Carl Vaillancourt
Budget de la Ville de Saint-Hyacinthe : une hausse « respectueuse » pour le contribuable et une nouvelle taxe verte critiquée
Devant une vague inflationniste jamais vue depuis le début des années 90, le conseil municipal de Saint-Hyacinthe avait la lourde tâche de trouver un compromis dans le cadre de la réalisation de son budget prévisionnel pour l’année à venir. En début décembre, les contribuables maskoutains ont été informés que le compte de taxes allait augmenter de 4,19 % pour la maison unifamiliale moyenne sans piscine évaluée à 290 549 $. Une situation inévitable selon le maire André Beauregard.
Selon lui, il fallait trouver un point d’équilibre entre respecter la capacité de payer du contribuable et faire face à la hausse des dépenses, notamment liée à l’inflation. Avec un budget de 132,6 M$, l’impact sur le contribuable possédant une maison unifamiliale moyenne sans piscine est de 107,30 $ pour la taxe foncière générale.
« Le conseil est conscient de l’inflation qui affecte les familles maskoutaines. C’était important de trouver un point d’équilibre qui permette de respecter la capacité de payer des contribuables, mais aussi de poursuivre nos projets et développer la Ville de Saint-Hyacinthe. Les projets sont nombreux et essentiels pour améliorer notre milieu de vie », d’expliquer André Beauregard lors d’un point de presse avec les membres des médias.
La hausse de la taxe foncière générale votée par le conseil municipal n’est pas la seule, puisque la taxe de piscine a augmenté de 5 $ et la taxe d’assainissement des eaux a été augmentée de 12 % pour finalement coûter 165 $ à ce même contribuable. Toutefois, un nouveau fonds vert verra le jour en 2023, ce qui implique une nouvelle taxe pour le contribuable. Fixée à 0,0069 $ pour chaque tranche de 100 $ d’évaluation foncière, il s’agit d’une hausse de 20 $ de la contribution citoyenne. Cette contribution servira à financer des projets environnementaux.
« Plusieurs villes ont pris le virage de l’écofiscalité. La Ville de Saint-Hyacinthe a également fait ce choix. Les élus se sont dotés d’un fonds vert qui permettrait de financer des projets environnementaux », a-t-il ajouté.
Deux conseillers dissidents
En désaccord avec leurs collègues, les conseillers municipaux David Bousquet et Bernard Barré ont toutefois retiré leur appui au budget prévisionnel 2023 présenté par le maire André Beauregard lors de la séance réservée à cet effet en décembre.
Le doyen du conseil municipal et conseiller du district La Providence s’est dit inquiet de la hausse marquée du budget dédié à la masse salariale de la Ville de Saint-Hyacinthe. Selon lui, la hausse de près de 3 M$ de ce poste budgétaire a un impact sur le compte de taxes des contribuables maskoutains.
« On a embauché 15 personnes l’an dernier. En vue de l’an prochain, on parlait d’une hausse de 20 personnes à la Ville. Le directeur général disait qu’on ne pouvait pas continuer dans cette vision. C’est plus de 2,977 M$ sur les dépenses liées aux ressources humaines. On a 230 employés permanents et plus d’une centaine de personnes à temps partiel. Les salaires comprennent aussi les bénéfices marginaux, c’est donc un 35 % de plus », a déclaré Bernard Barré.
De son côté, le conseiller municipal du district Sacré-Cœur, David Bousquet, a tenu à mettre en garde les élus autour de la table contre l’appétit municipal à dépenser à tout prix pour réaliser un nombre de projets qui pourraient être ambitieux selon la conjoncture économique qui pointe à l’horizon.
« C’est déjà arrivé dans le passé que j’aie voté pour une hausse de 4 % de budget en 2013 et 2014. Ce n’est pas un désaveu contre l’administration municipale et le travail effectué par celle-ci. L’inflation, c’est comme la fièvre d’une économie qui surchauffe. Quand on fait de la fièvre, on veut la faire descendre. Ici à Saint-Hyacinthe, on est en train de faire le contraire. On dépense davantage. On veut tout, tout de suite! », a ajouté David Bousquet.
« Ce n’est pas de l’écofiscalité », plaide Marijo Demers
Interpellée à réagir sur le budget prévisionnel de l’année 2023, Marijo Demers, la cheffe de la formation politique maskoutaine Saint-Hyacinthe unie, est restée sur son appétit quant à la présentation faite par celui qui était son adversaire lors de la campagne municipale en novembre 2021.
D’abord, celle-ci a dénoncé le fait que la municipalité tente de camoufler le fonds vert comme étant un principe d’écofiscalité. Selon ses propres mots, la taxe pour le fonds vert qui représente environ 20 $ pour une maison unifamiliale moyenne sans piscine à Saint-Hyacinthe n’est en aucun cas un principe d’écofiscalité.
« Nous sommes d’avis qu’il s’agit d’une occasion ratée par la Ville de Saint-Hyacinthe d’instaurer l’écofiscalité. La taxe spéciale du fonds vert s’adresse à tous en fonction de la valeur foncière, alors que l’écofiscalité s’inscrit dans une démarche selon laquelle on veut pénaliser des comportements nocifs pour l’environnement. On veut changer les comportements problématiques. Si ça avait été le cas, nous aurions été d’accord avec cette idée. Nous ne sommes pas contre l’écofiscalité. On aurait aimé que cette taxe soit plus ciblée pour avoir un réel impact comme il se fait ailleurs », d’indiquer la cheffe de Saint-Hyacinthe unie, Marijo Demers.
Le conseiller municipal du district Sacré-Cœur avait également fait cette remarque lors de son refus d’appuyer le budget prévisionnel 2023.
De son côté, Marijo Demers s’est dite également déçue de la place qu’occupait le transport collectif local.
« C’est vraiment l’enfant pauvre du budget. Dans une ère où on devrait investir dans les transports en commun, Saint-Hyacinthe a réduit le montant octroyé à cet effet dans le budget. Il faut prendre ce virage si nous voulons préserver notre environnement », a ajouté Marijo Demers en proposant des solutions pour mieux desservir le secteur du Domaine sur le vert ou encore le Parc industriel Olivier-Chalifoux.
Outre ces deux points précédents, le prix payé pour le service de la Sûreté du Québec établi à près de 12 M$ et la gestion de la dette publique en raison du plafond de la dette municipale révisé à la hausse par un règlement passant de 80 à 92 M$ inquiète la formation politique maskoutaine.
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