Françoise Pelletier
Sous le radar
J’ai appris qu’on passait ‘’Sous le radar’’ à l’émission les Coulisses du pouvoir à RDI ce dimanche 28 février 2016. En attendant la petite minute qui sera consacrée aux organismes communautaires, j’ai le temps de voir passer à peu près quarante-cinq fois en bas de l’écran en téléscripteur de nouvelles : ‘’La ministre de la Condition féminine, Lise Thériault, ne se considère pas féministe.’’
Enfin, on arrive au segment ‘’Sous le radar’’ : la journaliste Marie-Hélène Tremblay présente bien justement la situation des organismes communautaires au Québec : ‘’Des groupes communautaires ont tenté sans trop de succès, et ce malgré de multiples essais, de passer leur message urgent avant le prochain budget, à savoir que les besoins sont de plus en plus nombreux ( 2500 demandes de plus pour des paniers alimentaires pour la seule région de la Mauricie). Les organismes se disent victimes des compressions du Gouvernement Couillard et plus de la moitié des 3000 groupes auraient dû couper des services faute de financement adéquat, en plus de vivre de grandes difficultés de recrutement étant donné qu’ils ne peuvent offrir des conditions décentes d’emplois.’’
Ce qui a encore été échappé et qui aurait pu être dit, aussi, c’est que nous sommes 85 % de femmes qui travaillons dans les organismes communautaires autonomes du Québec, et nous sommes au nombre de 20 000 environ. Tout ce beau monde agissant en première ligne, en prévention et à la construction du filet social québécois, travaillant à pied d’œuvre auprès des plus vulnérables de la société, personnes handicapées, en santé mentale, en défense de droits, etc.
Et pendant que je me dis ça, évidemment, je revois passer ‘’La ministre de la Condition féminine, Lise Thériault, ne se considère pas féministe.’’
Fantasme non réalisé de vol plané de télé tombant du deuxième étage. Non, mais qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Ou comment ajouter l’injure à l’insulte, peut-être ?
Si nous sommes passé.e.s ‘’sous le radar’’, comme l’a très bien rapporté la journaliste des Coulisses du pouvoir, c’est aussi parce que nous sommes quantités négligeables malgré notre grand nombre, étant surtout des femmes, avec de pauvres emplois. Pendant que nous étions dans la ‘’hot room’’ et que seule une caméra nous regardait, il y avait les employés d’Avéos, des hommes en majorité, syndiqués, qui étaient sous les kodaks. Lorsque nous sommes monté.e.s au salon bleu pour assister à la période de questions où nous espérions voir l’opposition intervenir en notre faveur auprès du gouvernement Couillard, même scénario. Nous étions assis.e.s juste à côté des employés d’Avéos, qui ont eu droit à maintes interventions et même à des beaux beubayes. Mais pour les petites travailleuses et travailleurs communautaires, ben, qu’elles fassent comme elles font toujours : qu’elles se lichent.
Alors, que la ministre de la Condition féminine continue de ne pas se considérer féministe, c’est tout aussi bien comme ça. Parce qu’autrement, elle mangerait des maudites claques, la ministre, pour juste en porter le nom avec un tel gouvernement et les partis d’opposition, aussi méprisant des femmes. Et peut-être alors tomberait-elle malade, et aurait-elle besoin d’aide en santé mentale, de reprendre confiance en elle-même dans un centre de femmes ou encore pour faire reconnaitre ses droits pour obtenir de l’assurance-chômage.
Et elle ne pourrait pas, étant donné que ces services seront probablement coupés ou complètement débordés.
Re: Sous le radar
Je partage votre indignation. 20 000 femmes qui travaillent au redressement du déficit sociologique et humain du Québec que ce gouvernement s’évertue à couler.
Re: Sous le radar
J’étais avec Françoise dans le hot room et au salon bleu de l’Assemblée nationales. Je n’ai pas fait le lien dont Françoise parle. Elle a bien raison. Si nous avions plus de données, il se pourrait que les pertes d’emploi dans le communautaire soit aussi, sinon plus, importante que chez Alvéos. Ceci dit, toute perte d’emploi est un drame pour celle et celui qui le subit. Merci pour cette sensibilisation à faire une analyse sur les impacts selon le sexe.
Une brique entre deux épaisseurs de mortier
Je partage ton désespoir. Tu connais ma position sur les mass médias; ce sont des corporations dont l’objectif est de relayer les communiqués de presse des autres corporations et des partis qui partagent la vision des corporations. Le reste fait office (certains diraient orifice) de bouche-trou. C’est la raison pour laquelle, systématiquement, nous entendons parler des « grosses affaires » à la télé et dans les journaux. Le problème c’est que le sort de la population est rarement une « grosse affaire », à moins que ce soit un scandale et ça fasse vendre des feuilles de chou. Bref, les mass médias sont surtout là pour empêcher tout changement social significatif; ils se limitent souvent à promouvoir la guignolée au lieu de partager l’indignation citoyenne. Wow. L’indignation. Ils attendent que le ‘cheuf’ s’indigne avant d’en parler.
ET DONC … si j’ai bien compris tu as visité Québec? Je suis désolé de ton accueil. Tu ne fais pas partie des sujets médiatisés de l’heure et les gros partis sont tous convaincus qu’il faut arranger l’économie EN PREMIER. Et pour arranger l’économie on fait quoi? On taxe les citoyens et on coupe les services. S’agit juste de déguiser ça en geste héroïque. Manque juste la statue. Couillard affrontant bravement l’hydre; les femmes à l’arrière jouant le rôle de meneuses de claques et de pleureuses. C’est du vaudeville qui ne le sait pas.
Couillard et les dinosaures (c) vous a d’ailleurs vu arriver avec votre message pas cool : il y a des femmes au salon bleu qui viennent nous dire comment l’économie ne marche pas pour les moins nantis. Hum. La plèbe qui vient nous dire comment gérer NOTRE gouvernement. Y’on pas quelque chose d’important à faire comme de la popote? Le tout avec sourire au visage et belles paroles au vent. TABARN…!!//!%!/ Bonjour madame, bienvenue à « Sous le radar » où il nous reste 5 belles minutes à consacrer à votre histoire qui nous intéresse « bin gros »!
Ça ne prend pas la tête à Papineau pour voir que, sauf une poignée de députés à qui on donne quelques minutes par mois de micro pour calmer ceux qui espèrent toujours réformer la pantente, on se trouve devant un mur. Il n’est pas acceptable pour des femmes de se promener en seins nus pour briser l’omerta mais MAUDIT QUE LES POLITICIENS ONT RIEN À CIRER de femmes qui se démènent pour sauver le monde. Et pourtant. Faut pas lâcher. Première fissure dans le mur faites comme l’eau; infiltrez vous et prenez de l’expansion quand ça gèle LOL 😉
J’ai pour mon dire que le mur physique qui isole la Palestine du reste du monde ressemble drôlement au mur politique qui isole les citoyens des leviers du pouvoir. À ce point là, une ministre peut ben être féministe, ça ne change rien quand sa job c’est d’être une brique entre deux épaisseurs de mortier. Il paraît qu’il n’y a plus de budget pour mettre des portes et des fenêtres.
Câlins de Prévost!
Re: Sous le radar
Pour le milieu communautaire (défense des droits, éducation populaire et santé et services sociaux) c’est 87.9 % de femmes qui y travaillent. Ces femmes gagnent 25 000$ par année en moyenne. La rémunération des hommes atteint 33 000$ par année en moyenne.
Équité salariale? Posez la question, c’est y répondre.
Il est grand temps que les choses changent car le sous-financement chronique des organismes pourraient venir détériorer les fragiles conditions de vie de l’ensemble des travailleurs du communautaires et plus particulièrement celles des femmes.