Société

La Terrasse du Patro révélée en images

Le groupe de locataires photographes. Photo: Paul-Henri Frenière.

Explorer son environnement en prenant des photos. Livrer des messages par l'image. Créer des liens avec ses voisins. Voilà l'expérience qu'ont vécue 11 locataires de la Terrasse du Patro à Saint-Hyacinthe.

Le groupe de locataires photographes. Photo: Paul-Henri Frenière.

L'initiative vient d'un groupe de recherche de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) qui s'intéresse aux réalités vécues dans les complexes d'habitations à loyer modique. Si l'on a choisi la Terrasse du Patro, c'est que l'endroit a été recommandé par la Fédération des locataires de HLM du Québec.

Bien sûr, il a fallu l'autorisation de l'Office municipal d'habitation (OMH) de Saint-Hyacinthe qui gère ce parc immobilier. Son directeur général, Jean-Claude Ladouceur, avoue qu'il a hésité quelque peu avant de donner son aval.

Madame Dalpé et Lyse. Photo: PHF. En conférence de presse, vendredi dernier, il a avoué que le pari était risqué. Comme les locataires avaient carte blanche sur les sujets de leurs photos, le résultat pouvait être aussi bien négatif que positif.

L'exposition « Flash sur mon quartier » qui a présentement cours à la Bibliothèque T.-A.-St-Germain relève certaines problématiques, certes, mais le portrait global est somme toute positif.

Par exemple, Lyse a rencontré l'une de ses voisines qui a appris à utiliser l'ordinateur alors qu'elle avait plus de 60 ans. Elle a même écrit des livres. Madame Dalpé pose fièrement avec l'un d'entre eux intitulé Ma nouvelle vie. « Madame Dalpé est une inspiration pour moi » a confié Lyse.

Plus de 150 photos ont été prises

Les locataires ont reçu une formation de cinq heures avec les appareils (Canon) qu'on leur a confiés. Durant les huit semaines qu'a duré l'expérience, plusieurs rencontres ont eu lieu au cours desquelles on devait choisir les photos les plus signifiantes.

Plus de 150 photos ont été prises par les participantes âgées de 19 à 64 ans (il n'y avait qu'un seul homme) et certaines révèlent des aspects de l'environnement à améliorer. On y voit, entre autres, un trou dans la clôture qui donne sur la voie ferrée et un conteneur à déchets qui déborde. Des choses auxquelles on peut facilement remédier.

Mais ce qui frappe, surtout, c'est le côté humain et social qui se dégage de cette exposition.

Joseline. Photo: PHF. Les photographes volontaires proviennent de différentes cultures. On aurait pu s'attendre à certaines frictions ou récriminations. Lors du vernissage, vendredi, on assistait plutôt à une belle harmonie.

Une photo, toutefois, laisse entendre que ce n'est peut-être pas toujours le cas dans le quotidien. On y voit des enfants, blancs et de couleur, qui s'amusent dans une balançoire. Son auteure, Joseline, a écrit ce commentaire : « Contrairement aux adultes, les jeunes ne regardent pas la couleur de la peau de leurs camarades. Ils veulent simplement jouer et s'amuser entre eux ». Ce qui donne de l'espoir pour l'avenir.

Cette expérience a démontré que la Terrasse du Patro – contrairement aux préjugés – n'est pas une ghetto mais peut-être un reflet de ce que sera la société de demain.

L'exposition "Flash sur mon quartier" est présentée jusqu'au 27 août à la Bibliothèque T.-A.-St-Germain.