Chronique

Saint-Hyacinthe la cheap

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J’ai aussi pensé intituler cette chronique ‘’Saint-Hyacinthe la suffisante’’ afin de faire un malicieux clin d’œil à cette campagne publicitaire qui a coûté un bras à la Ville et pour illustrer le mépris que celle-ci vient de démontrer aux organismes communautaires de la région.

En effet, la ville de Saint-Hyacinthe vient de refuser d’abolir la taxe compensatoire au terme d’une démarche menée auprès de cette dernière par nous, organismes communautaires autonomes, représentés par la Corporation de développement communautaire des maskoutains (CDC).  Nous oeuvrons depuis 40 ans sur le sol maskoutain afin d’aider les personnes les plus vulnérables de notre communauté, femmes, enfants, adultes aux prises avec des problèmes de santé mentale. Nous constituons la première ligne du filet social qui permet de manger à sa faim et de grandir en dignité.  Nous sommes également un employeur important de la Ville, avec les plus de 50 organismes membres de la CDC, dont les 13 organismes propriétaires touchés par cette décision de la Ville. 

Dans une lettre adressée à la CDC et envoyée en copie conforme aux organismes communautaires concernés, la ville de Saint-Hyacinthe présente les motifs du refus allant de ‘’l’équité envers les propriétaires fonciers’’ au fait que la Ville, dans sa grande mansuétude et suffisante générosité, aide déjà amplement les organismes communautaires.

Alors, la Ville qui prêche l’équité nous remet ainsi en pleine face qu’elle décide, au gré de ses humeurs fiscales et budgétaires, de financer les organismes communautaires comme bon lui semble en enveloppes discrétionnaires.

Allo l’équité.

En plus d’être insultant, c’est complètement contraire à l’esprit de la démarche conjointe entreprise par les 13 organismes communautaires autonomes et leur CDC qui souhaitaient que cette taxe compensatoire soit abolie pour chacun d'entre eux. C’est ni plus ni moins inviter les organismes communautaires à se voir comme des compétiteurs plutôt que des collaborateurs. C’est faire en sorte que ceux  qui reçoivent déjà une aide financière de la Ville se sentent cheap de cette aide, alors que ceux qui n’en reçoivent pas se sentent lésés par les premiers.

C’est ‘’suffisamment cheap’’, ça, pour que j’en fasse le titre de ma chronique. D’autant que la très grande majorité des villes de la Montérégie ont déjà aboli ces taxes compensatoires depuis belle lurette : Longueuil, Granby, Saint-Constant, Cowansville, Sorel et j’en passe. Non seulement est-ce une aide très précieuse pour boucler le budget des organismes communautaires déjà sous-financés, mais c’est aussi une réelle reconnaissance du travail fait par ce secteur important d’activités. À l’heure où sonnent les coupes budgétaires des paliers provinciaux et fédéraux, où pensez-vous que se pointeront les travailleurs tombés au chômage et les personnes affamées n’arrivant plus à boucler leur budget pour manger ?

Chez nous, bien sûr. Peut-être que nous devrions toutes les référer à la Ville, finalement. Ça aiderait le conseil municipal et le maire à se faire une meilleure idée du travail que nous faisons quotidiennement.

Ça mettrait peut-être la ville de Saint-Hyacinthe dans l’eau chaude. Ça ferait changement du Ice Bucket Challenge relevé par notre maire dernièrement.

L’heure du spectacle est passée.  Il est plus que temps que la Ville se mouille ‘’équitablement’’ pour les enjeux réels qui touchent quotidiennement ses citoyens et citoyennes les plus démunies du territoire.