Environnement

Arracher l’herbe à poux : une obsession

À chaque fois que Suzanne Viens passe devant un plant d'herbe à poux, elle l'arrache. Photo Nelson Dion

À chaque fois que Suzanne Viens passe devant un plant d’herbe à poux, elle l’arrache. « Pour moi, c’est comme une obsession » avoue-t-elle. Depuis son arrivée à Saint-Hyacinthe, en 2006, ce sont des centaines de plants qu’elle a ainsi éradiquées du paysage urbain. Sa motivation est simple : elle connaît les ennuis que cette mauvaise herbe peut causer aux personnes qui en sont allergiques. Il y en a dans son entourage.

Originaire du Bas-Saint-Laurent, elle avait entendu parler d’un botaniste, Elzéar Campagna, qui avait mobilisé des centaines d’écoliers de la région afin d’arracher, un à un, les plants d’herbe à poux. L’opération fut un succès, mais la plante est revenue avec le temps car c’est un travail qu’il faut toujours recommencer.

« Un plant peut produire jusqu’à 3000 graines qui ont la capacité de survivre dans le sol plus de 40 ans » précise Suzanne Viens. Cette plante constitue la plus importante cause du rhume des foins (rhinite allergique saisonnière) dans tout le nord-est de l’Amérique du Nord et serait responsable d’environ 75 % des allergies aux pollens, affectant environ un Québécois sur dix. Elle peut aussi favoriser la sinusite chronique ou l’asthme

À chaque fois que Suzanne Viens passe devant un plant d'herbe à poux, elle l'arrache. Photo Nelson Dion

Cette allergie se manifeste par différents symptômes dont les éternuements, la congestion nasale et le larmoiement. Il va sans dire que cela affecte les activités quotidiennes et le rendement à l’école pour les enfants ou au travail pour les adultes. Sans compter les sommes importantes consacrées aux médicaments.

Il y en a partout

La croisade de Suzanne Viens contre cette « herbe du diable » a commencé simplement. « Je marchais sur la Promenade Gérard-Côté avec mon petit-fils et j’ai remarqué qu’il y en avait énormément. Au début, j’apportais des sacs que nous remplissions et que je jetais en arrivant à la maison. Maintenant, je dispose les plants pour qu’ils sèchent au soleil » raconte-t-elle.

La Maskoutaine d’adoption sillonne les endroits publics comme les parcs. « Partout, il y en a. Je n’y vais pas souvent, mais j’ai remarqué qu’ au parc Les Salines, il y en avait beaucoup. Il y aurait un gros travail à faire là-bas » lance-t-elle.

Une question d’éducation populaire

Elle s’aventure même, parfois, sur les terrains privés, ce qui donne lieu à certaines anecdotes. « Une dame m’a déjà demandé si je n’avais pas peur que ça me donne des boutons. Elle confondait avec de l’herbe à puce. Il y a encore beaucoup d’éducation populaire à faire, remarque-t-elle. Ou bien les gens ne reconnaissent pas la plante, ou bien ils en ont peur sans raison ».

Suzanne Viens ne rate pas une occasion d’expliquer ce qu’il en est vraiment et les ennuis que cela peut causer à l’entourage. Même si elle n’a pas une formation de botaniste, elle réussit à expliquer les raisons de sa démarche. Ce qui amène, parfois, à des événements surprenants.

« J’essayais d’arracher un gros plant qui poussait entre un poteau de téléphone et l’asphalte. Mais la racine restait coincée et l’herbe à poux allait donc repousser éventuellement. Un homme en quadriporteur passait par là et il m’a demandé ce que je faisais. Je lui ai expliqué la situation. Il a alors sorti une pince de son coffre et m’a dit qu’il allait arranger ça. Il s’est allongé de tout son long par terre et il a extirpé la racine avec sa pince. Je me souviens encore de son sourire de satisfaction. Malgré son handicap, il s’était rendu utile ».

Faire son possible pour améliorer la qualité de vie des gens qui nous entourent, c’est le message que transmet Suzanne Viens par l’exemple.