
Félix Tremblay
J’avais quinze ans la première fois où j’ai entendu parler du pic de production pétrolier. À l’époque, on estimait qu’il aurait lieu vers 2025. Depuis, on ne cesse de repousser ce moment, les avancées technologiques et les techniques de prospection ne cessant de s’améliorer. Certains voudraient y voir la preuve que les écologistes ne sont que de vulgaires alarmistes et qu’il y aura du pétrole à exploiter ad vitam aeternam. La réalité, c’est que le pétrole a très peu de chances de réapparaître lorsque nous en aurons brûlé la dernière goutte, n’en déplaise aux jovialistes qui ont une foi inébranlable dans les capacités salvatrices des avancées scientifiques.
Je sais que je ne me ferai pas d’amis en l’affirmant, mais je suis d’avis que, pour une chose précieuse qui disparaîtra sûrement d’ici la fin du siècle au rythme où nous le consommons, le pétrole ne coûte pas suffisamment cher. Il est illogique de payer le litre de boisson gazeuse, d’eau embouteillée ou de lait plus cher que le litre d’essence. Quand faire boire les humains coûte plus cher que faire boire l’auto, on peut se questionner sur notre sens des priorités.
Permettez-moi d’en rajouter une couche : je pense qu’on ne taxe pas assez cette denrée rare et que le gouvernement libéral fédéral de M. Carney a eu tort d’abolir la taxe carbone pour les particuliers. Cette taxe ne permettait même pas de compenser ce que coûte notre dépendance au pétrole en termes de facture environnementale. Nous voilà donc à nous préoccuper du prix de l’essence sans même considérer ce que ça nous coûte réellement de l’utiliser.
Nous sommes tous échaudés par l’inflation galopante et les augmentations sans fin du coût de la vie, mais j’invite tout le monde à faire le calcul de ce que lui coûte réellement un litre d’essence à 1,50$ plutôt qu’à 1,35$. Pour ma part, je brûle près de 100L d’essence par semaine, ce qui, avec mon petit véhicule, me permet de faire environ 1200 km. C’est horrible et je n’en suis pas particulièrement fier, croyez-moi. On pourrait supposer que je souhaite ardemment que le gouvernement du Québec ajuste sa taxe pour que l’essence coûte environ le même prix qu’ailleurs au Canada, mais non. J’ai fait le calcul, une réduction de 10 %, ne me ferait sauver que 20 $ par semaine. Oui, c’est 1000$ par année. Non, je ne suis pas riche. Je rêve du jour où un véhicule électrique aura l’autonomie dont j’ai besoin, ou encore, de celui où je cesserai de devoir me déplacer autant, c’est vrai. J’ai hâte que le transport collectif soit adapté à notre immense territoire. Je rêve de ne plus brûler autant d’essence. Je n’aurai cependant jamais hâte qu’on me donne le droit de polluer et de contribuer aux changements climatiques à moindre coût!
Je sais bien que le prix de l’essence se répercute sur l’ensemble de ce qu’on achète, sur les produits et même les services, mais je continue de trouver que c’est bien peu pour l’ensemble des dommages environnementaux que l’utilisation de l’essence provoque.
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