Paul-Henri Frenière
Décennie en deux temps
À l’aube de l’année 2020, il est tentant de faire un bilan de la dernière décennie. J’ai écrit plus de 400 articles dans ce journal au cours des 10 dernières années, ce qui m’a amené à rencontrer des personnes d’exception. Parmi celles-ci, j’en ai retenu deux qui, par leur cheminement et leurs réalisations, peuvent faire la fierté de la communauté maskoutaine.
C’était juste après le mémorable printemps érable. J’ai fait une entrevue avec l’un des trois leaders étudiants qui s’opposaient au gouvernement libéral de Jean Charest concernant la hausse des droits de scolarité. Un long conflit qui monopolisait l’attention médiatique.
Nous marchions sur la rue des Cascades pour se rendre au café Van Houtte. Des gens le reconnaissaient et le saluaient. Léo Bureau-Blouin répondait avec un sourire un peu gêné.
Malgré sa récente et soudaine notoriété, le jeune homme n’avait pas la grosse tête. J’ai pu le constater durant l’heure où nous avons jasé devant un café. Il m’avait dit qu’il était conscient d’avoir beaucoup reçu dans la vie et que dans l’avenir, il aimerait redonner à ceux et celles qui n’ont pas de voix pour se défendre face aux injustices. Il avait donc l’intention d’étudier en droit.
Lorsque nous sommes sortis, un client qui nous avait observés m’a dit : « Ce p’tit gars-là va aller loin. On va le revoir un de ces jours dans les médias, ça c’est sûr ». Il ne croyait pas si bien dire. Quelques semaines plus tard, Léo devenait le plus jeune député à entrer à l’Assemblée nationale. Madame Marois en avait fait l’un de ses candidats vedettes.
Après un mandat, il amorce des études au programme de la faculté de droit. Par la suite, il devient lauréat de la Bourse Rhodes qui permet à des jeunes gens au parcours exceptionnel de poursuivre leurs études pendant deux ans à la prestigieuse université d’Oxford, en Grande-Bretagne. Il obtient son baccalauréat en 2016 puis entreprend une maîtrise en droit. Il décroche, en vue de l’année 2019, un stage d’auxiliaire juridique au cabinet du juge en chef du Canada.
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J’ai rencontré Karoline Georges à quelques occasions au cours des 10 dernières années, mais plus spécifiquement lors de la présentation de ses œuvres au centre d’exposition Expression en 2016.
Cette maskoutaine d’adoption est aussi la co-fondatrice du journal Mobiles avec Marcel Blouin, directeur du Centre Expression et le père de Léo. Comme dirait le coloré Raoul Duguay : « Toute est dans toute ».
L’oeuvre de Karoline Georges s’inscrit dans le 21e siècle depuis plus d’une décennie, tant par sa littérature que par ses réalisations visuelles. Ma collègue Anne-Marie Aubin en a souvent parlé dans les pages de Mobiles.
Ces dernières années, Karoline Georges a reçu des prix prestigieux tant pour ses romans que pour ses réalisations en art contemporain. Par exemple, elle remporte le Prix à la création artistique du Conseil des arts et des lettres du Québec en 2012, le FutureFest Art Prize, au Royaume-Uni, en 2016, ainsi que le Prix Jacques-Brossard et le Prix du Gouverneur général, catégorie romans et nouvelles de langue française, en 2018, pour son roman De synthèse.
Je parie qu’au cours de la prochaine décennie, on entendra encore parler de Léo Bureau-Blouin et de Karoline Georges.
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