Roger Lafrance
Il n’y a pas si longtemps, lorsque survenait un décès, la famille du défunt recevait parents et amis durant 2 ou 3 jours au salon funéraire. Suivaient ensuite les funérailles à l’église, la cérémonie au cimetière et le goûter dans une salle paroissiale ou municipale.
Aujourd’hui, on est bien loin de tout cela. La plupart des familles expédie le tout en moins d’une journée et souvent, tout se déroule au même endroit. Les rituels funéraires ne sont plus ce qu’ils étaient.
«La tendance avait déjà débuté à la fin des années 2010, mais la COVID a bouleversé le domaine funéraire, souligne Catherine Labonté, thanatologue à la Résidence funéraire Maska. Pendant des mois, les familles ne pouvaient plus se réunir et la crémation était obligatoire. Bien des gens sont restés avec cette idée de se dépêcher.»
Selon la Corporation des thanatologues du Québec, les familles ont choisi la crémation pour 82% des décès en 2022. Dans 37 % des cas, les cendres sont remises à la famille, ne laissant aucune possibilité pour les gens de se recueillir pour souligner le départ de leur proche. Un phénomène qui se vit aussi dans la région.
Catherine Labonté estime qu’il faut prendre le temps de faire le deuil de la personne décédée. En voulant expédier le tout rapidement, on escamote le processus de deuil.

Même constant pour Anthony Marcil, président du Groupe Ubald Lalime. «Des 2 ou 3 jours au salon, on ne voit plus cela, confie-t-il. Aujourd’hui, les gens sont occupés, tout va vite, et ils ont tendance à être expéditifs. Malheureusement, le processus du deuil prend du temps. Il ne faut pas le balayer de revers de la main.»
L’aspect religieux écarté
Au fil des années, les salons funéraires ont dû s’adapter à l’évolution des mentalités. Aujourd’hui, tout se fait au même endroit, la commémoration, le goûter et le lieu où sera déposé l’urne. Chez Ubald Lalime, les anciens fumoirs ont même été transformés en espace de jeux pour les enfants!
Ainsi, de moins en moins de familles décident de célébrer les funérailles à l’église. En fait, bien des familles optent pour une cérémonie laïque, qui écartera toute référence à la religion. On fait plutôt place aux témoignages des proches et à la musique que le défunt aimait. Certains iront même jusqu’à porter un toast à la mémoire du disparu.
«On assiste à la personnalisation de la cérémonie, indique Catherine Labonté. Les gens vont se rappeler sa vie, ses bons coups, quelle personne elle était. Même si les gens ont de la peine, ils sont davantage dans la nostalgie et les beaux souvenirs.»
«Les gens veulent célébrer la vie de la personne défunte, renchérit Anthony Marcil. Cela nous oblige à développer des propositions qui répondent aux besoins des familles. Nous sommes maintenant devenus des organisateurs d’événements.»
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Des cimetières nouveau genre
Bien des familles choisissent d’autres options que le colombarium ou le cimetière pour la disposition des cendres de leur proche. Au Québec, il est possible de disperser les cendres d’un défunt dans un lieu déterminé par celui-ci et qui a une forte symbolique.
Toutefois, la loi interdit de disperser des cendres d’un défunt à un endroit où elles pourraient constituer une nuisance ou encore d’une façon non respectueuse de la dignité de la personne décédée. Enfouir une urne funéraire sur un terrain privé peut avoir de graves conséquences. Aussi, un nouveau propriétaire pourrait faire annuler l’achat d’une propriété si la présence de l’urne ne lui a pas été divulguée lors de la transaction.
Sur la disposition des cendres, de nouvelles tendances apparaissent. Par exemple, la famille peut maintenant choisir une urne biodégradable ou écologique. Il existe même des cercueils écologiques.

Des cimetières nouveau genre sont même apparus, dans des milieux plus naturels. C’est le cas à Prévost où le complexe funéraire Les Sentiers propose un milieu comprenant un étang, des arbres et des sentiers. Le Jardin des mémoires à Laval propose un milieu commémoratif parmi les aménagements d’arbres et de fleurs.
Plus près de nous, les cimetières catholiques de Granby ont aménagé un «Boisé de vie» où il est possible d’inhumer une urne biologique comprenant aussi la semence d’un arbre ou d’un arbrisseau.
Une telle possibilité pourrait-elle être offerte à Saint-Hyacinthe? Tant le Groupe Ubald Lalime que la Résidence funéraire Maska aimeraient bien offrir ce service. Tous deux ont même approché l’Église catholique de Saint-Hyacinthe qui possède les deux cimetières de la rue Girouard. Pour l’instant, un tel aménagement ne semble pas envisagé.
«C’est quelque chose sur lequel on réfléchit, admet Anthony Marcil. Il serait en effet intéressant d’avoir une section spécifique du cimetière pour permettre la plantation d’arbres.»
C’est une tendance qui s’en vient au Québec, renchérit Catherine Labonté de la Résidence funéraire Maska. On aimerait pouvoir l’offrir mais malheureusement, nous ne sommes propriétaire d’aucun terrain qui nous permettrait de le faire.»


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