi pas tellement. » Ainsi débute le mini roman graphique de Jean Lacombe. Antoine, ce pauvre petit collé au poteau, raconte sa mésaventure : « Dire que tout ça est arrivé parce que j’ai voulu attraper un flocon avec ma langue. » Cette histoire n’a rien de banal, elle prend des proportions inimaginables.

Bientôt le concierge arrive sur les lieux, interrompu par la dame de la cafétéria, suit le directeur qui avise les parents d’Antoine de son retard. La nuit passe, puis au matin, voilà Monsieur Prosper, l’expert du Ministère qui conclut: « Cet enfant a la langue collée à un poteau. […] Un comité du ministère va étudier ton cas. » Vraiment trop drôle.

Son amie Jade lui transmet le devoir de mathématiques, impossible à résoudre dans sa situation!

La page couverture à elle seule fait sourire : on y voit en gros plan un enfant la langue collée au poteau gelé. Si le début est réaliste, l’histoire glisse ensuite vers dans un imaginaire délirant. Le lecteur débutant sera encouragé à lire ce texte cocasse, efficace et abondamment illustré.

Le pire livre du monde

Élise Gravel a choisi de réunir en un seul livre tout ce qu’il ne faut absolument pas faire lorsqu’on crée une histoire. Avec beaucoup d’ironie elle met en scène des personnages clichés, insère des fautes dans un texte pauvre, plein de répétitions et de situations prévisibles. On trouve également une page où l’auteure a volontairement introduit dans une seule phrase un lot de mots savants compliqués que les enfants pourront chercher à découvrir.

Construit en deux parties, le livre présente sur les pages de gauche les épisodes de cette « pire histoire du monde » et sur les pages de droite trois petits personnages commentent le récit dans des phylactères. Ces derniers se sentent abandonnés et s’ennuient ferme. Si aucun commentaire n’apparait au sujet de la princesse qui a le doigt dans son nez, les lecteurs eux ne manqueront pas de commenter.

Le titre accrocheur attire la curiosité et les illustrations font sourire, mais il est faux de croire qu’il s’agit du « pire livre du monde » : les éducateurs y verront un excellent guide pour éviter les pièges en création littéraire.

Pas encore une princesse !

Granita, grande écrivaine (elle mesure plus de 2 mètres), vit dans un lointain pays et inconnu. Un matin, la géante de l’écriture s’installe à sa table de travail et écrit : « Il était une fois une petite fille… » puis, plus rien ! La voilà en panne d’inspiration ! Elle consulte alors le Grand Guide Médical Des Artistes et constate qu’il n’existe aucun vaccin contre la maladie de la page blanche. Elle laisse tout de même un message d’urgence au 1-800-AYE-YAYE et attend… Elle aperçoit alors dans son pot à crayons une minuscule petite fille en pyjama : « Je suis la petite fille de votre histoire! Ou plutôt de votre future histoire. »

Granita ne veut pas d’une princesse dans son texte, il y en a déjà trop! Mais la fillette, telle une fée, prend les choses en main, installe un décor, des costumes et ajoute un personnage…ce qui n’est pas sans bousculer Granita.

Les illustrations d’Annie Rodrigue offrent un côté rétro : une dactylo, un téléphone à cadran, des crayons de plomb… Seule la petite fille se distingue avec une touche de vert alors que les pages prennent des tons de bleu. Les personnages expressifs, illustrés sous différents angles rappellent le cinéma d’animation. Quant à la minuscule petite fille et ses accessoires, ils font penser à une maison de poupées. Beaucoup d’humour dans cet album.

 

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Lou Beauchesne. Pas encore une princesse. Illustrations de Annie Rodrigue. Éditions Druide. 2018, 32 p. (petite marmite)

Katia Canciani. Pet et répète, la véritable histoire. Illustrations de Guillaume Perrault. Éditions Fonfon, 2019, 32p.

Pierrette Dubé. La saga des trois petits pois. Illustrations de Yves Dumont. Éditions la courte échelle, 2018, 32p.

Elise Gravel. Le pire livre au monde. Éditions Scholastic, 2019, 48p.

Jean Lacombe. Collé. Soulières éditeur. 2018, 80 p. (ma petite vache a mal aux pattes; 154)

Chloé Varin. À qui la frite? Illustrations de France Cormier. Éditions Fonfon, 2019, 32p.