Chronique

Les bons vieux et les mauvais vieux : un titre trompeur, vraiment ?

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Je n’avais pas prévu réagir aux réactions de la ville suite à la chronique d’Isabelle Hachey dans La Presse, dans une espèce de danse infernale faisant écho au bras de fer entre la ville de Saint-Hyacinthe et sa volonté de revitaliser à tout prix le centre-ville et les citoyen.nes qui souhaitent continuer à y vivre paisiblement.

Mais je n’en suis pas capable, pas après avoir entendu le Directeur de la ville de Saint-Hyacinthe qualifier le titre de l’article de la chroniqueuse Isabelle Hachey de trompeur.

En quoi est-ce que ce titre est trompeur, monsieur Bilodeau ? Vous affirmez vous –mêmes dans nos médias locaux que vous souhaitez ‘’redévelopper’’ le centre-ville, rebâtir où il y a déjà des immeubles, où il y a déjà des résident.e.s.

Vous affirmez qu’il faut pour cela accroître la mixité sociale. C’est ici que le bât blesse, quand on sait que le centre-ville est un quartier défavorisé, ce qui implique la venue nécessaire de personnes ayant un profil socioéconomique plus élevé. Et conséquemment, le départ de ceux qui le sont moins et qui n’auront pas les moyens de demeurer dans le quartier.  

La mixité sociale, ici, est à mon avis un ‘’titre trompeur’’. Vous devriez plutôt parler de désir de gentrifier le quartier, de l’embourgeoiser.

Ça commence à ressembler pas mal au titre de la chronique de madame Hachey, ça.

C’est la même chose lorsque vous et Groupe Sélection nous répétez que les locataires de la rue St-François ne sont pas menacé.e.s d’évictions, mais que la compagnie privée travaille à les relocaliser.

Qu’en est-il de leur avis, à ces personnes âgées qui demeurent sur la rue St-François ?

Elles ne sont pas des meubles que l’on déménage. Ce sont des personnes âgées qui ont exprimé le souhait de vivre leur vie tranquille sur la rue St-François, dans leurs maisons, dans leur quartier où elles ont vécu leurs vies entières.

Le mot relocalisation est un ‘’titre trompeur’’ pour dire que des personnes aînées sont déménagées de force, parce qu’on souhaite avoir les terrains sur lesquels elles vivent pour bâtir une tour d’habitation de luxe.

Dans laquelle, d’ailleurs, vous avez encore affirmé qu’il n’y en aurait pas, de mixité sociale.

Parce que la Ville refuse de demander que les promoteurs privés fassent ‘’leur juste part’’ en intégrant un pourcentage de logements sociaux et abordables dans leurs immeubles.

Vous les invitez à grand renfort de congé de taxes de 5 ans, acceptez de leur vendre un stationnement public alors que vous venez à peine de répondre aux demandes des commerçant.e.s qui étouffent au centre-ville faute de places pour leur clientèle et leurs travailleur.euse.

Ces mêmes commerçant.e.s qui vous ont exhorté de ne pas mettre d’horodateurs au centre-ville, et de ne pas les abandonner au profit du haut de la Ville et de la nouvelle concentration économique que vous y avez encouragée.

Et maintenant, ce serait à nous, pauvres citoyen.nes résident.e.s au centre-ville de lever les pattes pour vous permettre de revitaliser le quartier ?

Ce serait de notre faute, si le quartier se meurt ?

Je trouve que c’est nous faire porter une charge qui est vraiment lourde, et qui n’est pas tellement humaine.

Enfin, vous avez aussi dit que vous auriez aimé avoir des téléphones des cabinets de ministres.

Mais pourquoi ne les appelez-vous pas, vous ? Lorsque survient un temps de crise, c’est aussi un moment politique à saisir. Il pourrait peut-être être possible que vous en profitiez pour demander à la Ministre des affaires municipales que soit révisés les montants qui sont versés aux municipalités : les municipalités se sont vues pelleter de grandes responsabilités suite à l’adoption du projet de loi 122, sans nécessairement avoir les ressources financières correspondantes.

Il y a là une sacrée belle occasion pour faire la démonstration à nos élu.e.s de l’Assemblée nationale que ça ne va pas du tout pour les municipalités qui sont rendues à de telles extrémités, devoir gentrifier à tout prix et devoir compter sur les promoteurs privés pour s’occuper du développement urbain de leur territoire.

Peut-être que si vous arrivez à négocier votre juste part municipale des recettes de notre gouvernement provincial vous aurez davantage de ressources à mettre au service de la communauté.

Et nous pourrons enfin toutes et tous dormir en paix.