Chronique

E.T. Corset et autres nuisances…

Image du portfolio

Les vieux immeubles sont de trop dans le paysage urbain. Ils sont encombrants. Ils nuisent au développement. À la place, on devrait construire du neuf. Ou encore, faire un beau stationnement. Ça manque.

Cette mentalité n'est pas seulement celle de promoteurs peu soucieux de l'Histoire, mais il semble bien que certains élus la partagent.

E.T. Corset ( photo : Nelson Dion) La controverse engendrée par l'éventuelle démolition de l'ancienne usine E.T. Corset rappelle des souvenirs. Il y a eu bien sûr la récente destruction de la Goodyear, mais auparavant des citoyens s'étaient également élevés contre l'éradication de la maison patrimoniale de l'ancien maire Casimir Dessaulles. Ce ne sont que deux exemples parmi d'autres.

Le pattern demeure le même. On écrit des lettres ouvertes. On signe des pétitions. On intervient à la séance du conseil municipal.

Le conseil regarde ça et dit : « Nous allons étudier votre demande ». Puis un beau matin (très très tôt d'habitude), les démolisseurs s'amènent avec leur pic. Dossier clos!

Évidemment, on trouve toutes sortes de bonnes raisons. « Une partie du toit s'était dégradée, l'eau coulait à l'intérieur. Nous n'avions pas le choix, question de sécurité ». Sauf qu'on n'avait rien fait pour préserver le site. Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage.

Tout bâtiment ne mérite pas d'être conservé, j'en conviens. Et je ne voudrais pas être le seul juge qui déciderait de sa vie ou de sa mort. Comme Maskoutain de souche, c'est évident que j'ai un attachement particulier pour certains lieux, certaines maisons, certaines industries qui ont une signification pour moi.

Prenez par exemple. Mon père a travaillé toute sa vie pour la Volcano. La compagnie a cessé ses opérations depuis plusieurs années, mais la bâtisse a été transformée, elle a trouvé une nouvelle vocation. Je passe devant et ça me rappelle encore des souvenirs.

J'imagine que pour la E.T. Corset, c'est la même chose. Les enfants et les petits-enfants de ceux et celles qui y ont travaillé doivent avoir un petit pincement au cœur à l'idée que la bâtisse va disparaître.

Ce ne sont que des considérations émotives, irrationnelles dirons-nous. Mais qui pourrait avoir un jugement éclairé, neutre, sur ce type de décision?

Actuellement – et depuis plusieurs années -, la ville de Saint-Hyacinthe s'en remet à son « comité de démolition ». Je n'ai rien contre les deux ou trois élus municipaux qui en font partie, mais je me permets de mettre en doute leurs compétences en la matière.

Il me semble qu'il serait beaucoup plus avisé de se tourner vers des spécialistes en histoire et en architecture pour avoir un éclairage professionnel sur la valeur physique et patrimoniale d'un édifice. Mais il faudrait, évidemment, que le spécialiste en architecture ne soit lié d'aucune façon à des projets futurs de la ville ou qu'il (ou elle) ait des intérêts personnels dans l'affaire. Un architecte à la retraite, peut-être?

Comme ça, lorsqu'une décision serait prise, on pourrait bien l'expliquer à la population. On s'éviterait ainsi le genre de scénario d'affrontement que l'on vit à chaque fois qu'une telle situation se présente.